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Contribution au bulletin de discussion du CPN du NPA

dimanche 11 avril 2010

Ci-dessous, la contribution de la Fraction au bulletin de discussion du CPN du NPA des 27-28 mars 2010. Nous y critiquions le projet de résolution présenté par le CE. Cette résolution a bien sûr été amendée à la suite des débats du CPN sans pourtant en changer les orientations. De toute manière, cette contribution avait pour but d’analyser la politique menée par le NPA à l’occasion des régionales, analyse que évidemment nous maintenons.


Un projet de résolution très élastique

« Ce CPN ouvre le débat sur le bilan de notre campagne. Il s’inscrit dans un bilan plus global de notre première année d’existence dans le cadre de la préparation de notre congrès national », affirme ce projet de résolution que le CE soumet à la discussion du prochain CPN.

Deux mots donc d’abord sur le bilan de notre campagne : ce n’est pas tant « le score de nos listes » qui est « décevant », comme l’affirme ce projet de résolution, mais bel et bien la campagne elle-même. Toutes les négociations avec des « alliés potentiels » pendant six mois, au lieu de se mener sur un programme, n’ont eu pour but que la quête d’élus. Résultat, la cacophonie de listes à géométrie variable, ici avec le Front de Gauche, là avec le PG ou des bouts de celui-ci, ailleurs avec les seuls petits alliés qu’on trouvait, sans force militante mais dont on acceptait le programme, décroissant ou autre mais surtout pas prolétarien. Mais pas seulement. Y compris là où le NPA, à son corps défendant, s’est présenté seul, il a mené une campagne prioritairement axée sur des revendications régionales dérisoires, au lieu de saisir de ce rendez-vous électoral pour populariser un programme clair en direction des travailleurs et des classes populaires. Décidément non, le choix d’une campagne électoraliste, car c’est bien le mot, n’a rien de payant. Ni en termes de scores (sur ce terrain un FdG a de meilleurs atouts), ni surtout, et c’est plus important, en termes de construction du NPA et des repères qu’il pourrait donner à la fraction la plus combative de la classe ouvrière, des jeunes et des quartiers populaires.

Et s’il faut faire un « bilan plus global de notre première année d’existence », force est de constater que ce sont les échéances électorales qui ont ponctué la vie du NPA depuis sa création, au lieu de consacrer l’essentiel de ses efforts sur le travail d’implantation, de propagande et d’intervention dans les luttes.

Ce même projet de résolution du CE aborde une esquisse de l’orientation à venir du NPA :

« Face à la reconstitution de l’union de la gauche, notre attitude est claire : nous n’en serons pas… ». Très bien. L’ennui, c’est que tout le reste de cette partie du projet de résolution est tout sauf clair. Citation du point 8 du projet : « Nous opposons au projet d’alternance social libéral, sous la houlette du PS, une autre politique, un programme de mesures radicales anticapitalistes (…) qu’appliquerait un gouvernement véritablement au service des classes populaires ». Il s’agirait d’un programme de gouvernement, en somme. D’un gouvernement qui serait vraiment au service des travailleurs dans une société capitaliste ? Curieux anti-capitalisme et belle contradiction ! Sur ce terrain la place est prise : le Front de gauche lui-même promettait de transformer les régions en « contre-pouvoirs » et émaillait ses tracts électoraux de ses diverses « propositions de ruptures » et ne manquera pas de nous promettre un « gouvernement de rupture » pour 2012.

Phrase suivante : « Ces mesures, nous les porterons et en débattrons partout, avec celles et ceux qui cherchent à en finir avec la droite et Sarkozy » Et revoilà le sempiternel « battre la droite », renvoyant de fait aux présidentielles de 2012… et, donc, à la nouvelle « gauche solidaire », comme dit désormais Martine Aubry ? Faut-il vraiment nous donner comme perspective les élections de 2012, avec un prétendu projet pour un illusoire gouvernement de rupture, qu’on fera miroiter aux yeux de tous ceux qui « veulent en finir avec la droite et Sarkozy »  ?

Ensuite, le leitmotiv, l’obsession, c’est toujours « rechercher l’unité la plus large », « refuser tout repli sur soi », « proposer une alliance anticapitaliste » (§ 8), ce qui se traduit, § 9, par : « (…) rechercher en permanence l’unité la plus large, avec les acteurs du mouvement social, les syndicats, les associations et les partis politiques de gauche (…) »

Non. « L’unité la plus large », à réaliser « dans la clarté politique », n’est pas celle des appareils politiques de gauche et syndicaux, à moins de rêver de renouveler sur les retraites une opération de diversion du style de celle du référendum contre la privatisation de la Poste… et son fiasco final. C’est celle de la classe ouvrière, de tous ceux qui luttent ou sont prêts à le faire, des militants syndicaux qui enragent de l’inaction de leurs directions. Et c’est à propager l’idée d’une lutte d’ensemble et de la nécessité pour les travailleurs et leurs alliés des classes populaires de s’atteler à la mettre sur pied eux-mêmes, sans l’attendre de directions qui n’en veulent pas, qu’un petit parti comme le NPA devrait consacrer l’essentiel de ses efforts dans la situation d’aujourd’hui.

Proposer une alternative politique aux travailleurs n’est pas proposer une politique pour un mythique gouvernement « véritablement » à leur service. C’est leur proposer une politique pour leur classe.

24 mars 2010

Olivier BELIN et Huguette CHEVIREAU, de la Fraction l’Étincelle de Lutte ouvrière

Mots-clés NPA , Politique