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Brésil : Volkswagen licencie et se débarrasse des militants qui organisent la riposte

vendredi 23 mars 2007

Largement implantée au Brésil – sept sites en tout –, Volkswagen poursuit, là comme ailleurs, son plan de licenciements à grande échelle. Dans la zone industrielle de Sao Paulo, 7 000 emplois ont été supprimés depuis six ans et 3 600 autres suppressions sont prévues pour 2007. Profitant de la période estivale, la direction de l’usine Sao Bernardo vient de licencier 1 300 travailleurs dont un grand nombre atteints par des maladies professionnelles non reconnues mais aussi deux dirigeants syndicaux connus pour leur détermination à combattre cette politique de suppressions d’emplois.

Malgré la position majoritaire du syndicat des métallurgistes – syndicat dont est issu Lula, et dont la direction est totalement inféodée au gouvernement – qui ne jure que par la négociation, des débrayages importants ont eu lieu. Une grève contre les suppressions d’emplois avait duré quatre semaines fin 2005 dans l’usine de Sao Bernardo. Fin août 2006, plus de mille ouvriers reçoivent des lettres de licenciement et 500 stagiaires sont remerciés. La grève éclate et dure 6 jours malgré des dirigeants syndicaux qui appellent rapidement à poursuivre le mouvement par d’autres moyens que la grève. La direction de Volkswagen finit par suspendre son plan de licenciement en attendant de nouvelles négociations.

Deux des militants qui ont contribué à organiser ce mouvement et qui défendent une position combative dans le syndicat se retrouvent aujourd’hui licenciés et privés du soutien des dirigeants syndicaux majoritaires. Le mouvement d’opposition syndicale qu’ils représentent a pourtant recueilli 37 % des voix aux élections professionnelles de 2005. Le 6 mars, un rassemblement de soutien à ces camarades a eu lieu devant l’usine de Sao Bernardo mais, pour l’heure, ils n’ont pas été réintégrés dans l’usine.

Voici l’appel qu’ils adressent à la direction de leur propre syndicat et de leur confédération – la CUT – ainsi qu’aux organisations syndicales et politiques susceptibles de protester contre la politique honteuse de Volkswagen.

Appel de l’opposition métallurgique ABC

Volkswagen Brésil licencie les travailleurs en mauvaise santé et le dirigeant du Syndicat de Métallurgistes de l’ABC (initiales qui désignent le pôle industriel de la périphérie de São Paulo).

En 2006, Volkswagen a fait 2,7 milliards d’euros de bénéfices, ce qui signifie une augmentation de 145 % par rapport à 2005. En plus de cela, le BNDES (Banque Nationale de Développement Économique et Social, banque d’État qui sert à financer les projets des entreprises privées) a accordé des crédits et des prêts d’environ 1,5 milliard de dollars lors des 6 dernières années. Cependant, pendant ces 6 années, 7 000 emplois ont été supprimés et Volkswagen prétend licencier près de 3 600 travailleurs en 2007. Lors de la première phase de licenciements, 1 300 postes ont été supprimés jusqu’au mois de janvier. Ainsi, une usine qui atteignait les 40 000 ouvriers dans les années 1980 envisage de réduire son personnel à 6 000 ou 7 000 ouvriers en 2010.

Cet objectif étant fixé, l’entreprise Volkswagen a recours à toutes sortes de moyens pour réduire les effectifs : fraudes, mensonges, chantages et menaces de fermer le site d’Anchieta (San Bernardo, à l’ABC). En plus de cela, l’entreprise licencie des travailleurs atteints de maladies professionnelles, ces derniers ayant entamé un procès en justice contre l’Institut National de Sécurité Sociale. Pour parvenir à ses buts et en finir avec la résistance des travailleurs, la direction, comme on pouvait s’y attendre, s’attaque maintenant à l’organisation syndicale des travailleurs et viole la législation brésilienne du travail, la Constitution Nationale et les Conventions de l’Organisation Internationale du Travail. Dans les listes de licenciement on trouve les noms des dirigeants du Syndicat des Métallurgistes de ABC dont le Président de la République lui-même, Lula, fut un dirigeant dans le passé.

En montrant un dédain absolu pour les droits des travailleurs, Volkswagen vient de licencier Rogerio de Cerqueira Romancini, travaillant dans l’entreprise depuis 6 ans et demi, et élu à la direction du syndicat pour le mandat 2005-2008. La direction avait déjà licencié un autre dirigeant syndical à la fin de l’année dernière, le camarade Biro-Biro… Si Volkswagen a été capable de licencier le dirigeant du Syndicat des Métallurgistes de ABC, le syndicat le plus ancien de notre pays et qui a été au coeur des grandes luttes des années 1970 et 1980, si cette attaque est possible, cela veut dire que l’entreprise ne respectera plus rien. Cette attaque doit donc être arrêtée !

C’est pour cela que les membres du Comité d’Usine et les dirigeants du Syndicat des Métallurgistes de Volkswagen appellent l’ensemble du monde syndical et populaire, le mouvement étudiant, les parlementaires, les hommes politiques et les personnalités, de tout le pays mais aussi du monde entier, à manifester contre ce coup porté au coeur de la classe ouvrière brésilienne.

Non aux licenciements à Volkswagen !

Non aux attaques de Volkswagen contre les Organisations ouvrières !

Pour la défense de l’organisation syndicale des travailleurs !

Reintégration immédiate de Rogério Romancini et Biro-Biro !

Signataires : membres du Comité d’Usine Volkswagen : Tico (aile 3), Wagner, Eder et Neto (ailes 4 et 2), Alemao (aile 13). Directeurs du Syndicat (CSE) : Ermano (aile 14), Brandao (aile 5), Curie (salle des machines).

Mots-clés Automobile , Brésil , Monde