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Zemmour : le racisme vient d’en haut

lundi 25 octobre 2021

Ascension fulgurante et parfum sulfureux, la probable candidature d’Éric Zemmour en a fait le chouchou de tous les médias. Le polémiste raciste voit dans chaque musulman un terroriste, se déclare « favorable à la peine de mort », exprime ouvertement sa nostalgie pétainiste, voudrait que tout le monde s’appelle Durand, et se met en scène le fusil en joue, braquant des journalistes, au salon de la sécurité Milipol.

Un raciste tombé du ciel ?

Cette avalanche récente dans la presse et sur les ondes du « phénomène Zemmour » s’accompagne de sa montée progressive dans les sondages. D’abord crédité à 5 % d’intentions de vote en septembre, le voilà déjà au second tour selon certaines enquêtes d’opinion. Tout cela sans que l’intéressé n’annonce jamais sa candidature officiellement. Ce suspense de pacotille entre bien sûr dans une stratégie électorale bien rodée : d’abord parce qu’il sera toujours temps de faire de cette annonce un nouvel événement médiatique pour se propulser un peu plus haut. Ensuite et surtout parce qu’une candidature officielle signifierait se soumettre aux limitations de temps d’antenne qui régulent les candidats en campagne.

Un chèque en blanc pour le racisme

C’est que l’éditorialiste-politicien n’est pas exactement privé de temps de parole. En fait d’ascension « fulgurante », cela fait vingt ans qu’Éric Zemmour vocalise dans son registre scabreux sur de grands médias nationaux. Grâce à son ami Vincent Bolloré, magnat et requin de la presse, quatorzième fortune de France, et qui a usé du pouvoir de son argent pour supprimer Les Guignols de l’Info de la chaîne télé Canal+ qu’il possédait. Avec Zemmour, un nouveau guignol est arrivé, mais moins drôle que les autres !

Et Zemmour n’est plus la créature du seul Bolloré : il bénéficie de financements provenant du milliardaire complotiste Charles Gave, ainsi que d’un certain Julien Madar, appartenant aux milieux d’affaires. La start-up nation n’a pas qu’un candidat.

Des idées antisociales mais pro-patronales

En fait, le discours de Zemmour se coule parfaitement dans les attentes du patronat et des milieux les plus traditionalistes et réactionnaires de la bourgeoisie française. D’abord en crachant un venin nationaliste haineux à l’encontre des migrants. Il pense pouvoir ainsi solidariser une partie de la classe ouvrière française à ses exploiteurs, contre la prétendue « menace » étrangère ; pouvoir semer la division entre les ouvriers vivant en France sur une base raciste, et entretenir dans le prolétariat une catégorie de sans-papiers, donc sans-droits et corvéables à merci sous peine d’expulsion souvent synonyme de mort.

Ensuite il développe un discours très explicite contre les aides sociales, contre les assistés, bref : contre les pauvres. Évoquant le prétendu « modèle social français », Zemmour explique : « Ce modèle social, il est légitime, vous y tenez et j’y tiens, comme à la prunelle de mes yeux. Mais il faut distinguer ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas. Entre ceux qui cotisent et ceux qui reçoivent de l’assistanat. Entre les chômeurs professionnels et les travailleurs professionnels. Les chiffres sont édifiants. Je vous les livre en vrac. Nous représentons 1 % de la population mondiale, mais nous dépensons 10 % des dépenses sociales du monde entier. La somme va vous donner le vertige : 750 milliards d’euros. » Ce chiffre totalement falsifié révèle surtout la préoccupation fondamentale de Zemmour. Pas question d’étrangers ici, ce sont tous les travailleurs qui sont visés : ceux qui refusent des conditions de travail indignes comme ceux qui sont licenciés et doivent se reposer sur les miettes que l’État leur laisse encore. Le racolage réactionnaire raciste et sexiste s’accompagne toujours d’une lutte contre le « laxisme ». Le projet de Zemmour est clair : mettre à genoux la classe ouvrière, ramener ses conditions de travail à celles des travailleurs migrants, avec ou sans papiers.

Mais quoi de neuf par rapport aux rengaines du même tonneau de la famille Le Pen ? Le nouveau secrétaire du RN, Jordan Bardella, a proposé tout récemment sur les ondes de France Info de supprimer toutes les aides sociales aux étrangers… Certes à la différence de Marine Le Pen qui tente de se poser en présidentiable et châtie un peu son langage, Zemmour joue au contraire de l’outrance. Du moins dans le ton, car on retrouve chez lui tous les mensonges et préjugés racistes véhiculés par la bonne bourgeoisie française, l’élite de la fortune, nostalgiques des Croix-de-Feu, de Pétain ou de l’OAS… antisémite ou anti-arabe au gré des circonstances. Mensonges et préjugés véhiculés aussi, et allégrement, depuis des années, par les ténors de la droite classique et surtout, par la politique même de Macron, sécuritaire et anti-ouvrière, de baisse du niveau de vie des travailleurs et des chômeurs, et de traque des migrants.

Gaspard Janine

Mots-clés Éric Zemmour , Extrême droite , Politique
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