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Allemagne : sous le sapin, le nouveau variant ?

jeudi 9 décembre 2021

(Crédit photo : Wikipedia commons)

Presque épargnée par la première vague, cueillie à froid par la seconde, l’Allemagne est en passe de connaître la pire vague depuis le début de la pandémie. Si le nombre de cas s’est stabilisé ces derniers jours à environ 55 000, le nombre de morts (plus de 300 par jour) et d’hospitalisations croît toujours. Dans certaines régions de la Saxe ou de Thuringe, où la réticence au vaccin est particulièrement élevée, la pauvreté et le chômage endémiques depuis la réunification, le taux d’incidence est au-dessus de 2 000.

Nouvelle vague d’impréparation

Après l’été, le gouvernement a commencé à fermer des centres de vaccination, alors que la couverture stagnait à moins de 70 %, et rendu les tests payants. Le ministre de la Santé déclarait déjà que l’état d’urgence sanitaire touchait à sa fin pour les vaccinés. Aujourd’hui les centres ont rouvert et les personnes âgées attendent des heures dans les files d’attente à des températures proches de zéro pour leur piqûre de rappel. On discute d’une obligation vaccinale pour les soignants, les établissements publics doivent appliquer les règles « 2G » (ne sont acceptés que les vaccinés et les guéris du Covid), les rassemblements privés en présence de personnes non-vaccinées sont restreints, et le masque à l’école redevient systématique. Le gouvernement en est réduit à attendre avec espoir les vacances de Noël… mais répète encore que les contaminations n’ont pas lieu au travail ou à l’école !

Les hôpitaux sous pression

Dans les hôpitaux, les services commencent à être surchargés. Pas de surprise : presque deux ans après le début de la pandémie, le nombre de lits de réanimation… a été réduit de plus de 3 000, jusqu’à 5 000 selon certains calculs ! Il faut dire qu’une partie était fictive, car déjà lors des précédentes vagues, le problème n’était pas tant l’absence d’équipement que le manque criant de personnel. Un manque qui s’est encore accentué depuis, avec de nombreuses démissions et des arrêts maladie. Si on n’en est pas encore à trier les patients à l’entrée comme en Autriche, les opérations « non-essentielles » sont systématiquement déprogrammées.

Les soignants sont bien conscients des problèmes : à Berlin, cinquante jours de grève ont été nécessaires pour arracher des augmentations de salaire, des améliorations sur les conditions de travail et des promesses (vagues) d’embauches. De nouvelles grèves étaient annoncées, avec des rassemblements importants en préparation, pour les négociations collectives des services publics (dont les cliniques publiques et universitaires).

Malgré la volonté évidente exprimée par les salariés de poursuivre le mouvement, le syndicat ver.di a fièrement annoncé le 29 novembre un accord « surprise » : une prime de 1 300 euros… et aucune augmentation de salaire avant décembre 2022, ensuite est prévue une revalorisation de 2,8 %. C’est sur les réseaux sociaux que les salariés ont exprimé leur colère contre cet accord, d’autant que le même jour, la presse annonçait 5,2 % d’inflation pour le mois de novembre ! Une quatrième vague et une réduction de salaire joliment emballée par des rubans patronaux et syndicaux : on a vu mieux comme cadeau de Noël !

Le cas de l’Allemagne nous montre aussi ce qui nous attend : sans investissements dans la santé, sans embauches et augmentations de salaire, sans la levée des brevets pour une vaccination systématique jusque dans les pays pauvres… on subira l’alphabet grec jusqu’au bout.

Dima Rüger

(Article paru dans l’Anticapitaliste no 594)

Mots-clés Allemagne , Covid-19 , Monde
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