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Un immigré ukrainien torturé à mort au centre de rétention de l’aéroport de Lisbonne

samedi 30 janvier 2021

C’est à l’approche de l’élection présidentielle, après neuf mois d’une enquête plus que discrète et d’omerta du gouvernement, que l’assassinat d’Ilhor Homeniuk, un immigré ukrainien de 40 ans, dans les locaux du CIT (centre de rétention de l’aéroport de Lisbonne) est devenu une affaire politique. Ce ressortissant ukrainien avait été retenu pendant deux jours par la police du Service des étrangers et frontières (SEF), puis copieusement tabassé par trois inspecteurs de ce service pendant 20 minutes et laissé agonisant, entravé avec du scotch sur le ventre pendant neuf heures. En sortant de la salle, un des inspecteurs a dit « Aujourd’hui je n’ai plus besoin d’aller à la salle de gym ! ». Cela a entraîné la mort d’Ilhor par asphyxie le 12 mars 2020 et le service des urgences (INEM) appelé à constater le décès avait conclu à une « mort accidentelle ». [1] C’est une lettre anonyme et des témoignages contradictoires qui ont alerté la PJ. Selon des témoins et Amnesty International, ces pratiques sont courantes dans ces services. [2] La directrice du SEF n’a démissionné que récemment, le 9 décembre, reconnaissant qu’Ilhor avait été torturé.

Un procès a lieu actuellement où sont inculpés les trois inspecteurs pour homicide, mais les douze autres inspecteurs suspectés de complicité et de non-assistance à personne en danger font l’objet d’une enquête dont on ne sait pas si elle débouchera sur un procès. Même incertitude quant au faux constat de l’INEM.

Pour échapper au limogeage et sous le feu des critiques des députés de l’opposition et de son propre parti, le ministre de l’Intérieur, Eduardo Cabrita, un ami personnel du Premier ministre, a promis une refonte du SEF. Le procureur du ministère public a aussi décidé d’une indemnisation de 800 000 euros pour la famille de la victime en raison du « traitement cruel, inhumain et dégradant » qui a été infligé à Ilhor Homeniuk. Au moment des faits, l’État portugais n’avait même pas payé le transfert du corps en Ukraine ! Et selon l’avocat de la famille, le gouvernement n’avait pas non plus contacté la veuve jusqu’à la date de la démission forcée de la directrice du SEF à la mi-décembre.


[1Journal O Expresso du 11 décembre 2020.

[2O Expresso du 24 décembre 2020.

Mots-clés Monde , Portugal