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La bousculade à la tête du P.S. ne peut masquer le refus d’une réelle opposition à la politique de Sarkozy

jeudi 30 août 2007

Cette semaine marque la rentrée officielle du Parti Socialiste : « fête de la rose » chez Arnaud Montebourg en Saône-et-Loire et à Mlle chez Ségolène Royal, avant une « université d’été » à La Rochelle. Autant d’occasions pour le PS et ses dirigeants de montrer enfin comment ils comptent mener cette opposition acharnée à la politique de Sarkozy qu’ils promettent depuis qu’ils ont héroïquement résisté à la « vague bleue » lors des élections législatives. Sarkozy et la bourgeoisie, à qui il sert la soupe, en tremblent d’avance !

En fait d’opposition déterminée, le spectacle que donnent les politiciens socialistes est celui, bien habituel, des petites et grandes manœuvres. C’est la lutte de places pour être celui ou celle qui prendra la tête du parti et, qui sait, se positionnera déjà comme le futur candidat de la gauche pour 2012. Et pour se donner des chances d’y parvenir, ils se demandent comment mieux plaire à cet électorat qui a fait la bonne fortune de la droite aux dernières présidentielles. De Hollande à Montebourg, de Royal et jusqu’à Rocard, tous ont les mêmes mots à la bouche : « rénovation », « rassemblement », « renouvellement »... La comédie tourne souvent au ridicule et les enchères montent. Comme lorsqu’un sondage place Dominique Strauss-Khan meilleur prétendant à la direction du PS, alors même qu’il parcourt le vaste monde, menant campagne pour un poste de dirigeant du FMI... avec le soutien et la bénédiction de Sarkozy lui-même. Ou quand Bernard Kouchner, ex-socialiste devenu l’un des principaux ministres du gouvernement Fillon, prend le temps de se dire « attristé » de la situation du PS avant de lui prodiguer, en bon « french doctor » au chevet du malade, ses conseils pour la construction d’« une gauche forte et alternative ».

Tous les mots creux des candidats au rassemblement du PS cachent mal les ambitions personnelles. Et ils cachent encore moins bien la volonté totale des socialistes sur le plan politique de ne pas entraver sérieusement la politique de l’actuel pouvoir. Ils en sont réduits à commenter les moindres faits et gestes de Sarkozy, en critiquant certes ses mesures, mais surtout en s’offusquant sur la forme. Des hauts cris face à « l’hyper-présidentialisation », à la bataille dérisoire pour tenter de faire comparaître Cécilia Sarkozy devant une commission parlementaire sur son rôle dans les négociations avec le régime libyen pour la libération des infirmières bulgares, les socialistes tentent de montrer qu’eux aussi peuvent s’agiter autant que le chef de l’État.

À une différence près. Les gesticulations médiatiques de Sarkozy sont la façade d’une politique bien réelle d’attaques tous azimuts contre les classes populaires. Il a déjà fait voter la casse du droit de grève sous couvert de « service minimum », ou entamé avec le bouclier fiscal sa réforme des impôts en faveur des plus riches ou encore une réforme des universités sur le dos des plus démunis. Et il s’attelle à la casse du code du travail avec le projet de « contrat unique » aggravant la précarité. Sans compter les nouvelles franchises en matière de remboursements des frais médicaux et une nouvelle détérioration du régime des retraites.

De son côté, l’agitation du PS cherche seulement à faire oublier qu’il n’a justement rien à opposer à la politique du gouvernement. Il faut reconnaître que la plupart des mesures phares de Sarkozy apparaissaient aussi, parfois certes sous une forme atténuée, dans le programme de la candidate socialiste à l’élection présidentielle. Cela rend d’autant moins crédibles les velléités d’opposition des dirigeants du PS... quand ils font seulement l’effort d’en formuler.

Au comble de son radicalisme pour « le renouvellement » au PS, Ségolène Royal a reconnu à Sarkozy sa « sincère volonté de réforme » avant de le mettre gravement en garde contre un « risque d’immobilisme ». Qu’elle soit rassurée, il ne semble pas près de s’arrêter de « réformer » à grand coup d’attaques anti-ouvrières. À moins que les travailleurs, retrouvant le chemin des luttes d’ensemble et ne l’immobilisent eux-mêmes. En tous cas, entre petits grenouillages et grandes phrases, le Parti Socialiste fait en cette rentrée la démonstration, à ceux qui en douteraient encore, qu’ils ne doivent pas compter sur lui.

Yves LEFORT