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L’érosion silencieuse a commencé

dimanche 1er avril 2001

Le seul maintien des décisions prises depuis 1983 tend à réduire radicalement le niveau des retraites des salariés du secteur privé.

Celles-ci se composent de deux éléments distincts : la retraite de base brute qui est au maximum égale à 50% du salaire brut de référence ; la retraite complémentaire, calculée en points obtenus dans le cadre des régimes ARRCO et AGIRC, qui garantissait en 1993 une pension de 20% du salaire moyen de carrière.

Dans les années 70 le taux de remplacement net pouvait être supérieur à 70% pour la moyenne des retraités.

Les modifications du régime général

Dès 1983, il fut décidé que l’augmentation des retraites du régime général ne serait plus indexée sur le salaire brut moyen, mais sur les prix (indice INSEE moins le tabac). Depuis, les retraites n’ont cessé de prendre du retard. A titre d’exemple, entre 1990 et 1998, le salaire brut moyen a progressé de 24%, les prix hors tabac de 16,22%.

Dans la foulée, de 1983 à 1991, les retraites ont été soumises au paiement d’une cotisation maladie, puis de la CSG et d’une cotisation retraite complémentaire (soit un total de 7,8 % de prélèvement).

En 1991, le gouvernement Rocard avait commandé un Livre blanc sur les retraites. Ce fut le gouvernement Balladur qui, dans l’indifférence générale des syndicats, en appliqua les principales propositions par la loi du 22 juillet 1993 : passage progressif de 150 à 160 trimestres pour la retraite de base à taux plein, calcul du salaire moyen de référence sur les 25 meilleures années au lieu des 10. Fut aussi pérennisée l’indexation des retraites sur les prix. Ces mesures prendront leur plein effet en 2008 et le gouvernement Jospin s’est évidemment gardé de revenir sur cette attaque profonde (l’indexation devait légalement être rediscutée au Parlement en 1999… La gauche plurielle en a renvoyé l’examen !).

Déjà l’ensemble de ces mesures a amené à une baisse de pouvoir d’achat des retraites du régime général de 9% de 1983 à 1997 pour un retraité imposable (4,5% s’il est non imposable), ce qui revient à une baisse de 15,4% ou de 11,2% par rapport au salaire net de référence.

Les mesures Balladur vont aussi avoir un effet retard. En effet, de nombreux retraités ne bénéficient pas de leur retraite à taux plein. En effet tout salarié partant à la retraite avant 65 ans perd 1,25%, soit par trimestre manquant pour atteindre le nombre de trimestres requis, soit par trimestre qui le sépare de 65 ans…La double peine en quelque sorte.

Le calcul du salaire de référence sur les 25 meilleures annuités aura aussi un effet radical sur le salaire de référence pour les travailleurs ayant eu de nombreux salaires inférieurs au plafond Sécu.

Les attaques contre les retraites complémentaires

A partir de 1993, si le taux de cotisation sur les salaires a augmenté (il est passé de 4% à 6% pour l’ARRCO et de 10% à 16% pour l’AGIRC entre 94 et 99), la valeur du point a été soit bloquée soit augmentée très faiblement, amenant une baisse du pouvoir d’achat des pensions de 10,4% de 1983 à 1997 pour l’ARRCO et de 14,4% pour l’AGIRC. Il a été décidé depuis 1996 que la valeur du point évoluerait comme le salaire moyen moins 1%…Le but avoué du patronat était de diminuer le montant des pensions pour favoriser le recours aux fonds de pension. Toutes ces mesures ont été cautionnées par toutes les confédérations syndicales à l’exception de la CGT.

La bataille pour la Sécu ne se résume donc pas à la défense de « la retraite à 60 ans ». Il faut mettre en avant une série d’exigences qui, en revenant sur les mesures Balladur et les accords ARRCO/AGIRC de 1996, permettent la restauration et le maintien du pouvoir d’achat des salariés.

Laurent CARASSO

Mots-clés Politique , Retraites