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Démagogie nationaliste, quand ça les tient… Florilège de la « Nouvelle France » d’Arnaud Montebourg

jeudi 24 novembre 2011

« Je suis un Français comme tant d’autres, passionné par mon pays, qui frissonne en écoutant La Marseillaise et médite les leçons de l’histoire devant les monuments aux morts » [1]. Déjà en 2009, Montebourg avait appelé le Parti socialiste à participer à la « campagne sur l’identité nationale » lancée en fanfare par le gouvernement Sarkozy. Contestant le monopole de la droite en matière de nationalisme, il avait indiqué : « Ce débat, on veut y aller. Monsieur Sarkozy n’est pas le seul à frissonner en écoutant la Marseillaise ».

Frissons identitaires qui, en guise de programme contestataire et radical, lui font entonner le refrain démagogique du protectionnisme et de la « démondialisation ». Programme que Jean-Luc Mélenchon, au vu du score de Montebourg aux primaires socialistes, s’est lui-même vanté de partager, tout comme Jean-Pierre Chevènement.

Les frontières, pour solidariser les travailleurs ?

« La frontière est aujourd’hui le moyen de tenir à distance la machine à mettre en concurrence sans limite la totalité des activités humaines » lit-on dans son livre déclinant son programme pour la « Nouvelle France » de ses rêves [2]. La réinstallation de frontières douanières serait la solution à la concurrence internationale entre travailleurs européens et extra-européens. Comme si nos propres patrons, à l’intérieur de nos propres frontières, n’organisaient pas déjà eux-mêmes cette mise en concurrence par le biais des différences de contrats, de statuts, de rémunérations, de divisions entre sous-traitants, prestataires et entreprises mères, etc. Lutter contre la concurrence entre travailleurs des différents pays par les protections douanières ? Les grévistes roumains de Renault-Dacia ont eu une bien meilleure solution quand, en 2008, ils avaient affirmé tenir une partie de leur inspiration des travailleurs de PSA-Aulnay qui avaient mené une grève l’année précédente. Mais la lutte de classe internationale ne figure pas précisément au programme du ténor de la gauche socialiste.

Les astuces de Montebourg pour régler la dette : « le pain sec et l’eau » !

Élu depuis 2008 président du Conseil général de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg se fait fort d’avoir réglé dans son département le « problème de la dette publique ». Comment s’y est-il pris ? Paroles de l’artiste :

« Je me souviens que, pendant six mois, chaque vendredi, avec les élus moralement essorés, nous recherchions, sous le portrait altier de Lucie Aubrac, les dépenses qu’il fallait couper. (…) Nous décidâmes de mettre le train de vie du Conseil général au pain sec et à l’eau, et tout y passa. Partout, il nous fallait supprimer, réduire ou geler. Suppression des aides aux communes, suspension de la saison culturelle, suppression de l’aide supplémentaire aux personnes âgées pour leur autonomie, suspension des investissements dans les bâtiments départementaux, réduction drastique des aides au transport des apprentis, suppression de la bourse d’études aux élèves aides-soignantes, réduction des chantiers départementaux, gel des aides en faveur d’agriculteurs en difficultés.  [3]  » La rigueur grecque en Saône et Loire, et le portrait de Lucie Aubrac n’a rien pu faire !

Et si, d’aventure, certains « élus essorés » rechignent à voter ce plan de sauvetage draconien, Montebourg menace et met sa « démission immédiate dans la balance devant sa majorité en cas de mise en minorité du plan de sauvetage ». Conclusion lucide du chef du département : « Pour beaucoup des élus, cet épisode fut un apprentissage traumatique, et, pour la population, il sera – en pleine crise – difficile à traverser ». Mais qu’on se rassure, « nous, (les élus) désapprouvions ces mesures dans notre for intérieur [4] ». La différence entre droite et gauche ? Une question de for intérieur.

Alex LLOBREGAT


[1Arnaud Montebourg, Des Idées et des rêves – Comment bâtir la Nouvelle France, Flammarion, novembre 2010, p.21.

[2Idem, p. 249.

[3Idem, p. 205.

[4Idem, p. 202.

Mots-clés Arnaud Montebourg , nationalisme , Politique