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Des riches toujours plus nombreux… et plus riches

vendredi 23 mars 2007

En 2005, le monde comptait 793 personnes dont la fortune dépassait le milliard de dollars de patrimoine financier (tous les titres financiers, les actions, les obligations, mais pas l’immobilier), et leur nombre est passé à 945 en 2006 ! Mais ces milliardaires, ceux dont on parle le plus dans les gazettes, sont l’arbre qui cache une dense forêt de 8,3 millions de millionnaires en dollars. C’est 600 000 de plus qu’en 2004 [1] !

Le nombre de millionnaires dans le monde a doublé ces dix dernières années. Mais cela ne signifie pas que ceux qui l’étaient déjà ont partagé avec les nouveaux venus. Au contraire, la richesse s’est concentrée aux mains d’une petite minorité. En témoigne l’évolution du niveau des grandes fortunes. En 1957, 250 Américains possédaient 50 millions de dollars ou plus d’actifs financiers, d’après la revue Fortune . Aujourd’hui, qui détient cette somme, soit environ 350 millions de dollars actuels, ne fait même pas partie de la liste Forbes des 400 personnes les plus riches ; elle commence à 900 millions. Le plus riche Américain de 1957, le magnat du pétrole J. Paul Getty, occuperait de nos jours une place entre le 31e et le 42e rang.

Et dans tous les pays, plus on est riche, plus on s’enrichit rapidement. Les 85 000 « Top fortunes » (comprenez ceux qui dépassent 35 millions de dollars d’épargne financière) ont augmenté leur patrimoine de 10 % rien que pour l’année 2005 [2]. Selon Forbes, la fortune des 400 Chinois les plus riches a augmenté de 51 % en 2006.

France, terre de riches…

Dans le même temps, la première fortune de France, celle de Bernard Arnault, est passée de 14,3 à 17,2 milliards d’euros, tandis que celle de la famille Bouygues a augmenté de 54 %, celle de la famille Mulliez (Auchan) de 40 %, et celle de Marcel Dassault « seulement » de 15 %.

C’est que la France est l’un des pays les plus riches en riches. Avec 367 000 détenteurs d’un patrimoine financier d’au moins un million de dollars, la France se classe au 5e rang pour le nombre de millionnaires, mais derrière quatre pays plus peuplés qu’elle, et devant… la Grande-Bretagne et l’Allemagne, pourtant également plus peuplés !

Les plus grandes fortunes françaises (Arnault, 17,2 milliards de fortune professionnelle, Bettencourt, 12 milliards etc.) sans être dans le tiercé gagnant ne font pas pâle figure face aux plus grands magnats américains (la famille Walton de Wal-Mart, 73 milliards d’euros, Bill Gates, 37 milliards, Warren Buffet, 35 milliards), européens (les allemands de la grande distribution Albrecht, 27 milliards, Ingvar Kamprad d’Ikea, 18 milliards, le russe Roman Abramovitch, 10 milliards), ou issus de pays sous-développés, comme le prince Saoudien Alwaleed (19 milliards) et l’Indien Lakshmi Mittal (20 milliards).

Rien d’étonnant à ce que la France compte 201 fortunes supérieures à 150 millions d’euros en 2006 contre 80 en 1996, alors milliardaires en francs.

La crise du logement, source de grandes fortunes

Encore ces chiffres ne concernent-ils que les actifs financiers, notamment les actions et les obligations, et non les possessions immobilières. Si l’on prend en compte le patrimoine immobilier, la fortune des plus riches s’est gonflée davantage encore. En France, entre 1995 et 2005, le patrimoine de l’ensemble des ménages français a doublé, soit 4 000 milliards d’euros supplémentaires qui proviennent pour les trois quarts de la valorisation de l’immobilier, à la fois terrains et logements. Or, sur ces 3 000 milliards, seuls 900 sont le fruit de la construction de nouveaux logements ou de l’amélioration des anciens. 2 100 milliards d’euros ont été accumulés par les propriétaires sans rien faire, en dormant pour ainsi dire, juste du fait de la hausse des prix de l’immobilier [3]. Cela va sans dire, tout le monde ne s’est pas enrichi autant. Sinon chaque ménage français aurait accumulé en dix ans 160 000 euros, c’est-à-dire serait devenu millionnaire en francs grâce à la pierre… Bien au contraire, la flambée des prix de l’immobilier et des loyers, c’est la dramatique crise du logement pour les uns, une fabuleuse occasion d’enrichissement pour les autres.

Mathieu PARANT


Un monde de plus en plus inégalitaire

Les 8 millions de millionnaires de la planète vivent entourés d’un océan de pauvreté, comme le rappelle le rapport mondial sur le développement humain du PNUD en 2005 : « les 500 personnes les plus riches du monde ont un revenu combiné plus important que celui des 416 millions les plus pauvres. À côté des ces extrêmes, les 2,5 milliards d’individus vivant avec moins de 2 dollars par jour – 40 % de la population mondiale – représentent 5 % du revenu mondial. Les 10 % les plus riches, qui vivent presque tous dans des pays à revenu élevé, comptent pour 54 % ».


Qui possède la richesse ?

La France, malgré tous les discours ronflants sur le « modèle social français », n’est absolument pas un pays plus égalitaire que la moyenne… Mais il y a encore beaucoup à faire pour égaler le niveau de concentration des richesses aux États-Unis. Voilà donc un objectif dont peuvent rêver les bourgeois français : le rêve américain !

Source : Serge Halimi, « Rituel démocratique et société de castes », Le Monde diplomatique, novembre 2006


Le Smic… et le Fmic

Ce n’est pas nous qui l’affirmons mais le magazine, pas vraiment d’extrême gauche, Challenges à propos de la France : « Les riches le sont de plus en plus. Depuis 1996, date de la première édition des « fortunes professionnelles » par Challenges, notre Fmic (Fortune minimale d’insertion dans le classement) est passée de 14 à 41 millions d’euros. Selon Merril Lynch la fortune financière des riches dans le monde a augmenté en moyenne de 8,2% en 2004 et devrait encore croître de 6,5 % cette année. Un rythme bien plus élevé que celui de la croissance économique de la planète. Il en est de même en France, où le montant des 500 premières fortunes s’est accru de 1 % en deux ans, soit quatre à cinq fois plus que le richesse nationale. » C’était en juillet 2005. Un an plus tard, ce « Fmic » est passé à 50 millions d’euros…


[1Selon un rapport de Capgemini – Merrill Lynch.

[2Challenges n°44, juillet 2006, page 44, citant un responsable de l’étude World Wealth Report chez Capgemini.

[3Denis Clerc, « Riches propriétaires ! », Alternatives économiques , n°254, janvier 2007.

Mots-clés Bourgeoisie , Société
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