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CHU Nantes

L’Antidote Anticapitaliste n°9

1 Février 2021

vendredi 12 février 2021

De la crise de nerfs à la révolte sociale ?

Confinera, confinera pas ? Voilà plusieurs jours que le gouvernement souffle le chaud et le froid. Nos nerfs sont à vif. Les mesurettes annoncées par Castex vendredi n’auront qu’un effet à la marge sur la propagation du virus et ne peuvent faire oublier le fiasco de la campagne vaccinale. Depuis un an que ça dure, quand allons-nous sortir de cette valse de confinements et déconfinements décidés en fonction des seuls profits des grands groupes capitalistes, au mépris de notre santé et de nos vies ?

Faillite du système capitaliste

Après les échecs des campagnes de dépistages et de vaccination, voilà que les labos annoncent des retards de production et livraisons. C’est qu’ils ne fabriquent pas des médicaments ou des vaccins : ils fabriquent du profit pour leurs actionnaires. Alors que la mise en commun des capacités de production des entreprises pharmaceutiques serait une nécessité, les États se soumettent à leurs lois de la concurrence capitaliste. Il a fallu de longues négociations pour que Sanofi aide à mettre en flacon les vaccins Pfizer, mais pas question qu’il en produise, car c’est la guerre des brevets. Pendant ce temps, l’épidémie progresse et ce sont les classes populaires qui en paient le prix.

Les vrais profiteurs

L’effet premier et majeur des restrictions imposées, c’est l’appauvrissement et la précarisation du monde du travail. Selon le dernier rapport d’Oxfam, 715 000 emplois ont été supprimés dans l’intérim en France, sans compter les CDD non renouvelés. Et ceux qui bénéficient d’un CDI ne sont pas épargnés avec les baisses de revenus liés au chômage partiel. Au total, en France, un million de personnes a basculé dans la pauvreté depuis le début de l’épidémie. Moins de 1 % des 100 milliards d’euros du plan de relance est consacré à lutter contre la pauvreté. Un vrai drame pour des millions de jeunes qui se retrouvent sans revenu après la perte de leur job. Un drame pour celles et ceux qui ne peuvent plus payer leur loyer. Mais cette manne arrose les grands groupes licencieurs Total, Renault, Air France, Carrefour et même Sanofi qui supprime des centaines de postes dans la recherche médicale : on marche sur la tête ! Guère étonnant que les capitalistes, derrière ces groupes gavés d’argent public, aient vu leur fortune augmenter depuis le début de la pandémie. Celle des quarante-et-un milliardaires français a dépassé son niveau d’avant la crise et sept d’entre eux possèdent autant que les 30 % les plus pauvres.

Pour un programme d’auto-défense du monde du travail et de la jeunesse

Face à cette situation, l’abattement et l’exaspération pourraient laisser place à la colère et à la révolte. Des luttes du monde du travail et de la jeunesse pourraient émerger, dans lesquelles on devra avancer notre programme d’auto-défense face à l’urgence sociale, écologique, économique et sanitaire :

Autant de revendications à discuter largement, et à défendre par nos mobilisations à venir. Dans le pays, les morts du Covid se comptent par dizaines de milliers, les bénéficiaires de l’aide alimentaire sont huit millions, trois millions de plus qu’avant le Covid, et innombrables dans le monde. Le drame est à l’échelle internationale, ça suffit !


Des économies démasquées

Dans un Ehpad à Nantes, la direction refuse de fournir des masques FFP2 alors qu’on est sur le terrain et qu’on prend tous les risques. Alors qu’on est en permanence avec des patients positifs au Covid, on a le droit qu’aux masques chirurgicaux, qui ne protègent pas celles et ceux qui les portent. Résultat ? Les trois quarts des soignantes ont été contaminées. La direction fait des économies sur notre dos, et comme d’habitude, c’est nous qui en payons le prix. Si notre santé semble bien peu les préoccuper, c’est bien notre mobilisation qui les préoccupera.


Une formation méprisée

La semaine dernière, la direction de l’IFSI de Nantes a envoyé un décret de réadaptation au rabais de la formation des étudiants en soins infirmiers (ESI). Etant données les réquisitions passées et celles à venir, le décret officialise au national le fait que les étudiants réquisitionnés n’auront pas une formation aussi solide que nécessaire et que les promotions précédentes. Il est aussi à parier que ce décret est publié en prévision de la troisième vague pour pallier le manque d’effectifs dans les hôpitaux, les jeunes soignants de deuxième et troisième année serviront d’armée de réserve au détriment de leur propre formation, comme pendant la première et deuxième vague. Pourtant, ces étudiants sont déjà au bout du rouleau entre les stages, les réquisitions successives, le confinement, l’isolement et les cours sur Zoom. Au lieu d’embaucher du personnel à des salaires décents en CDI, la même logique de rentabilité continue ses ravages. Espérons une nouvelle donne dans le monde d’après : un mouvement d’ensemble des soignants et ESI pour obtenir plus de personnel, des salaires et de meilleures conditions de travail et d’études.


En guise de reconnaissance, pas de repos pour les « héros »

Depuis un an (voire bien plus !), directions hospitalières et gouvernements multiplient les notes et décrets en tout genre pour rogner sur nos temps de repos et de vacances. Dernier en date : le décret du 23 décembre 2020, qui vise à instaurer une indemnité compensatrice quand nous sont refusés nos congés (lorsque ça ne dépasse pas plus de dix jours de repos…). Mais on veut des salaires décents sans avoir à faire des centaines d’heures supplémentaires dans l’année, et on veut nos congés ! Résultat, à force de repousser nos congés, trop de fatigue et de stress nous épuisent. Mais à tant tirer sur la corde, on pourrait se résoudre à s’organiser pour imposer nos salaires et nos congés.


Le virus impérialiste

Si la crise sanitaire est mondiale, que le virus ne connaît pas de frontières, la gestion capitaliste de cette crise ne fait que renforcer les inégalités à l’échelle du monde. Une preuve de plus que les ravages de ce virus tiennent plus au système économique qu’à la nature. Alors qu’au niveau mondial le pourcentage des personnes atteintes de Covid qui décèdent du fait de la maladie est de 2,2 %, des pays connaissent des pointes de mortalité : 6,2 % au Soudan ou 11,8 % en République arabe sahraouie démocratique. Au Congo, des patients meurent faute d’électricité pour alimenter le peu de respirateurs dont les soignants disposent. En Indonésie, les soignants sont au chevet des victimes du séisme de Célèbes et doivent continuer à empêcher la propagation du virus. Dans le même temps, dix pays concentrent à eux seuls 80 % des doses : les États les plus puissants et les plus riches. Mais c’est aussi en s’inspirant du monde entier, que l’on peut s’apercevoir que face à cela, certains commencent à lever la voix. L’Afrique du Sud et l’Inde réclament la suspension des brevets détenus par les firmes pharmaceutiques. À Dakar, dans les quartiers populaires, tout comme au Pays-Bas, on commence à s’emparer de la rue pour contester des politiques sanitaires qui équivalent davantage à des muselières, qu’à des politiques de santé publique. L’impérialisme, en plus d’être une barbarie qui hiérarchise les vies humaines, est une aberration logique. À une crise sanitaire mondiale, la solution ne peut être qu’internationale.

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