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Les élections américaines : aucun enjeu pour la classe ouvrière !

samedi 19 mai 2012

Le démocrate Barack Obama contre le républicain Mitt Romney : la compétition présidentielle se résume une fois de plus au choix entre deux candidats qui représentent les intérêts de la bourgeoisie. Deux candidats qui jouent suivant les mêmes règles : récolter le maximum d’argent pour pouvoir dire, non ce qu’ils pensent... mais ce qu’ils pensent leur apporter le plus grand nombre de suffrages.

En toile de fond, l’offensive contre la population

C’est la première élection présidentielle depuis le début de la crise économique mondiale et l’offensive contre la classe ouvrière qui a suivi. Depuis 2007, environ 25 millions d’emplois ont été perdus, sans le moindre signe d’une amélioration prochaine. Parties à la chasse aux bas salaires dans les pays pauvres, beaucoup d’entreprises ont réduit leur production aux États-Unis. Et celle qui demeure est réalisée par moins de travailleurs soumis à une intensité de travail accrue – la plus importante jamais enregistrée depuis 1929 – avec une couverture santé, des pensions de retraite et des salaires réduits.

La conséquence en a été la réalisation de profits record, qui, pour les 500 plus grandes entreprises américaines, ont été aussi les plus importants depuis 1929. Leurs réserves en caisse atteignent des sommes faramineuses. En moyenne, le profit tiré de chaque travailleur n’a jamais été aussi élevé. La bourgeoisie s’est servie de cette crise pour augmenter les cadences. Et les plus grandes entreprises en ont profité pour avaler ou éliminer les plus petites, en tout cas pour sortir de cette période dans la meilleure situation depuis des décennies.

Dans cette même période, les banques ont reçu environ 12 000 milliards de dons ou de prêts pratiquement sans intérêts. Ainsi, après une décennie de guerre en Irak et en Afghanistan, le budget fédéral connaît le plus grand déficit jamais enregistré, avec une dette publique de près de 15 000 milliards de dollars. Ce déficit, imposé par la bourgeoisie, est utilisé comme prétexte pour réduire les dépenses des services sociaux à l’échelle fédérale comme à celle des États. Dans les deux cas, il s’agit de diminuer les impôts des entreprises et des plus riches, en compensant les pertes par des réductions massives dans l’éducation, la santé, les aides aux pauvres, les transports publics, etc.

En résumé, les banques, les grandes entreprises et les super riches n’ont jamais été plus riches. Et les inégalités jamais aussi grandes. Les 1 % les plus riches contrôlent plus de 38 % de la richesse du pays. Les 400 Américains les plus riches possèdent davantage que les 150 millions les plus pauvres alors que 99 % de la population ont vu leur revenu diminuer en moyenne de 17 % depuis 2007.

Des candidats choisis par le monde des affaires

Aux États-Unis, aux différents niveaux de toutes les élections, la pré-sélection des candidats est faite par l’argent, le leur ou celui qu’ils recueillent là où il y en a, c’est-à-dire au sein de la bourgeoisie. Et, dans la plupart des cas, c’est bien le candidat qui a recueilli le plus d’argent qui est élu.

Cette année sera probablement celle de l’élection la plus chère de l’histoire. C’est en effet la première élection présidentielle depuis la nouvelle loi appelée « Citoyens Unis » passée en janvier 2010. Avec le soutien de la plupart des grandes entreprises et des banques, elle avait pour but d’éliminer toute limitation dans le financement des campagnes. Celui-ci a donc augmenté de 338 % par rapport à 2006. Et, évidemment, les sommes versées pour chaque candidat ont atteint cette année de nouveaux records. Par exemple, Mitt Romney, le probable nominé pour le Parti Républicain, a levé trois ou quatre fois plus que les autres candidats de son parti dans les primaires.

Le théâtre politique d’Obama

Obama, lors de sa première campagne présidentielle, s’était fait élire sur la promesse d’incarner l’espoir et le changement. Ces quatre dernières années ont été consacrées à sauver les banques, les grandes entreprises et les riches tout en taillant dans les budgets de la santé, de l’éducation et des services sociaux pour alimenter celui des guerres.

Pourtant, cette fois encore, il promet de représenter le monde du travail. La preuve ? Le renflouement de l’industrie automobile et la reprise qui a suivi pour celle-ci. C’est cette politique qui a sauvé les entreprises du secteur, dit-il. Elle peut être appliquée dans tout le pays pour aider à la reprise de l’ensemble de l’économie. Il n’oublie qu’une chose : la seule reprise dans l’automobile a été celle des profits des compagnies.

L’industrie automobile n’a été renflouée que pour mieux enfoncer ses salariés qui ont dû consentir d’énormes sacrifices. L’administration d’Obama leur a imposé des baisses des salaires et des pensions, des conditions plus désavantageuses dans les contrats d’assurance santé, des licenciements en masse. Les nouveaux embauchés de l’automobile gagnent aujourd’hui 50 % de moins que les plus anciens aux côtés de qui ils travaillent pour le même travail. Si cette même politique était appliquée dans tout le pays, ce serait un cauchemar.

Depuis les manifestations suscitées par Occupy Wall Street à l’automne dernier, Obama se sent obligé de faire semblant de s’attaquer à l’aggravation des inégalités. Ces derniers temps il a promis d’augmenter les impôts des plus riches Américains qui sont aussi les plus riches de la planète. Leurs impôts devraient, a-t-il dit, être au même taux que ceux des travailleurs. Pas de quoi fouetter ces riches, qui devraient payer bien plus pour que l’égalité fiscale ait un semblant de réalité. Mais, même si une telle mesure était votée – ce qui est très improbable car la majorité du Congrès s’y oppose – il y a tellement de niches ou d’échappatoires fiscaux que les riches continueraient à payer proportionnellement moins d’impôts. Sans compter que, dans le même temps, Obama propose d’abaisser les impôts des entreprises de 35 % à 28 %. Abaisser les impôts pesant sur les entreprises au moment où celles-ci n’ont jamais fait autant d’argent : voilà à quoi se résume le combat d’Obama pour l’égalité fiscale !

Mitt Romney : l’ami des riches pour l’amour des pauvres

De l’autre côté, Mitt Romney, bien sûr, a plus de mal à prétendre être du côté des travailleurs. Banquier d’affaires, dont la fortune personnelle se monte à plus de 250 millions de dollars, son revenu annuel a été de 20 millions ces deux dernières années. La dernière société qu’il a dirigée, Bain Capital, est bien connue comme repreneur d’entreprises en difficulté. Bain Capital prête aux entreprises sur le point de faire faillite, réorganise le personnel, impose des licenciements et des baisses de salaires. Si cela réussit elle les reprend, quand cela échoue elle les coule définitivement. De toute manière les prêts de Bain Capital sont remboursés.

Du coup, la campagne de Romney se réduit à s’opposer à Obama et à exploiter les sentiments d’insatisfaction de la population à son égard. Dans la plupart de ses discours, il se contente de rappeler les promesses non tenues de la précédente campagne d’Obama et jure la main sur le cœur qu’il fera mieux.

Une différence cependant entre les deux : alors qu’Obama se sent obligé de s’attaquer, en paroles, à l’inégalité grandissante, Romney affirme ouvertement sa sympathie pour les riches. Et, s’il veut des baisses d’impôts pour ceux-ci, c’est en fin de compte, explique-t-il, pour favoriser l’emploi. C’est pourquoi il n’accroîtra pas les impôts des super riches mais les baissera. En ce qui concerne les banques et les grandes entreprises, cette baisse serait même de 35 % à 25 % !

3 % en plus ou en moins de baisse d’impôts pour les banques et les multinationales ! Le véritable enjeu de ces élections de 2012 ?

San Francisco, 11 mai 2012

Craig VINCENT

Mots-clés Barack Obama , Elections , Monde , USA
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