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Squid Game, série télé de Hwang Dong-hyeok

Diffusée sur Netflix, une saison de neuf épisodes

dimanche 14 novembre 2021

La série sud-coréenne Squid Game est en passe de devenir un des plus grands succès mondiaux. Au-delà ses qualités, il est permis de penser que cet engouement traduit un rapprochement des cultures et des peuples. Des spectateurs qui vivent aux quatre coins de la planète parviennent à s’identifier aux mêmes personnages, à comprendre instantanément les mêmes codes. Un tel triomphe d’une réalisation venue d’un petit pays d’Asie aurait été inimaginable voici encore quelques décennies quand la culture cinématographique hollywoodienne était encore, sinon hégémonique, du moins très largement dominante.

Renouvellement du thème des jeux sanglants

De quoi s’agit-il ? Des femmes et des hommes placés dans des situations insolubles sont amenés à se lancer volontairement dans une compétition à mort dans l’espoir de gagner une somme de 45,6 milliards de wons, soit environ 33 millions d’euros.

Le thème des « jeux sanglants » n’est pas original en soi et a déjà donné lieu à de nombreux films, parmi lesquels on peut citer Rollerball, Les Condamnés ou Le Prix du danger de Boisset, voire Les Chasses du comte Zaroff qui a connu plusieurs remakes. Mais le réalisateur, Hwang Dong-hyeok, parvient à renouveler le genre. D’une part grâce sa galerie de personnages qui représente une sorte d’échantillon crédible des victimes de la société capitaliste contemporaine : chacune est dotée d’une véritable personnalité et d’un environnement social. D’autre part, en dénonçant au travers de ces jeux la concurrence féroce à laquelle le capitalisme pousse inexorablement les exploités.

Une série profondément subversive

Loin de tomber dans la pornographie de la violence, il en souligne l’horreur. Squid Game aborde ainsi, mine de rien, des sujets comme le surendettement, qui sévit durement en Corée, le sort des migrants pakistanais, la situation des transfuges de Corée du Nord qui s’attendaient à trouver mieux. Il parvient même à évoquer la répression féroce d’une grève à laquelle a participé l’un des concurrents. Une séquence au cours de laquelle les joueurs sont invités à voter pour décider s’ils et elles veulent continuer à risquer leur peau pour du fric apparaît comme une véritable parodie de la démocratie bourgeoise.

C’est cet aspect subversif qui donne son caractère universel à Squid Game et lui permet de sortir du cadre du film de genre. Cette série s’inscrit dans le même esprit que les brûlots de Bong Joon-ho comme Snowpiercer et Parasite. Souvent, grâce au jeu des acteurs et des actrices et à certaines situations, cette série nous rappelle aussi les mélodrames italiens de la grande époque, tels que pouvaient en tourner Dino Risi ou Luigi Comencini. Si l’on ajoute que cette série, même si elle n’est pas parfaite, parvient à éviter le piège du délayage et des répétitions, que le scénario est bien construit et le suspense permanent, on comprend qu’il serait regrettable de s’en priver et qu’on attend avec intérêt une saison 2 aussi réussie.

Gérard Delteil

Article paru dans L’Anticapitaliste no 586

Mots-clés Culture , Série
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