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La réalité des contrôles dans un hôpital parisien : menaces et suspensions

dimanche 5 septembre 2021

Depuis début septembre, les collègues n’ayant pas signalé sur la plateforme dédiée qu’ils étaient vaccinés reçoivent par courrier une convocation à la DRH pour présenter leur passe sanitaire.

Après les incitations à aller se faire vacciner, la direction de l’AP-HP manie le bâton. La pression est immense sur les 15 % (supposés) des agents qui ne seraient pas encore vaccinés. La voie vers la vaccination pour tous passe-t-elle vraiment par ce chantage ?

Dans les services, la tension monte. Il devient courant de voir des soignants interpellés en plein boulot devant leurs patients, leurs collègues, leur chef pour qu’ils rendent des comptes sur leur état vaccinal. Les cadres de santé chargés du contrôle sont en première ligne. Certains disent ouvertement que leur rôle n’est pas de jouer au policier, d’autres y mettent plus de zèle. Mais tous doivent encaisser le mécontentement ambiant et faire passer les menaces de la direction qui se sert d’eux comme fusibles.

Des tables et du personnel ont été installés jusque dans la cantine pour inciter les employés à s’inscrire sur le portail dédié au contrôle de la vaccination. Un zèle, une rapidité, des budgets qu’on aimerait voir aussi pour embaucher des hospitaliers à l’heure où il n’est pas rare de voir une infirmière et deux aides-soignantes pour vingt patients.

Un certain nombre de collègues, vaccinés ou non, refusent cette pression permanente et ne voient pas l’intérêt de répondre aux injonctions de la direction : pour la plupart, la médecine du travail est déjà au courant et habilitée à dire s’ils peuvent travailler. Surtout, certains ne veulent pas se soumettre à une procédure qui pourrait aboutir à ce que d’autres soient suspendus.

Dans une note, la DRH centrale annonce la suite : après les convocations, des suspensions de travail et de salaire. Elle a déjà prévu les courriers type pour envoyer à ceux qui ne sont pas vaccinés au 15 septembre et les arrêtés qui vont avec… Elle reste cependant prudente. Les cas des premiers suspendus ne seront pas tranchés au niveau des hôpitaux, mais à celui du siège de l’AP-HP et de la DRH centrale. Et pour cause, elle n’a peut-être pas envie de jeter de l’huile sur le feu. Quand on vit au jour le jour le manque cruel d’effectif et de moyens, avec tout ce qu’il implique en matière de souffrance pour le personnel et les patients, les menaces de suspensions dans des services qui ne tiennent littéralement plus qu’à la présence d’un ou deux collègues, c’est aussi insupportable qu’aberrant.

4 septembre 2021, correspondant

Mots-clés Entreprises , Hôpital