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Limousin : déchets radioactifs... ça déborde !

vendredi 22 avril 2011

46 ans d’exploitation de mines d’uranium par le CEA (Commissariat à l’énergie atomique), puis la Cogema (Compagnie générale des matières nucléaires) devenue Areva, font de la Haute-Vienne l’un des départements français contenant le plus grand nombre de décharges radioactives. Les mineurs ont payé le premier tribut à l’extraction de l’uranium, le plus souvent à retardement (comme pour l’amiante), avec les cancers du poumon, des reins... ne se déclarant que dix ou vingt ans plus tard.

L’extraction du minerai d’uranium a durablement pollué la région. Elle produit des tonnes de stériles radioactifs qui vont être lessivés par la pluie, les eaux d’écoulement... Les opérations de concentration du minerai pour le transformer en combustible utilisable dans les centrales produisent à leur tour des boues radioactives.

Tous ces déchets ont pendant des années fini dans des mines désaffectées, des dépôts sauvages, et même, pour les stériles, été distribués comme remblai pour le terrassement ou la construction de routes… et des maisons particulières ! Aux associations qui les interpellaient, les pouvoirs publics et les élus ont opposé un silence en partie dû au poids économique de l’industrie nucléaire, notamment incarné par l’apport de la taxe professionnelle au budget de communes rurales sans ressources.

En 1979, la population de Limoges découvre, grâce à la mobilisation des associations et à une enquête de la revue 50 Millions de Consommateurs, que l’eau potable contient une teneur en radium trois fois supérieure au maximum recommandé par l’Organisation mondiale de la santé.

Les taux de gaz radon – présent à l’état naturel mais également sous-produit de l’extraction d’uranium – dépassent le seuil d’alerte dans des écoles maternelles à Bessines en 1991, à Limoges en 1997, et chez les particuliers habitant à proximité des mines ou des bassins de stockage des résidus.

Où en est-on aujourd’hui ? En février 2009, le reportage « Uranium : le scandale de la France contaminée » a rappelé que la pollution est toujours là. Areva se contente de déplacer les boues radioactives sans nettoyer les zones de captage des eaux et les élus s’en accommodent : il faut des enquêtes et dépôts de plainte d’associations pour voir que les boues retirées des étangs sont entreposées dans les mines à ciel ouvert, sur des sites sans surveillance, non sécurisés... ou en pleine nature !

Profitant d’une impunité encore plus grande dans d’autres pays, l’industrie nucléaire française a étendu ses ravages en exportant ses déchets, notamment en Sibérie... et en ouvrant des mines en Afrique, dès 1968 à Arlit au Niger.

Elise MOUTIER


Pour en savoir plus :


L’uranium du Niger

L’État français, après avoir fait le tour des mines en France, s’est naturellement tourné vers ses anciennes colonies. Or le Gabon et, surtout, le Niger regorgent d’uranium. Comme pour le pétrole, les compagnies minières négocient des contrats d’exploitation qui leur sont extrêmement profitables, tout en reversant une infime partie des profits réalisés à la dictature locale en place.

Au nord du Niger, les populations ne verront jamais la couleur des profits générés par les mines d’uranium : en revanche, ce sont bien elles qui subiront les dégâts environnementaux, sanitaires et écologiques : l’uranium extrait contamine les nappes phréatiques, et se concentre dans la chaîne alimentaire jusque dans la nourriture. Ces dernières années est apparue une rébellion des populations locales contre les agissements d’Areva ainsi que contre le régime de Niamey, lequel cherche à renégocier ses contrats d’exploitation avec Areva en faisant jouer la concurrence avec d’autres exploitants. C’est dans ce contexte qu’ont eu lieu les enlèvements d’employés d’Areva en 2010.

M.S.

Mots-clés Nucléaire , Société
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