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Editorial

Tous ensemble, quand ?

dimanche 29 septembre 2013

Il pleut des sales mesures contre les classes populaires, en cette rentrée grisaille : une réforme des retraites qui va amputer le niveau de vie alors que l’augmentation des salaires et pensions est urgente ; encore et toujours des annonces de licenciements qui grossissent la masse des chômeurs ; l’introduction, entreprise par entreprise, d’accords compétitivité qui vont arrondir le magot des patrons, en réduisant les salaires et les congés – sur fond de chantage à l’emploi auquel des syndicats encouragent à céder. Sans compter les augmentations d’impôts, tandis que l’argent public déserte les services publics.

Les travailleurs s’appauvrissent. Les grands du patronat s’enrichissent. Certes des enseignes s’achètent et se rachètent, fusionnent voire se dévorent, mais ni les actionnaires du CAC 40 ni les grosses fortunes ne pâtissent de la crise. Seules les classes populaires paient la note. C’est ça, le capitalisme.

Rien d’étonnant si la cote de Hollande baisse encore, si son électorat – même le mieux attentionné – se demande où sont les mesures de gauche. Juste un « mariage pour tous » qui n’a fait figure d’audace que parce qu’une partie de la France profonde et catholique s’est déhanchée dans la rue, excitée à des fins politiciennes par la droite et l’extrême droite. Les centrales syndicales quant à elles n’ont pas eu le nerf de proposer aux travailleurs – du public et du privé, retraités, chômeurs et leur jeunesse – un programme et un plan de lutte d’ensemble ! Leurs dirigeants ne veulent pas mettre la moindre brindille dans les roues du gouvernement.

La gauche, la droite et l’extrême droite, sont d’ailleurs essentiellement polarisées par les élections municipales et européennes de 2014, premier test depuis l’élection de Hollande : jusqu’où la gauche va-t-elle payer le discrédit de sa politique, et au profit de qui ?

Les municipales surtout inquiètent, car il en va de la conservation des mairies. Les socialistes ne veulent pas laisser Paris à la droite, ni la droite laisser Marseille à la gauche ! Le Front de gauche lui-même est le lieu de turbulences. Mélenchon reproche au Parti communiste de s’acoquiner avec les socialistes, en faisant fi d’une campagne du FdG au premier tour. Le PC se soucie effectivement de ne pas perdre encore de mairies. Des tactiques s’affrontent, car sur le fond politique, Mélenchon continue de se revendiquer de la gauche (celle qui gouverne contre les travailleurs) et propose seulement que les voix du FdG n’aillent pas au PS… dès le premier tour. Seulement au deuxième ! Qu’ainsi davantage de voix déçues de la gauche soient gardées au bercail !

Et la campagne bat son plein sur le terrain de la démagogie xénophobe et sécuritaire. Claironner ou insinuer que les immigrés, dont les Roms, vous menacent ou prennent votre boulot, ou que leurs gosses condamnés aux ghettos vous font les poches, voire justifier qu’ils se fassent flinguer à bout portant par un flic ou un bijoutier, est évidemment plus facile que de dénoncer et combattre les voleurs en grand que sont les gros trusts et l’État à leur service. Que ce soit Valls, Copé ou Fillon pris soudain de sentiments pour Le Pen, ou Marine Le Pen elle-même, tous font de la surenchère dans ce registre abject.

Hollande ajoute au tableau avec ses rodomontades guerrières… prétendument ovationné au Mali, mais beaucoup moins félicité par ses envies de frappes en Syrie.

Décidément, si des millions de travailleurs s’y mettaient, et se dressaient tous ensemble contre les responsables de leur misère grandissante, pour défendre leurs emplois, leurs salaires et retraites, mais aussi la solidarité ouvrière par delà les nationalités et les couleurs de peau, un printemps serait possible même en automne.

Le 23 septembre 2013

Mots-clés Politique