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Rien n’est terminé (Bulletin L’Etincelle du 21 mai 2013)

lundi 17 juin 2013

Mardi 21 mai, c’était, en principe, le jour de « reprise du travail » des grévistes d’Aulnay suite au protocole d’accord de fin de grève. Mais (voir notre article « Après la suspension de la grève… de nouveaux rebondissements ») une situation imprévue attendait la direction. Décidément, le texte du bulletin l’Étincelle, intitulé « Rien n’est terminé » (ci-dessous) et diffusé au petit matin et à la fin de l’équipe, se révélait prémonitoire…


Rien n’est terminé

Le protocole de fin de grève qui vient d’être signé n’annonce pas la fin de notre mobilisation, bien au contraire. C’est un premier round. Bien des rebondissements peuvent survenir d’ici 2014.

En nous opposant pendant quatre mois au plan de fermeture de la direction, nous avons non seulement relevé la tête mais mené une grève déterminée qui a eu des échos dans tout le pays. Une grève populaire, comme l’ont montré les 800 000 euros collectés par solidarité. Une grève qui a fait chaud au cœur de dizaines de milliers de travailleurs qui avaient les yeux tournés vers nous et qui a inquiété le patronat et le gouvernement qui le soutient.

L’accord signé vendredi dernier écarte toute sanction contre les militants de la grève : l’amnistie sociale, que le gouvernement se refuse à faire passer dans la loi, nous l’avons obtenue dans les faits, par notre lutte ! Ne serait-ce que cet acquis, même limité, fait que nous avons pu suspendre la grève la tête haute tout en gardant notre détermination pour la suite.

Car l’accord, bien entendu, ne règle rien sur le fond : pendant les mois à venir, ceux qui pendant quatre mois ont fait face aux « pots de fleurs » et mené toutes les actions que l’on connaît vont continuer à se mobiliser et pourront être rejoints par tous ceux qui n’ont peut-être pas encore fait grève mais qui se sentent aujourd’hui trahis par la direction. PSA n’est pas à l’abri de nouveaux coups de colère !

Faire cause commune

Il y a la situation à Aulnay mais aussi dans le reste du groupe PSA avec les accords dits de compétitivité (« de performance » dans le groupe), les suppressions de postes et les pressions aux départs prétendument volontaires. Il faudra de nouvelles ripostes.

Et pas seulement à PSA.

Dans tout le pays, les entreprises continuent de fermer, les licenciements de tomber. Nous ne devons pas nous résigner à ce que les ripostes s’épuisent les unes après les autres. Nos quatre mois de grève et la popularité que notre mouvement a suscitée nous ont donné une sacrée expérience. Nous avons su nous préparer pendant des mois avant la grève ; nous avons su fédérer les plus déterminés d’une UEP (Unité élémentaire de production) à une autre puis partir en grève en élaborant et prenant nos décisions en comité de grève et en assemblées générales, tout en organisant les actions à l’extérieur de l’usine.

Nous avons vécu l’accueil extrêmement chaleureux des autres salariés lors de nos visites à Saint-Ouen, à Flins, à Cléon, au Fret de Roissy, à Geodis, Lear et ailleurs. Bien des liens peuvent être tissés et structurés. Il nous faut donc envisager la suite.

L’expérience que nous avons acquise nous donne le savoir-faire et la légitimité de poser des jalons pour les luttes à venir, et pas seulement à PSA. De la même façon que nous avons su coordonner les minorités combatives des différents ateliers à l’intérieur de l’usine, nous pouvons avoir le cran de le faire à l’extérieur, en cherchant à coordonner les efforts de tous ceux qui se sont affrontés, ces derniers mois, comme ils l’ont pu, à leur patron comme de tous ceux qui le feront dans l’avenir.

La grève générale, celle qui changera le rapport des forces et fera reculer le patronat, n’arrivera pas comme par miracle. Il faudra que les travailleurs qui ont été aux avant-postes de la lutte, comme à Aulnay (mais aussi, même sous d’autres formes, à Sanofi, Candia, Arcelor, DMI, Freescale, Ford et ailleurs), veuillent en être le fer de lance en en suscitant les étapes préalables.

Oui, il s’agira de mettre sur pied, avec d’autres travailleurs qui se battent contre leur patron, des tremplins permettant la coordination de ces luttes (souvent très localisées et invisibles à l’échelle nationale), permettant à terme leur convergence, leur extension et au bout du compte leur généralisation. Bref, il s’agit désormais de donner une perspective à tous ceux qui, pour le moment, se sentent isolés et le dos au mur.

Il s’agira donc, quel que soit le nom qu’on lui donne, d’envisager de mettre en place un comité des luttes et des mobilisations avec tous ceux qui ont les mêmes problèmes que nous, avec tous ceux qui ont engagé des ripostes contre les licenciements, qu’il s’agisse de rassemblements, d’actions en justice, de manifestations, de débrayages ou de grèves plus ou moins longues. Car il y a grande une attente chez les travailleurs de ce pays, abandonnés par les confédés.

Oui, à nous de faire cause commune et de nous en donner les moyens. C’est possible et c’est nécessaire. La répartition du travail entre tous et l’interdiction des licenciements ne seront possibles que si une partie notre classe sociale se coordonne pour donner cette perspective de convergence des luttes.

21 mai 2013, Bulletin Étincelle de PSA Aulnay

Mots-clés Entreprises , PSA