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Soyons toutes et tous des ingouvernables !

lundi 20 juin 2022

Pour Macron, au lendemain de ce deuxième tour des législatives, c’est la gueule de bois ! Avec seulement 234 députés alors qu’il lui en faudrait 289, il n’a pas de majorité absolue au Parlement. En face, se dressent des oppositions qui se disent farouches : d’un côté quelque 140 députés de la Nupes, de l’autre quelque 90 députés d’un RN qui a gagné non seulement en sièges mais en voix. Reste quelque 75 députés de la droite classique, que Macron va tenter de draguer, à quel prix ? Les médias dramatisent en parlant de « séisme », de « tremblement de terre », d’« état de siège à l’Assemblée », de « France ingouvernable ».

Les absents n’ont pas toujours tort

Un très fort taux d’abstention a encore marqué : 54 % de l’électorat ne s’est pas déplacé. On n’a pas fini de s’interroger pour savoir si c’est par colère contre un système prétendu démocratique mais qui ne change jamais rien à la vraie vie des classes populaires, et même la pourrit. Ou si c’est par simple « je m’en foutisme ». À titre d’exemple : entre l’élan vers Mélenchon de certains quartiers populaires au premier tour de la présidentielle et les scores de la Nupes aux législatives dans les mêmes quartiers, la moitié des voix se sont perdues. D’électeurs qui se sont manifestement abstenus, les illusions n’étant pas au rendez-vous.

Parlons de la Nupes

Il ne nous est pas indifférent que l’union de la gauche reconstituée autour de Mélenchon marque quelques points en nombre de députés à l’Assemblée. Une femme de chambre va entrer au palais Bourbon, la première certainement qui n’y entre pas pour faire le ménage – ce qui en dit long sur leur démocratie ! Mais cette gauche relookée par son union (entre PCF, PS et Verts derrière la FI), n’a pas fait beaucoup plus de voix que les scores cumulés de ses composantes aux élections précédentes de 2017. Et pour ce qui est de son radicalisme, il a ses limites. Ses porte-parole ont protesté contre la diabolisation dont ils auraient été victimes de la part de la Première ministre Élisabeth Borne. Que non, s’écrie Clémentine Autain sur France 2, « je ne suis pas d’extrême gauche » ! Si les députés de la Nupes étaient des révolutionnaires, il est certain qu’ils ne se poseraient pas en force d’opposition strictement parlementaire, en force d’obstruction purement institutionnelle. Ils en appelleraient aux luttes des travailleurs, dans les entreprises et dans la rue. Ce qui n’est pas le cas.

Parlons de l’extrême droite

Le RN de Marine Le Pen ne passe pas seulement de 8 à 90 députés. L’extrême droite engrange près de deux millions de voix supplémentaires dans ces législatives, dont l’apport de Zemmour. Bien sûr la détestation de Macron a joué. Mais Marine Le Pen, par-delà sa démagogie sociale, a rappelé les fondamentaux anti-ouvriers du RN : un parti de l’ordre social (de défense de la propriété privée patronale), un parti de renforcement des forces de sécurité (armée et police), un parti raciste qui agite la haine des immigrés : une arme contre les travailleurs qu’elle voudrait diviser selon leurs origines.

Règlements de compte au palais Bourbon ou grève générale ?

Et nous ? Nos retraites ? Nos embauches en masse dans les services publics à commencer par les hôpitaux et les écoles où les situations sont dramatiques ? Nos emplois et conditions de travail ? Nos salaires qui ne suivent pas une inflation qui devient folle ? Macron semble craindre nos réactions face à son projet de départ en retraite à 65 ans : même le congrès de la CFDT semble vent debout contre ! Alors il annonce un texte sur le pouvoir d’achat, à proposer au Parlement dès juillet. Mais comment améliorer notre niveau de vie sans augmentation générale et importante des salaires ? Est-ce que ce seront les députés qui vont nous donner ça ou les patrons auxquels il va falloir l’arracher ? Par des petits pugilats au Parlement ou par une grève qui deviendrait générale ? Poser la question c’est y répondre.

Il va bien falloir que, par nos luttes, nous rendions la France des riches ingouvernable. Tandis que nous arracherons dans et par ces luttes les moyens de nous gouverner nous-mêmes.

Mots-clés Législatives 2022 , Politique