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Rhodia Saint-Fons — Région lyonnaise (chimie) : Mobilisation contre les suppressions de postes

vendredi 3 juillet 2009

À la faveur de la crise, les patrons de Rhodia se sont lancés dans un large plan de restructuration et de suppressions d’emplois. Leur objectif est clair : augmenter l’exploitation en réduisant le personnel et en mettant en place un certain nombre de mesures de « flexibilité » lui permettant de déplacer et d’utiliser ceux qui restent comme ils le souhaitent.

Dans le cadre de cette offensive, la direction de Rhodia avait lancé courant mars une première salve de 91 suppressions de postes sur les sites de Melles (Deux-Sèvres), Valence (Drôme) et Saint-Fons Belle-Etoile (Rhône) [1]. Dans la semaine du 15 juin, elle a annoncé la deuxième vague avec la suppression de 70 postes pour l’usine de Saint-Fons Chimie et de 44 pour celle de Chalampé dans le Haut-Rhin.

L’escroquerie des « départs volontaires à la carte »

À chaque fois, ces suppressions prennent une forme assez complexe : à l’aide d’un dispositif pompeusement nommé DAMEC (Diagnostic Annuel des Métiers, Emplois et Compétence), il s’agit de plans de restructuration avec reclassements et départs volontaires à la carte. Cela permet de développer toute une propagande sur le fait qu’il n’y aurait pas de licenciements secs.

On n’en est qu’au début du dispositif, mais on sait d’avance quelles pressions la direction va exercer sur les reclassements et, sous cette pression, le côté forcément assez relatif du caractère « volontaire » des départs. S’il n’y aura peut-être pas de licenciements secs chez Rhodia, la possibilité de faire travailler les ouvriers de Rhodia sur des postes de sous-traitants (ce qu’elle appelle la « reprise de sous-traitants ») risque de déplacer ces licenciements chez ceux-ci ou chez les intérimaires. Mais l’objectif premier des ces plans déguisés en « diagnostic des emplois et compétences », c’est d’individualiser les attaques. Chaque travailleur touché est placé devant sa situation particulière, ses possibles reclassements, mesures d’âge ou conditions de départ négocié. Cela a contribué à rendre difficile la mobilisation.

Les travailleurs de Saint-Fons Chimie entament la riposte

L’attaque a pris une forme particulière à Saint-Fons Chimie. Il s’agit, là encore, de mesures individualisées. Mais elles se traduisent par la fermeture pure et simple de trois ateliers (en fait la réalisation d’un projet assez ancien de la direction). Son plan apparaît du coup pour ce qu’il est : un plan de fermeture partiel de l’usine.

La CGT a appelé à des débrayages et à un rassemblement le jeudi 18 juin à l’occasion du Comité d’entreprise extraordinaire où la direction devait dévoiler ses mesures. Les débrayages, suivis assez massivement, ont en fait commencé dès la nuit précédente. Le rassemblement à été un succès, voyant passer sans doute une bonne centaine d’ouvriers (sur un effectif total de 320) de tous les ateliers et même certains travailleurs de sous-traitants. C’est à une soixantaine qu’ils ont envahi le CE, l’empêchant de se tenir. Cette journée a marqué le début d’un mouvement de débrayages qui, à l’heure où nous écrivons, se poursuit toujours et touche la quasi-totalité des ateliers. Il s’agit le plus souvent de débrayages de deux ou quatre heures par équipe, mais sur les grosses installations de la chimie, cela revient la plupart du temps à ne pas redémarrer du tout la production.

Mardi 23 juin, lors de la nouvelle tentative de la direction de tenir son CE extraordinaire, les mêmes causes ont eu le même effet : débrayages massifs, rassemblement réussi et invasion du CE. Un petit succès qui renforce la confiance et la détermination des travailleurs.

Les débrayages devraient se poursuivre au moins jusqu’au prochain « temps fort » prévu le 29 juin : une journée d’action syndicale au niveau du groupe Rhodia avec, devant l’usine de Saint-Fons Chimie, un rassemblement avec les travailleurs des deux autres sites de Saint-Fons (Belle-Etoile et le centre de recherche).

Bientôt la réaction en chaîne ?

L’objectif des ouvriers de Saint-Fons Chimie est le refus pur et simple du plan de suppressions de postes. Ils mesurent bien sûr les difficultés qui se présentent. Celle du calendrier avec les congés d’été qui se rapprochent. Celle aussi du risque d’isolement et de la difficulté de se battre dans une seule usine. La tâche de l’heure, c’est donc de s’organiser, de discuter et de décider collectivement de la suite à préparer et des objectifs à se fixer. En premier lieu, celui de se renforcer en se liant aux autres usines du groupe, touchées elles aussi. C’est de Saint-Fons Chimie que la première réaction est partie, il s’agit de tenter d’entraîner les autres. D‘ailleurs pas uniquement à Rhodia : dans la chimie, bien des plans similaires sont en cours ou se préparent plus ou moins ouvertement. Au-delà, en cette période d’offensive patronale générale, le coup de colère des ouvriers de Saint-Fons Chimie doit contribuer à la riposte générale nécessaire contre les licenciements et suppressions de postes sous toutes leurs formes.

24 juin 2009

Rafi HAMALIAN

Yves LEFORT


Mots-clés Chimie lyonnaise , Entreprises