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La Poste (Paris 10) : Faire tenir les syndicats et céder la direction

dimanche 1er avril 2001

Au centre de distribution du courrier de Paris 10 le trafic ne cesse d’augmenter et les effectifs de baisser. De plus, les fonctionnaires partant en mutation ou en retraite sont de plus en plus souvent remplacés par des agents contractuels qui n’ont ni le même salaire, ni les mêmes conditions de travail. Après plusieurs journées d’action les deux syndicats majoritaires CGT et SUD déposaient un préavis de grève illimité à compter du lundi 29 janvier pour réclamer des effectifs supplémentaires et surtout de nouvelles positions de travail, appelées « quartiers » dans le jargon des facteurs. Pendant 2 semaines entre 50 et 60% des 200 facteurs allaient cesser le travail.

Les syndicats avaient lancé le mouvement. Mais l’organisation de la grève, à plus forte raison son extension éventuelle n’étaient pas leur préoccupation. Eux étaient accaparés par la négociation avec la direction. La tâche de s’adresser aux postiers des arrondissements voisins ou aux usagers de l’arrondissement, d’animer les assemblées générales, voire de mettre en place un comité de grève pour impulser fut donc laissée à la base. Pas entravée mais pas encouragée non plus.

Les initiatives de la base

Heureusement dans cette base, en majorité très jeune, quelques éléments dynamiques et radicaux s’y attelèrent et des initiatives diverses eurent lieu durant la première semaine : visites groupées (jusqu’à 120 d’entre nous à Paris 9) des centres voisins, tracts dans les immeubles du quartier, participation importante à la manifestation des fonctionnaires, bref tout ce qui pouvait populariser auprès des postiers comme de l’extérieur l’idée que nos problèmes sont les mêmes et que notre lutte serait d’autant plus efficace qu’elle recueillerait leur soutien sinon leur participation active.

Dès le début de la seconde semaine de grève l’appel des syndicats à poursuivre le mouvement se faisait plus mou. Raison ? La direction lâchait quelques miettes (quelques effectifs supplémentaires, mais toujours pas de nouvelles positions de travail). Or une chose au moins était ancrée dans l’esprit des grévistes : ils voulaient des effectifs supplémentaires mais définitifs c’est-à-dire garantis par des positions de travail, des « quartiers ».

Les initiatives parties de la base au cours de la première semaine n’avaient pas étendu le mouvement, pas mis en place un réel comité de grève représentatif, mais soudé un noyau dans cette base qui a pu peser sur les syndicats. La CGT et SUD ont décidé de changer leur fusil d’épaule, de crainte que la grève continue sans eux. Le jeudi 8 février, ils ont appelé au blocage du bureau. L’on a vu alors les non grévistes rallier la grève, ou au moins accepter le blocage et cesser le travail sans y être forcés. 100% de grévistes, voilà avec quoi la direction se retrouvait après une semaine et demie de grève.

Elle cédait le lundi 12 février, non sans une ultime manœuvre proposant d’organiser un vote sur ses propositions, qui se retourna contre elle puisque 166 postiers, 88 % des votants, donc une bonne partie des « non-grévistes » les ont repoussées. Elle consentait finalement 23 emplois supplémentaires dont 10 fonctionnaires et 13 CDI, et surtout trois nouveaux quartiers (sans compter 13 jours de grève payés sur 17).

Un succès donc en terme de revendications, mais aussi en terme d’organisation des grévistes eux-mêmes. Ils n’ont pas mis sur pied une direction de la grève contrôlée entièrement par eux, ils n’ont étendu leur mouvement qu’à leur propre centre (mais ce n’est déjà pas si mal), mais tous les efforts faits en ce sens ont quand même empêché les syndicats de reculer et fait céder la direction.

Le 12 Mars 2001, Jerry Romieux

Mots-clés Entreprises , La Poste