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Belgique : Terrorisme social dans le transport aérien... et bien d’autres secteurs

samedi 1er décembre 2001

En Belgique, la Sabena, la compagnie nationale belge, vient d’être déclarée en faillite. Du jour au lendemain, 12 000 travailleurs viennent de perdre leur emploi. Pour le journal Le Soir, ce serait « le séisme social le plus violent depuis 20 ans ». Il est vrai que d’autres secteurs comme la sidérurgie, les mines de charbon, la construction navale… ou Renault Vilvorde, ont connu des milliers de licenciements mais le gouvernement a alors distribué des milliards pour tenter de faire passer ces licenciements plus en douceur.

A la Sabena, la seule solution du gouvernement, c’est de faire redémarrer une autre compagnie belge, la DAT (ancienne filiale de la Sabena). Mais dans le meilleur des cas, il y aurait au moins 6000 « sabéniens » qui resteraient sur le carreau. Quant à ceux qui seraient repris à la DAT, on ne sait pas trop au juste dans quelles conditions, ni quand ni pour combien de temps. C’est un procédé à la mode : Swissair, la compagnie suisse, vient d’utiliser la même formule en redémarrant sa filiale Crossair et en licenciant 9000 personnes !

Devant cette faillite, chacun y va de son petit couplet pour rejeter la faute sur l’autre et se disculper. Il y a d’abord ceux qui expliquent que la faillite de la Sabena serait due à la mauvaise gestion de l’Etat belge (actionnaire à 51 %) et qui sont les chauds partisans du « tout privé ». Il y a ceux qui rejettent la faute sur Swissair qui détenait encore récemment près de la moitié du capital de la Sabena. Il y a ceux qui rejettent la faute sur la concurrence faite par la société Ryannair, une société de transport aérien à bas prix basée à Charleroi. Il y a enfin ceux qui, ne manquant pas de culot, osent dire que ce serait la faute au personnel de la Sabena, qui serait trop payé. Pourtant, s’il y a bien quelqu’un qui n’est pour rien dans la faillite de la compagnie, c’est le personnel. Depuis des années, on a demandé aux travailleurs des sacrifices, sous prétexte de garantie de l’emploi. Les plans de licenciements se sont succédés (2000 licenciements en 91). Les salaires ont été bloqués. Les conditions de travail se sont dégradées. On a justifié cela par la sauvegarde de l’emploi. Mais tous ces sacrifices imposés n’ont pas empêché la faillite de la Sabena… et les 12 000 licenciements d’aujourd’hui ! A Renault Vilvorde, jusqu’en 97, on a demandé aussi toujours plus de sacrifices, de flexibilité aux travailleurs pour sauver les emplois. Là-bas non plus, les sacrifices imposés n’ont pas empêché Renault de mettre la clé sous la porte de l’usine !

Si la faillite de la Sabena a été déclarée début novembre, cela fait des mois que les syndicats discutaient « de la survie » de l’entreprise avec la direction. Ces discussions n’ont servi qu’à lanterner les travailleurs. Et jamais, les syndicats n’ont voulu organiser une riposte ou même tout simplement une démonstration des travailleurs de l’entreprise. Au contraire. Ils ont tout fait pour empêcher les travailleurs de partir en grève et se vantaient même dans la presse de calmer les esprits. Et quand les pilotes de la Sabena faisaient grève, leur mouvement était dénoncé par les autres syndicats qui craignaient une chose : être débordés par les travailleurs.

Aujourd’hui, alors que les licenciements sont annoncés, les syndicats ont organisé ensemble une manifestation avec en tête leurs dirigeants nationaux respectifs pour pleurer un plan social auprès du gouvernement.

Quant au monde politique PS, écolos et autres, ils demandent une commission d’enquête parlementaire ou la démission d’un ministre… alors que ce sont eux et leurs amis qui sont au gouvernement arc-en-ciel !

L’opinion publique a été frappée par les licenciements à la Sabena, mais au même moment, d’autres entreprises licencient aussi. A Anvers, Opel annonce 900 suppressions de postes. Il y a 2000 suppressions à Cockerill Sambre dans la sidérurgie. Il y a aussi les milliers d’emplois supprimés sous prétexte des attentats de New York.

En Belgique on parle 3 langues. Mais le seul langage que connaissent le patronat et le gouvernement, c’est celui du rapport de force. Et ce rapport de force en faveur des travailleurs, il est à construire pour lutter contre tous les licencieurs du privé comme du public !

L.H.

Mots-clés Belgique , Licenciements , Monde