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L’opposition à Sarkozy ? Les fausses indignations du PS ou les vrais coups de colère du monde du travail ?

jeudi 9 août 2007

Décomplexée, c’est de cette manière que Sarkozy avait passé ses premiers jours de président à Malte sur un yacht de luxe, et c’est ainsi qu’il passera ses vacances dans son bungalow à 22 000 euros la semaine. Mais tout cela lui est offert, paraît-il, par ses amis milliardaires ! Il faut reconnaître qu’il part avec la satisfaction du devoir accompli. Passée la désagréable séance bruxelloise d’explication de programme aux partenaires européens quelque peu sceptiques, il a pu commencer à mettre en œuvre ses projets.

La réforme des universités, qui va dans le sens d’une plus grande sélection par l’argent, la loi antigréviste sur le service minimum pour tenter d’affaiblir les moyens de lutte et de résistance des salariés. Et enfin, le paquet fiscal, énorme sucette de dix milliards d’euros octroyée aux bourgeois et patrons à travers des baisses ou exonérations d’impôts dans tous les sens. Pour les financer, les attaques contre tous ceux qui ne peuvent se payer des vacances à la Sarko sont déjà prévues à la rentrée. De nouvelles franchises pour les assurés sociaux ont été hypocritement annoncées, malades d’Alzheimer au bras : jusqu’à cinquante euros de prélèvement annuel en plus sont « envisagés » . Les suppressions de postes dans la fonction publique s’accélèrent avec le non remplacement probable d’un retraité sur trois... ou sur deux. Cela dépend des jours, et du ministre interrogé.

S’il a classiquement profité du mois de juillet pour faire passer ses premières mesures sans réaction notable des travailleurs, Sarkozy a en outre pu compter sur une opposition à la fois lamentable sur la forme et complaisante sur le fond. François Hollande, qui risque au train où vont les choses d’être bientôt le seul et dernier éléphant du PS à ne pas avoir rallié le camp du président, se multiplie pourtant sur les ondes et dans les médias. Un jour il s’étonne que la France, troisième pays exportateur d’armes au monde, ait pu en vendre à un dictateur comme Khadafi. De Saddam Hussein à Omar Bongo, à qui Sarkozy vient encore d’apporter son soutien politique, c’est pourtant une vieille tradition qu’il aurait pu observer à loisir depuis 30 ans qu’il navigue dans les plus hautes sphères du gouvernement ou du PS. Un autre il s’interroge sur le rôle de Cécilia Sarkozy, dans la libération des infirmières bulgares, comme si le coup de pub n’était pas tout aussi évident que dérisoire.

Alors un naïf Hollande ? Ou plus simplement le chargé de brouiller les cartes et de dissimuler l’impuissance du PS ou plutôt l’absence de toute volonté de proposer une réponse aux attaques sur le terrain social ? Il a suffi de quelques semaines à la quarantaine de députés PS supplémentaires élus aux dernières législatives pour démontrer son utilité aux travailleurs... aucune. Tous les projets gouvernementaux sont passés comme une lettre à la poste. Même plus, Martin Malvy, président PS du conseil régional de Midi-Pyrénées prend soin de préciser que « si la loi [sur le service minimum] est votée, nous l’appliquerons [ ]. » Pas de doute il a été aussi utile d’élire les caciques du PS à la tête de 22 régions sur 23 que d’envoyer une forte minorité de gauche à l’Assemblée nationale !

Il faut donc se préparer à se battre dès la rentrée... sans compter sur la gauche. Mais on le savait déjà. Certes il y a cette nouvelle chausse-trappe qu’est la loi sur le service minimum. Et il y a aussi ces leaders syndicaux, que la moindre cacophonie gouvernementale suffit à soulager et à amener à parler de premier recul. Mais à l’hiver 2004, les travailleurs des transports milanais ont révélé la fragilité de ce genre de lois. Elles ne tiennent qu’en l’absence de réaction de la classe ouvrière. Les « autoferrotranvieri » avaient alors montré par leur grève totale de plusieurs jours qu’on peut passer par dessus des lois antigrévistes encore plus restrictives que celle qui vient d’être votée et même les réquisitions sans que les autorités puissent mettre à exécution leurs menaces de sanction. Un exemple italien qui montre à tous les travailleurs et les militants syndicaux et politiques combatifs de la classe ouvrière que Sarkozy peut créer tous les paratonnerres possibles, ils n’empêcheront pas l’explosion des colères ni le succès des luttes d’ensemble.

Marc OUSSIS