« Mélenchon Premier ministre », en boucle dans les médias. Le chef de la France insoumise pose au sauveur suprême et se dit prêt à cohabiter avec Macron ! Déjà tout un programme ! Mélenchon compte rallier à son entreprise le Parti communiste, les Verts d’EELV et le NPA, pour une première étape de législatives en commun : il propose un accord pour une « majorité politique à l’Assemblée nationale », une « nouvelle majorité gouvernementale » (de cohabitation) derrière un « programme commun partagé ». Le PS, de son côté, s’est prononcé pour un accord à gauche, y compris avec la FI.

Sectaire, de ne pas vouloir discuter ? Tout dépend de quoi…

Au CPN, les élus de la Fraction l’Étincelle ont voté contre l’engagement du NPA dans ces discussions avec Mélenchon. Non pas par refus de discussion voire de décisions communes, dans le cadre de luttes sociales ou politiques, avec les militants ou responsables de la FI. Mais par refus du cadre fixé, de fabrique purement institutionnelle d’un futur gouvernement de gauche. Car si Mélenchon, qui connaît le poids des mots parle de « pôle populaire » et de « peuple » (surtout « français » !), c’est pour ne pas parler de classes sociales, de lutte de classe et a fortiori d’internationalisme prolétarien. S’il met en avant la perspective d’une cohabitation avec Macron, c’est pour laisser loin derrière la nécessité de mobilisations sociales et politiques d’ampleur de la classe ouvrière et de sa jeunesse. Elles seules pourtant renverseront le mur de l’argent – devant lequel la gauche, même radicale, en France comme dans bien d’autres pays, a toujours capitulé. C’est toute la différence entre le programme de l’Union populaire et le programme de lutte de classe défendu par notre candidat Philippe Poutou dans la campagne présidentielle.

Faire vivre les perspectives anticapitalistes et révolutionnaires

Mélenchon utilise les 22 % de l’UP pour son OPA sur le reste de la gauche. Un milieu plus large pourtant s’est servi de ce vote pour échapper au piège du choix Macron-Le Pen. Et les marchandages vont être rudes : ni PC ni Verts ni PS ne vont vendre leurs positions locales au prorata de leur score présidentiel. Nous sommes devant un choix : cautionner – pour quelques sièges de députés bien hypothétiques – cette opération de mise en place d’une machine institutionnelle que Mélenchon oppose aux luttes, ou organiser les travailleurs et les jeunes qui ont été sensibles à notre campagne et attendent de préparer avec nous l’avenir révolutionnaire promis par Philippe Poutou. Si nous choisissons d’être présents dans ces prochaines législatives, ce doit être avec notre programme de lutte et de contestation du capitalisme.

Il va falloir en mener des combats pour renverser la table, a martelé Philippe Poutou dans sa campagne. Il nous revient de faire vivre l’espoir d’une société débarrassée de l’exploitation et des oppressions, si exploités et opprimés prennent leur sort en mains, à l’encontre d’illusions en une nouvelle mouture d’union de la gauche.

La Fraction l’Étincelle, 26 avril 2022

(Tribune dans l’Anticapitaliste n^o 613)

Une version plus longue de cette tribune, est disponible ici.