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Halte à la sous-traitance... et à la surexploitation

vendredi 1er février 2002

La grève des salariés de Geodis a été l’occasion pour la CFDT de Renault-Guyancourt d’avancer certaines réflexions et propositions sur la sous-traitance, des positions que l’on retrouve en fait chez d’autres syndicats.

« La logique de spécialisation s’est imposée comme facteur d’efficacité. A chacun son métier », lit-on dans un tract CFDT juste après la grève et intitulé « Un conflit exemplaire ». Acceptant la sous-traitance comme un fait inéluctable et même normal, le tract déplore ensuite que cette « mutation du monde productif » ait des « conséquences sociales ».

Pour la CFDT, l’objectif visé par Renault par la sous-traitance serait donc l’efficacité par le recentrage sur le métier. Les conséquences sociales n’en seraient que les dégâts collatéraux. Comme si les patrons avaient un quelconque fétichisme du « métier » ! Leur métier consistant d’abord à dégager le maximum de profits, la sous-traitance n’est qu’un moyen pour le patronat de réduire la masse salariale. C’est l’inverse du raisonnement de la CFDT.

Trop de sous-traitants ?

La sous-traitance n’est pas nouvelle mais elle prend des proportions de plus en plus grandes. Au Technocentre Renault de Guyancourt, par exemple, la restauration, le nettoyage, la maintenance, l’accueil ou la sécurité sont sous-traités depuis un moment.

Après avoir externaliser ces secteurs, Renault a mis en concurrence les sociétés sous-traitantes. Au moment des appels d’offres, chaque sous-traitant, s’il veut décrocher le contrat, devra se vendre moins cher que ses concurrents, donc diminuer les effectifs, abaisser les salaires...

Les salariés prestataires sont sous le couperet permanent de ces appels d’offres.

Mais il y a maintenant de plus en plus de prestataires dans les métiers mêmes de l’automobile. L’emploi de prestataires, travaillant dans le cadre de contrats de quelques mois renouvelables aux côtés des salariés Renault, permet à la direction de gérer un personnel qualifié « à flux tendu ».

La direction de Renault fait croire aux salariés Renault que la sous-traitance les protège : on vire les sous-traitants pas les Renault... Mais, si la direction essaye de diviser ainsi les salariés, cela ne l’empêche pas de licencier ses propres salariés quand-même. La sous-traitance est une piètre protection pour les salariés Renault. Pire, c’est une épée de Damoclès.

Faisant fonctionner chaque direction (informatique, analyse des matériaux, ateliers de réalisation des prototypes…) comme des entités autonomes ayant ses clients et ses fournisseurs au sein même de l’entreprise, la direction du Technocentre peut ensuite très facilement les filialiser, voire les externaliser.

Autre technique : augmenter petit à petit dans certains services le nombre de prestataires jusqu’à... ce qu’il n’y ait plus que des prestataires.

Pour résister à cette dégradation des conditions de travail, l’application automatique de l’article L122-12 du Code du Travail serait déjà une protection pour les salariés qui, dans le cas d’un simple transfert d’activité d’une société sous-traitante à une autre, seraient réembauchés automatiquement par le prestataire repreneur. Une meilleure protection encore serait de mettre un coup d’arrêt à la sous-traitance en commençant par exiger l’embauche de tous les sous-traitants qui le souhaitent au sein de l’entreprise.

Mais, la seule protection réelle pour tous les salariés étant leur solidarité et leur capacité à résister collectivement aux mauvais coups, les travailleurs n’ont pas à se laisser découper en « métiers » et l’essentiel est donc d’organiser ensemble tous les salariés, de l’entreprise comme de la sous-traitance. Probablement une des tâches des militants ouvriers dans la période qui vient.

H.L.

Mots-clés Entreprises , Renault , Sous traitance