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Paroles d’agents de services hospitaliers (ASH)

mercredi 28 novembre 2012

Les ASH, agents de services hospitaliers, exercent une profession indispensable à l’hôpital mais méconnue du grand public. Ils assurent l’entretien des locaux et des chambres des patients, la distribution des repas, les courses à travers les locaux, parfois le transport des patients, les commandes... autant de tâches essentielles au bon fonctionnement des services.

Au contact des patients, ils sont souvent l’oreille attentive qui recueille les demandes des malades, les pleurs et la souffrance.

Aux HCL travaillent environ 850 agents de services. En début de carrière, un agent de services est payé au smic, 1 118 euros net. Soit 230 euros de moins que les 1 350 euros (qui ne sont déjà pas la panacée) des aides-soignants diplômés (les ASD) dont ils effectuent souvent le travail en raison des glissements de tâches engendrés par le manque de personnel.



La journée de Flora, ASH



Je dois avoir fini à 11 h 50 afin de commencer à servir le repas de midi. Même topo que pour le petit-déjeuner ! je me renseigne sur les patients qui ont des examens, qui n’ont pas droit au sucre, etc.

Après ma pause, je dois débarrasser et descendre le chariot repas au rez-de-chaussée avant 14 heures afin que les plateaux retournent en cuisine. De 14 heures à 14 h 30, je participe à la relève. Je transmets aux soignants les informations que j’ai recueillies auprès des patients : lesquels ont mangé, lesquels n’ont pas touché à leur repas.

D’autant plus que je suis souvent interrompue dans mon travail au cours de la journée. Car, quelle que soit ma tâche en cours, les patients ont souvent des demandes quand je rentre dans leur chambre, et c’est bien compréhensible. Nous avons un vrai rôle de transmission entre les malades et les soignants.


Interview


Faire le ménage dans un hôpital, dans des chambres où il y a des patients, ce n’est pas la même chose que dans une entreprise. Il y a des gestes techniques liés aux risques de contamination à maîtriser. Et il y a beaucoup de tâches que nous accomplissons aujourd’hui qui retomberont sur les aides-soignants. Cela va sensiblement accroître leur charge de travail.

En théorie, tous les agents de services hospitaliers doivent avoir une formation en bio-nettoyage. En théorie seulement car les agents qui ont des contrats à la journée ne sont bien évidemment jamais formés. Sinon il y a des formations en interne d’hygiène, de sécurité incendie, sur les gestes d’hygiène. Globalement, la formation des agents de services hospitaliers dépend beaucoup des parcours individuels. Moi, par exemple, j’ai appris sur le tas quand j’ai commencé à travailler, dans une maison de retraite.

Parfois, on fait des formations pour faire évoluer sa carrière, mais aucun poste ne nous est attribué à l’issue de cette formation. La formation et l’évolution de carrière sont des droits. Les cadres de direction devraient les respecter. Ce qu’ils font rarement.

Oui. En plus des tâches habituelles, le week-end, comme il y a moins d’aides-soignants, j’effectue aussi des soins : je change les patients, je fais des soins de prévention escarres, des soins de bouche, je prends les constantes. Je fais même du brancardage. Les cadres du service m’avaient demandé si cela me dérangeait quand ils m’ont embauchée. J’ai répondu que non. Évidemment, nous n’avons ni le salaire, ni la formation qui vont avec.

Oui c’est difficile car on travaille toujours à flux tendu. Les cadres changent nos roulements au dernier moment pour remplacer des collègues. On a parfois l’impression de n’être que des numéros ou des matricules interchangeables et que c’est normal de devoir s’organiser à la dernière minute. Et encore, je n’ai pas d’enfant. Nos RTT sont supprimées. Pour poser des jours de congés, c’est la croix et la bannière. Il est très difficile d’obtenir de jours de repos groupés. On ne peut pas se reposer vraiment quand on n’a qu’un jour par-ci par là.

Globalement, une détérioration de l’offre de soins et des agents de plus en plus stressés. La direction ne cesse d’augmenter la pression. Dans ce service, je fais peu d’heures supplémentaires mais dans celui d’avant j’en faisais. Les aides-soignantes et les infirmières en font énormément. Or, on ne peut pas être aussi attentif et ne pas commettre d’erreur quand, la veille, on est sorti à minuit de l’hôpital parce qu’il manque du personnel.

Je suis déçue que le mouvement se soit essoufflé car je pense vraiment qu’il faut que les choses changent à l’hôpital.

Il faudrait que l’hôpital cesse de fonctionner avec un tel sous-effectif. Et pour obtenir cela, il faudrait un gros mouvement de tous les agents hospitaliers.

Propos recueillis par Nicky PROMAK et Fatou KAMARA

Mots-clés Entreprises , Hôpital
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