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La réforme en Allemagne : Kohl l’avait rêvée, Schröder l’a osée

dimanche 1er avril 2001

En février, le premier volet de la réforme des retraites est passé au Bundesrat, qui doit entériner les lois qui touchent à la législation ou aux finances des Länder. Tous les politiciens de la coalition gouvernementale comme de l’opposition CDU/CSU, sont tombés fondamentalement d’accord sur la réduction des pensions légales, des milliards d’épargne pour le patronat, l’introduction d’un système de capitalisation, aidé par l’Etat, au profit des compagnies d’assurances et des banques.

Jusqu’alors, les retraites basées sur un système de répartition étaient financées par des caisses alimentées pour moitié par les travailleurs, pour moitié par les patrons — avec un apport non négligeable de l’Etat de 100 milliards de DM sur 400 milliards. Ces caisses assuraient une retraite d’environ 70 % du salaire moyen, à 65 ans pour les hommes ou 60 ans pour les femmes. Invoquant la démographie (en 2040, l’Allemagne compterait 1/3 de plus de 65 ans, et 2/3 de 15 à 65 ans), mais omettant de souligner la responsabilité du chômage qui persiste et des salaires qui stagnent, les milieux bourgeois ont donc menacé d’une hausse des cotisations, qui passeraient de 19,1 % du salaire brut aujourd’hui à 24 % et plus dans 40 ans. La réforme est destinée à faire payer aux travailleurs ce que ne veulent pas payer les patrons, sous prétexte que le « coût du travail » serait exorbitant.

Premier volet de la réforme

Les pensions du régime général vont nettement diminuer à partir de 2011. Elles seront ramenées de 70,7 % actuellement à 67,9 % en 2030. Chiffre trompeur. Le ministre du travail Riester triche en fait sur le salaire qui sert de base au calcul. A partir de 2011, le salaire de référence ne sera plus un salaire moyen mais le salaire brut « diminué des efforts de cotisation et de capitalisation » (la retraite privée, dont nous parlons plus loin, contribuera à sa façon à la baisse de la retraite légale !). En clair les pensions ne représenteront pas 67 % du salaire de référence actuel, mais 67 % de… 90 % de ce salaire.

Sans omettre que la retraite pleine est versée à condition d’avoir cotisé 45 ans pour les hommes. La moyenne des années de cotisation n’est déjà aujourd’hui que de 37 ans et baisse avec la flexibilité du travail et les contrats précaires. Autant de moins sur le montant de la retraite. Si l’on en croit un politicien conservateur, Geisler, la retraite n’atteindra bientôt que 53 % du salaire !

Deuxième volet de la réforme

Les travailleurs seront incités, aides de l’Etat à l’appui, à verser progressivement jusqu’à 4 % de leur salaire à une caisse privée de capitalisation. Pas obligatoire, dit-on, et il est possible que les plus pauvres renonceront à se payer ce complément. D’autres, par cette nouvelle épargne ouvrière à long terme, gonfleront les circuits financiers (banques, assurances ou fonds d’investissement) du grand patronat qui ne déboursera pas un pfennig.

Les directions syndicales à la rescousse du gouvernement

Il y a une osmose entre la bureaucratie syndicale et celle du parti social démocrate. Bien illustrée par le fait que l’ex-président du syndicat de la métallurgie, Riester, est devenu ministre du travail.

Les directions syndicales ont protesté en paroles contre la réforme des retraites mais ont assuré en sous main leur camarade ministre de leur soutien. En décembre, des actions de protestation et des débrayages ont eu lieu, auxquels plusieurs dizaines de milliers de travailleurs ont participé, en particulier chez Daimler-Chrysler, Volkswagen et Porsche. Mais la direction syndicale de branche n’a rien fait pour les renforcer ou les étendre. Au contraire, quelques jours après et au mépris de ceux qui avaient participé à ces actions, elle donnait son accord à la réforme. Sous prétexte d’une modification du projet consistant à prendre davantage aux retraités (qui peuvent difficilement se défendre) qu’aux travailleurs encore en activité.

Toni ROBERT

Mots-clés Allemagne , Monde , Retraites