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Texte d’un tract diffusé à l’occasion de la « Marche des libertés » du 12 juin 2021

Contre l’extrême droite, ceux qui lui pavent la voie et ceux qui lui courent après !

jeudi 10 juin 2021

Comme beaucoup d’autres, nous serons dans la rue aux côtés de bien des travailleurs et des jeunes, ce samedi 12 juin, pour cette « Marche des libertés » mise sous le signe de l’opposition à l’extrême droite. Mais nous y serons avec toute la défiance nécessaire à l’égard d’appareils et de chefs de gauche, politiques et syndicaux, qui nous y appellent mais dont pourtant la politique, depuis des décennies, contribue à apporter de l’eau au moulin de l’extrême droite.

Voici le texte du tract :

La montée du RN et la banalisation de ses idées ont de quoi inquiéter : l’extrême droite dicte désormais son agenda à la vie politique française avec la complicité cynique du pouvoir en place, la complaisance de nombreux médias et la lâcheté opportuniste d’une bonne partie de la gauche. Les idées racistes, xénophobes et réactionnaires nous pourrissent l’atmosphère ! Alors que Le Pen envisage sérieusement d’accéder au pouvoir à la prochaine présidentielle, certains parlent de danger « fasciste »… pour nous pousser à serrer les rangs – non pas dans la rue, car ce n’est qu’un détour symbolique, mais dans les urnes – et redorer le blason de ceux qui sont en grande partie responsables de cette situation.

L’extrême droite décomplexée

Marine Le Pen est quasi certaine d’arriver au deuxième tour en 2022, et pas certaine de le perdre. Comme d’autres partis dans son genre dans le monde, le RN est en passe d’accéder au pouvoir. Pas par un coup de force fasciste, mais par les urnes, en déroulant sa démagogie raciste, xénophobe et sécuritaire, tout en prétendant incarner l’opposition à Macron.

La menace est réelle : une fois au pouvoir, l’extrême droite sert les capitalistes et s’en prend aux classes populaires sur fond de déchaînement réactionnaire et de division des travailleurs : restrictions du droit à l’IVG en Pologne, hausse du temps de travail en Autriche, baisse d’impôts pour les riches aux États-Unis. D’ailleurs les cadres du RN cachent mal leur mépris pour les classes populaires. Joëlle Mélin, députée européenne, a ainsi déclaré : « Le sentiment de pauvreté n’est pas proportionnel au smic. » Quant à Julien Odoul, tête de liste en Bourgogne-Franche-Comté, il aurait demandé à propos du suicide par pendaison d’un agriculteur si la corde était bien française. Ce n’est qu’un avant-goût de la politique anti-pauvres que mènerait le RN au pouvoir.

Dès maintenant, l’extrême droite se sent encouragée et montre les muscles. Pour l’instant elle se contente de coups de pub’, mais elle prend confiance : on l’a vu récemment avec les vidéos de la fachosphère, la claque des royalistes à Macron, l’envahissement d’un conseil régional en Occitanie… ou les actions anti-migrants aux frontières. Plus qu’une menace réelle, ces opérations traduisent la banalisation des idées d’extrême droite dans l’ensemble de la sphère politique… et même de son programme que reprend à son compte le gouvernement : si Génération identitaire se permet de parader aux frontières, c’est parce que les flics de Darmanin font la même chose, voire pire, en refoulant et en harcelant les migrants. Résultat : les fachos se sentent pousser des ailes. Non seulement la politique de Macron est abjecte, mais contrairement à ce qu’il prétend, elle favorise le RN.

Macron fait le jeu de Le Pen

Depuis 2017, Macron met le RN au centre du jeu politique et se pose en dernier rempart face à Le Pen. Comme elle, il prépare le duel de 2022 et lui offre ainsi la figure d’opposante numéro un… Une double imposture, car Le Pen ne s’oppose en rien à Macron, et ce dernier applique déjà une partie du programme de la candidate du RN ! Le gouvernement en banalise le discours. On l’a vu lors du débat entre Le Pen et Darmanin, qui a même critiqué sa « mollesse » ! Cela devient difficile pour elle de jouer la surenchère face à celui qui lutte contre le « djihadisme d’atmosphère », un concept récupéré dans les poubelles du RN. Loi séparatisme, restriction de l’immigration, loi Sécurité globale : non content de reprendre la propagande d’extrême droite, le gouvernement met en œuvre son programme anti-immigrés, pro-flics, sécuritaire et réactionnaire. Dans ce contexte, face à Macron et Le Pen, il faudrait-il s’en remettre aux appareils de la gauche de gouvernement ?

Les chefs de la gauche institutionnelle, comme remparts à l’extrême droite ?

Du PS au PCF en passant par EELV, les chefs des partis de gauche courent derrière le RN et reprennent ses thématiques ! Comme Le Pen, Darmanin ou Zemmour, les Jadot, Faure, Hidalgo et Roussel ont participé à la manifestation des syndicats de police le 19 mai. Plutôt que de dénoncer la démagogie nationaliste, la xénophobie et la surenchère sécuritaire, le PCF fait campagne contre l’insécurité (Fabien Roussel l’assume : « Ma gauche à moi, elle ne sera pas laxiste ») et le PS déclare aux policiers « Je suis des vôtres » en leur promettant un « droit de regard » sur la justice ! Côté LFI, on s’insurge contre l’extrême droite qui monte mais il n’y a pas si longtemps, Ruffin revendiquait plus de « protectionnisme » au nom de la « grandeur de la France » et s’opposait à la « liberté de circulation », comme Mélenchon avant lui. Pour lutter contre les idées d’extrême droite, on a vu mieux !

Tous ces partis promettent d’ailleurs davantage de moyens pour la police, une police qui serait bonne parce que « républicaine », disent-ils ! Pas facile pourtant de distinguer les coups de matraque « républicains » des autres – sur fond de violences policières qui se banalisent. Les derniers mouvements sociaux ont encore montré que cette police gangrénée par le racisme est toujours l’arme des riches pour protéger l’ordre établi.

Ce n’est pas sur le seul plan des propositions que la gauche institutionnelle file le train à Le Pen : certains parlementaires ont ainsi voté des articles de la loi séparatisme, comme le fameux « amendement Unef » au Sénat. Rien d’étonnant de la part des héritiers de Mitterrand et de Hollande ! Qu’a fait la gauche, quand elle était au pouvoir ? Donné le droit de vote aux étrangers et régularisé les sans-papiers ? Exactement l’inverse : état d’urgence prolongé, déchéance de nationalité, lois anti-immigrés, discours anti-Roms et couverture des violences policières. Voilà son bilan. Sans parler de la politique pro-patronale qui a semé la désillusion et fait grimper les scores du RN, qui peut se présenter comme l’alternative qui n’a pas encore été testée. Pas question donc de compter sur ces dirigeants de gauche – tout dévoués aux intérêts de la bourgeoisie – pour faire reculer le RN et ses idées.

Contre l’extrême droite, faire entendre les intérêts des travailleurs

L’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen ne serait pas une simple péripétie du jeu politique bourgeois. Elle représenterait une aggravation de la situation des travailleurs, des femmes et des minorités. Mais contre cela, il n’y aura pas de raccourci électoral. C’est sur le terreau de la crise sociale que prospère Le Pen, dans cette société capitaliste dont les gouvernements successifs sont les meilleurs défenseurs. Une crise que Macron, tout comme Hollande avant lui, fait payer aux travailleurs.

Si l’extrême droite donne le ton, c’est parce qu’à ce jour la classe ouvrière encaisse plutôt les coups du patronat et du gouvernement à son service. Non sans réactions et colère ! Face à quoi il y a urgence à faire entendre la voix des travailleurs et à affirmer que leurs adversaires ne sont pas les étrangers ou les chômeurs, mais les capitalistes qui s’enrichissent toujours plus, à commencer par ceux du CAC 40 et les milliardaires bien français dont la fortune a augmenté de 40 % en un an. Les problèmes du monde du travail aujourd’hui ne sont pas l’insécurité, l’islam ou le terrorisme : ce sont plutôt l’insécurité sociale, la précarité, le chômage, les salaires trop bas et les conditions de travail qui se dégradent.

Face à ceux qui veulent diviser et affaiblir les travailleurs, il faut répondre par l’internationalisme et l’unité des travailleurs dans leur combat de classe. Voilà le seul antidote à l’extrême droite ! En France comme ailleurs, ce n’est pas dans les urnes qu’on fera reculer l’extrême droite et ses idées, ni ceux qui lui pavent la voie. C’est en s’opposant à Macron et à sa politique au service des patrons : en faisant entendre les intérêts du monde du travail, qui sont diamétralement opposés au programme nationaliste, souverainiste et xénophobe de Le Pen… et de ceux qui lui courent après !

Mots-clés Politique