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Editorial

Du jeu vidéo aux choses sérieuses

jeudi 18 janvier 2007

Il y a le pays virtuel. Celui du jeu vidéo électoral où s’affrontent pour de rire un avatar féminin bon chic bon genre et un avatar masculin qui vole son langage à Le Pen.

Et il y a le pays réel. À un bout une infime minorité bénéficiant de toute l’assistance de l’État et de son infinie générosité, de milliards de subventions et d’exonérations fiscales, avec en prime la promesse d’une nouvelle baisse de l’impôt sur les sociétés ! À l’autre bout, le chômage, les licenciements, les suppressions de postes dans les services publics, la paupérisation, la précarité, la crise du logement, le harcèlement au travail, les centres de rétention, les travailleurs pauvres SDF... Un pays où l’accumulation d’une richesse privée éhontée se nourrit de l’injustice et de la barbarie sociales.

Mais le pays réel, c’est aussi autre chose. C’est celui de tous ceux qui, sans attendre les élections, manifestent ici ou là leur mécontentement, résistent aux attaques ou sont même passés... à l’action directe !

Ces derniers mois, dans la plupart des villes du pays, les centaines d’enseignants et de parents d’élèves des réseaux RESF ont su construire une mobilisation de plus en plus efficace contre les expulsions de familles de sans papiers. Ces dernières semaines, même chose avec les tentes de SDF des Enfants de Don Quichotte. La véritable question du logement reste bien sûr entière en dépit des quelques gestes du gouvernement, comme l’expliquent parfaitement les SDF qui n’ont toujours pas démonté leurs tentes et la plupart des militants associatifs qui les soutiennent. Mais sur les lieux de travail également, les manifestations de générosité et de solidarité ne sont pas rares. Comme tout récemment, et ce n’est qu’un cas parmi d’autres, ce début de mobilisation des ouvriers de l’arsenal de Cherbourg contre le licenciement des intérimaires.

Sans parler des différentes formes de conflits locaux ou partiels, récurrents à la Poste, à la SNCF et autres services publics. Des débrayages pour les salaires dans l’automobile ou ailleurs. Des multiples mobilisations locales ou régionales contre les licenciements, comme la dernière en date chez Metzeler, cet équipementier automobile de Normandie.

La réalité actuelle de la lutte de classe, c’est la multiplication des conflits localisés ou spécifiques et la succession des mobilisations sur tel ou tel problème particulier. La difficulté, ce n’est pas le manque de combativité ni la résignation. C’est la dispersion des luttes. Leur cloisonnement. C’est l’émiettement des mécontentements. Ce que déplorent bien des militants syndicaux ou associatifs, mais par contre dont s’accommodent parfaitement les leaders des confédérations syndicales ou des grands partis de gauche.

Et c’est là où l’extrême gauche, à l’occasion des prochaines présidentielles, peut déranger les petites règles du jeu électoral. Pas forcément pour engranger plus de voix dans un contexte où le chantage au vote utile pèsera peut-être fortement, mais pour faire entendre la seule voix exprimant l’urgence actuelle : la nécessité de faire converger toutes les luttes locales et dispersées, toutes les formes de mobilisation. Et cela, seuls ceux qui se disent explicitement et sincèrement dans le camp des travailleurs - que, au total, 10 % de la population avaient approuvés en 2002 - c’est-à-dire les porte-parole de l’extrême gauche, à commencer par notre candidate, Arlette Laguiller, pourront l’exprimer clairement et fermement. Nul doute, quel que soit le décompte des bulletins de vote, que cette voix divergente exprimant la nécessité de l’heure de la lutte de classe, trouvera un écho auprès des principaux intéressés : ceux qui appartiennent au monde du travail.

14 janvier 2007

Mots-clés Elections , Politique