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Une nouvelle gifle pour Macron

lundi 21 juin 2021

Près de 66 % d’abstentions en moyenne, plus de 80 % parmi les jeunes et les milieux populaires : les élections régionales n’ont pas fait recette. Les partis de gouvernement qu’ils soient de droite ou de gauche ont pleuré sur la « catastrophe pour la démocratie ». Une façon peu habile de cacher leurs responsabilités dans ce désaveu. Il est périlleux de faire parler le silence, mais si la sous-traitance à une entreprise privée Adrexo de la distribution du matériel électoral et ses couacs ont contribué à un certain désordre, on devine avant tout un mélange de désespoir, de colère, d’indifférence.

Derrière le silence un désaveu du système

Le premier tour est d’abord l’échec électoral de Macron et ses amis qui obtiennent 11 % à l’échelle du pays, malgré le renfort de moyens, de ministres et même de youtubeurs. Le président se voulait faiseur de rois, il n’a fait que de la figuration : par rapport aux électeurs inscrits, le gouvernement a séduit moins de 4 % des citoyens ! Une vraie claque cette fois.

Marine Le Pen elle aussi a dénoncé « un désastre civique », grondant ses électeurs de ne pas avoir fait le déplacement, car les régionales ont aussi sanctionné le Rassemblement national. Pourtant, il ne faudrait pas se tromper, les idées d’extrême droite sont toujours là, et l’élection présidentielle peut réserver d’autres surprises. Car il y a de nombreux points communs entre le Rassemblement national et tous les partis institutionnels qui jouent sur la démagogie sécuritaire, la peur, le racisme. Jusqu’à Roussel, le responsable du Parti communiste, qui a fait de la surenchère sécuritaire en promettant de ne pas être « laxiste ».

La première insécurité, l’insécurité sociale

Bien sûr qu’il y a de l’insécurité dans les cités. Mais c’est profondément mépriser les classes populaires que de tout ramener à cela. Car la première insécurité, c’est l’insécurité sociale qui semble avoir été la préoccupation principale des électeurs au grand dam des marchands de peurs.

À gauche, le Parti socialiste sauve les meubles et le PCF fait de la figuration. Les écologistes, qui mettaient en avant des idées en vogue et un souci pour la planète partagé par tous, ne s’en sont pas mieux sortis. La France insoumise, quant à elle, s’est alliée avec d’anciens macronistes, comme en Pays de la Loire, est allée seule parfois au combat, ailleurs avec la gauche, en offrant au final un profil illisible mais très conciliant avec le capitalisme. Elle n’a pas su mobiliser.

Avec une campagne aussi éloignée des préoccupations des travailleurs – les licenciements, les bas salaires, la précarité –, pas étonnant donc que les électeurs des milieux populaires ne se soient pas déplacés pour voter.

Des leçons, des dangers et des tâches pour l’avenir

La grande lassitude est évidente et la ressemblance entre tous ces programmes n’a pas soulevé l’enthousiasme. Ce n’est pourtant pas une surprise. Avec la pauvreté galopante, les entreprises qui licencient, la précarité qui explose en même temps que les profits, il y a de quoi être écœurés. D’ailleurs, loin de ces programmes compatibles avec la démocratie des riches, seules les listes de Lutte Ouvrière, que nous avons soutenues, ont clairement défendu le camp des travailleuses et des travailleurs, et ont d’ailleurs modestement progressé.

D’un autre côté, il y a autre chose qu’une simple bouderie. Le pari sécuritaire n’a pas marché cette fois-ci. Pour faire passer leurs sales coups, les partis institutionnels ont besoin d’une machine électorale bien huilée, avec des candidats un tant soit peu crédibles, capables de donner le change, de faire semblant de s’opposer entre eux et ainsi assurer la stabilité par l’alternance. Pour s’assurer qu’avec un tel « changement », rien ne change sur le fond.

Mais, là, comme le souligne le journal patronal Les Échos, rien ne se passe comme prévu. La voilà, la grande crainte des véritables maîtres de ce pays : la colère sociale ! Aux travailleurs de perturber ce système – et cela se passera largement hors de la course électorale et de leur agenda. Pour, enfin, changer les règles du jeu.

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