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Tous ensemble contre les mille et un visages du chômage et des licenciements

samedi 29 mai 2010

L’« armée industrielle de réserve » du capital, cette masse des chômeurs faisant pression bien malgré elle sur le salaire et les conditions de travail de l’ensemble de la classe ouvrière, est aussi indispensable au capitalisme actuel qu’au temps où Marx a forgé cette expression. Ne serait-ce que dans la dernière décennie, une bonne partie des luttes de la classe ouvrière ont eu pour objectif d’empêcher, ralentir ou faire payer plus cher que prévu par les capitalistes leurs plans soi-disant « sociaux » et autres « dégraissages ». Lesquels s’attaquaient en réalité à des pans entiers de l’effectif salarié. En 2000, les Cellatex proclamaient « du fric ou boum ! ». En 2001, les « Petits Lus » de chez Danone, les filles des magasins Mark & Spencers, les hôtesses et stewards d’Air Liberté ou les ouvrières de chez Dim, rassemblaient derrière eux vingt mille manifestants contre les licenciements. En 2009, le collectif contre les patrons voyous, créé l’été dernier, s’est fixé pour objectif de fédérer de même toutes les luttes contre les suppressions d’emplois.

Toutefois, certaines choses ont changé depuis dix ans. L’État s’en prend lui aussi massivement à ses salariés. Plus seulement dans les entreprises nationalisées – de Renault à France Télécom ou La Poste, elles connaissent la chanson de puis bien longtemps – mais aussi aux fonctionnaires, dont 134 000 postes auront disparu entre 2007 et 2010. La physionomie des plans de suppressions d’emplois des grandes entreprises – au moins leurs annonces – s’est modifiée. On déguise les licenciements. Moins de « licenciements secs » paraît-il. Mais toute une panoplie d’outils – de la préretraite au « congé de formation » en passant par les prétendus « reclassements » ou « départs volontaires » – sert au patronat à rendre la mise au chômage invisible, à affaiblir et atomiser la colère des licenciés.

Depuis trente ans, la formation et le renouvellement de l’« armée industrielle de réserve » a pris des formes sinon complètement nouvelles (nos patrons n’ont fait qu’emprunter les vieilles recettes de leurs ancêtres), du moins multiples : précarité, temps partiel imposé, gens trop vieux ou trop cassés qu’on éjecte de la production avant l’âge de la retraite et qui doivent se débrouiller avec une allocation inversement proportionnelle à leurs ennuis de santé.

Ce dossier a pour but de faire le point sur l’évolution du chômage, ou plutôt des chômages, tant les situations des chômeurs sont variées. Il n’a pas suffi au capital de les exclure de la production, il les a aussi divisés en de multiples catégories. Non seulement dans le but de faire disparaître la majeure partie d’entre eux des statistiques, de diminuer les indemnités comme le nombre des indemnisés, mais aussi afin de faire courir chaque chômeur après son petit bout de carotte, ou plutôt devant son bâton.

Voilà pourquoi la revendication d’interdiction des licenciements et de toutes les suppressions d’emplois est plus que jamais d’actualité. Il s’agit de contester le pouvoir du patronat (public comme privé !) de débaucher qui il veut, quand il veut. La crise ainsi que l’attaque contre les retraites rendent cette actualité d’autant plus brûlante : interdire ou empêcher un million de licenciements, c’est garantir de l’ordre de dix milliards d’euros de cotisations... et faire perdre au projet gouvernemental sa justification officielle. Et cette lutte doit être celle de la classe ouvrière toute entière.

15 mai 2010

Mots-clés Licenciements , Politique