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Universités : après trois mois de conflit

jeudi 30 avril 2009

Début mai, le mouvement des universités entre dans son troisième mois. Le gouvernement n’a rien lâché sur le fond et Nicolas Sarkozy a au contraire réaffirmé début avril qu’il n’était pas question de revenir sur la loi de responsabilité des universités (LRU).

Dans ce secteur très rarement mobilisé et habitué à être écouté avec bienveillance par les autorités, l’illusion que la victoire allait être rapide pour peu que les revendications restent circonscrites à des points précis et limités a été forte dans les premiers jours.

Rapidement pourtant, il est apparu que le gouvernement ne céderait pas à moins d’y être contraint par un rapport de force dépassant les possibilités des seuls enseignants chercheurs. C’est que derrière la loi LRU et la brutalité de ses décrets d’applications, il y a une politique de mise au pas des établissements par la mise en place d’une « gouvernance » soumise aux seuls impératifs économiques et le contrôle renforcé sur les personnels. Il y a surtout un désengagement financier massif de l’État, l’augmentation de la précarité et les réductions d’effectifs. Au final, cela veut dire un service public de l’éducation et de la recherche dégradé et de plus en plus profondément inégalitaire, avec des facs d’élite pour ceux qui auront les moyens de se les offrir, des facs poubelles pour les enfants d’ouvriers.

Le mouvement s’est d’abord élargi en interne en s’ouvrant aux revendications des étudiants puis des personnels administratifs et techniques, les BIATOSS (voir Convergences Révolutionnaires n°62). La mobilisation des étudiants et des BIATOSS est restée très inégale d’une université à l’autre mais réelle et parfois très déterminée dans certaines.

Un mouvement de la maternelle à l’université ?

Mais les universitaires ont aussi multiplié les tentatives pour s’ouvrir à d’autre secteurs, en commençant par l’enseignement secondaire (collèges et lycée) et primaire. Les différentes coordinations des universités ont appelé à des manifestations « de la maternelle à l’université » et professeurs, étudiants et personnels ont été à la porte des lycées et des écoles s’adresser aux enseignants comme aux lycéens. Ils y ont rencontré une sympathie réelle. Les réductions d’effectifs et les fermetures de classes dans tous les lycées et toutes les écoles montrent bien que c’est la même logique et la même politique qui est à l’œuvre. En l’absence de relais syndical, la FSU, principal syndicat du secteur n’ayant à aucun moment appelé, sinon du bout des lèvres à rejoindre le mouvement des universités, ces tentatives n’ont malheureusement pas débouché au delà de la simple prise de contact.

Les universités dans le mouvement d’ensemble

Le mouvement a été rythmé par les grandes journées de grève interprofessionnelles de ce début d’année. Il a pris son élan en s’appuyant sur la journée du 29 janvier et s’est développé avec le 19 mars en ligne de mire. Les coordinations ont multiplié les appels à l’élargissement et à la convergence des luttes autour de cette date. Des meetings interprofessionnels se sont tenus avec souvent un relatif succès. Des actions communes se sont multipliées dans certains cas ou la proximité le permettait, comme, à Paris, avec des sans papiers en grève ou avec les grévistes de la FNAC. Les porte-parole de la coordination des universités ont tenté de s’adresser aux organisations syndicales pour discuter de la nécessité d’une suite rapide au 19 mars. Comme tous les travailleurs, ils ont été renvoyés... au 1er mai !

Cette politique des confédérations syndicales a été comprise pour ce qu’elle est : une volonté bien affirmée qu’il n’y ait pas de véritable mouvement d’ensemble. Tout pourtant en montre la nécessité et, peut-être, la possibilité. Les luttes qui se développent dans l’Énergie autour de revendications sur les salaires et contre les externalisations de services rejoignent exactement les préoccupations des BIATOSS. La question des emplois et de la précarité est la même dans les entreprises qui licencient et dans la fonction publique où l’État supprime cette année 30 000 postes, sans aucun doute le plus gros « plan social » en France. Enfin, les universités regardent attentivement ce qui passe dans les Hôpitaux où la loi Bachelot présente de très frappantes similitudes avec la LRU.

Après le premier mai

Le mouvement va donc tenter une nouvelle fois d’utiliser le premier mai pour s’adresser aux autres secteurs. Mais au lendemain de cette manifestation, si la convergence des luttes ne se concrétise pas, la question de la suite du mouvement risque de se poser rapidement.

Dans les universités les plus mobilisées, un nombre important d’enseignants et aussi de personnels BIATOSS et d’étudiants se sont radicalisés dans cette lutte longue et très politique. Ils ont acquis la conviction que l’université n’est pas, ou plus, un univers protégé, qu’elle doit s’adresser aux autres pour se défendre contre des attaques qui concernent en réalité la société elle-même. Ils ont, enfin, fait l’expérience, même timide et embryonnaire, de la construction de convergences et de l’extension des luttes.

Les acquis de ce semestre de lutte permettent d’imaginer que la pause estivale ne soit qu’un répit. Sous quelles formes, dans quels cadres, il est trop tôt pour le dire. Mais d’ores et déjà s’installe dans les universités l’idée que le deuxième semestre 2009 n’est que le premier acte d’un mouvement qui va durer et que, de toute façon, le combat continue !

25 avril 2009

Vincent BERGER

Mots-clés jeunes , Politique , Université
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