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Le lobby des industriels de l’amiante : une comparaison éclairante

vendredi 22 avril 2011

Roche fibreuse présente à l’état naturel dans le sous-sol, l’amiante ne s’enflamme pas, constitue un isolant de première qualité, et se travaille très facilement. Trop en fait. Elle s’effrite et forme une poussière très volatile qui, une fois inhalée, se fixe dans les poumons et y provoque des lésions responsables de cancers comme le mésothéliome. Quatorze ans après son interdiction en France, le poison continue de tuer ; les estimations portent sur 100 000 morts entre 2005 et 2025.

D’une dangerosité comparable aux radiations – il suffit de voir les méthodes de confinement et les protections utilisées pour le désamiantage – l’amiante a été défendue par un lobby presque aussi efficace que celui du nucléaire. Dès les années 1950, des militants ouvriers, notamment dans la vallée du Noireau en Normandie, surnommée depuis la « vallée de la mort » pour la concentration des usines conditionnant ou utilisant l’amiante, se battirent contre l’absence de protection des ouvriers. Dans les années 1970, notamment avec la mobilisation de scientifiques de la faculté amiantée de Jussieu, on redécouvrit la responsabilité du matériau dans la formation de cancers… pourtant établie depuis 1906 ! Les industriels ripostèrent en créant en 1982 le Comité Permanent Amiante (CPA), dans lequel leurs représentants s’adjoignirent des hauts fonctionnaires, des syndicalistes de tous bords – à l’exception notable de FO – et des scientifiques. Le CPA prôna un « usage raisonné de l’amiante », affirmant en substance : « certes, l’amiante est dangereux mais, en prenant les précautions adaptées, on peut l’utiliser en toute sécurité ». La prétendue absence d’alternative à l’amiante ou le grand nombre d’emplois menacés par une interdiction servirent d’alibi à la sauvegarde des profits d’Eternit, Ferrodo et consorts. Bref, le même type d’arguments que développent les capitalistes de l’atome pour défendre les leurs.

Bien sûr, comparaison n’est pas raison : d’autant que l’interdiction n’offre en elle-même aucune garantie quant à l’innocuité des produits ou des technologies de substitution. Il n’en reste pas moins que le scandale de l’amiante illustre bien le risque qu’il y a à s’en remettre aux promoteurs d’une industrie pour juger des risques qu’elle fait courir aux travailleurs de la branche comme à la population. Enfin, il montre également que certaines technologies sont trop dangereuses, surtout dans les conditions d’exploitation actuelle, pour que cela ne vaille pas le coup de chercher à s’en passer.

Mathieu PARANT

Mots-clés Amiante , Société
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