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Nous ne serons pas la « génération Covid » !

mercredi 27 janvier 2021

1 000 manifestants à Lyon, 400 à Paris, 300 à Toulouse ou 200 à Strasbourg, et de multiples rassemblements dans différentes villes : la journée du 20 janvier a été une bonne surprise. Quelques milliers d’étudiants sont sortis dans la rue pour dénoncer la situation qu’ils subissent depuis bientôt un an. Un milieu militant étudiant, mais aussi de nouvelles têtes, et des formes d’organisation sur les réseaux sociaux.

Au-delà des chiffres, encore faibles, des noyaux étudiants s’organisent, malgré les contraintes, dans des sit-in, blocages de partiels, des AG et des discussions numériques. À Lyon, ce sont notamment les étudiants de Lyon III, fac historiquement de droite, qui se sont fait remarquer et se sont organisés via un groupe Facebook au titre clair : Génération Covid. Bref, les « derniers confinés » commencent aussi à se montrer.

« Politiques incompétentes, jeunesse agonisante »

Solitude, précarité et enfermement dans des logements exigus et parfois insalubres, les étudiants voient leurs conditions de vie et d’études s’aggraver depuis le début de la pandémie. Beaucoup décrochent, ne trouvent pas de stages, cherchent des boulots qui se raréfient. L’isolement, notamment causé par la fermeture des facs, se fait terriblement sentir, allant parfois jusqu’aux suicides qui ont fait l’actualité. Dans les AG et sur les réseaux sociaux, de nombreux témoignages insistent sur le caractère insupportable du confinement tel qu’il est imposé aux jeunes. Alors qu’un troisième confinement est évoqué par la presse, la réouverture des universités a été mise en avant. Les étudiants demandent, pour que cela puisse se faire dans les meilleures conditions, plus de moyens : embauches de personnels et de profs ; réquisition de locaux. Et derrière, les problématiques universitaires, la situation des étudiants expose l’impossibilité d’avoir accès à un revenu ou un logement correct pour l’essentiel des jeunes.

Les prises de parole dénonciatrices et les manifestations sont l’expression d’une colère face au mépris du gouvernement, et à l’avenir que nous réserve la société qui nous dit « Travaille et tais-toi ! ». Ce qu’on nous demande d’accepter, ce sont les licenciements massifs qui vont des salariés en CDI aux jeunes payés au noir, la quasi-disparition des liens sociaux, la restriction de nos libertés symbolisées par la loi sécurité globale et la répression policière, à l’image de l’intervention des flics interpellant des étudiants de Paris IV le 7 janvier.

Des prémisses de mobilisations plus massives ?

Protégé par la police interpellant et nassant des étudiants à l’intérieur du campus de Saclay, Macron a quand même été obligé de se positionner jeudi 21 janvier sur la situation des étudiants en annonçant la mise en place d’un chèque psy (dont on ignore d’ailleurs le montant). À ce chèque s’ajouterait la possibilité d’avoir accès à deux repas par jour pour un euro dans les restaurants universitaires (dont beaucoup sont fermés) et une reprise des cours seulement un jour par semaine (sans donner de moyens concrets pour le permettre). Au pire, des effets d’annonce, au mieux des miettes, alors que la pauvreté qui touche les jeunes avait déjà suscité colère et indignation en novembre 2019, lorsqu’un jeune étudiant lyonnais s’était immolé. Quant aux promesses de Macron cet été concernant le soutien aux jeunes entrant sur le marché du travail, la vague de licenciements déjà engagée annonce la couleur : l’avenir que nous préparent gouvernement et patronat, c’est celui du chômage. Les queues auprès des associations d’aide alimentaire toujours plus longues, les colis insuffisants distribués par les universités sont les symptômes d’une indifférence totale de la part du gouvernement à l’égard des étudiants pauvres. Faire des restos U (fermés) des restos du cœur ? Les jeunes n’ont pas à ramasser les miettes alors que des centaines de milliards sont distribués aux grandes entreprises !

Les manifestations et rassemblements sont une belle occasion de briser l’isolement social mais aussi et surtout de pouvoir discuter entre nous de la façon construire la suite, et aussi de changer cette société, prête à laisser crever de faim des millions de personnes au chômage. Malgré les contraintes sanitaires, des manifestations, mêmes modestes, seront organisées dans les jours et les semaines à venir. Virtuelles ou pas, des AG sont tentées, et c’est dans cette direction qu’il faudra continuer pour se faire entendre.

Le 26 janvier au matin, 350 étudiants avec des pancartes improvisées manifestaient à Nantes, plusieurs centaines se rassemblaient à Toulouse, et des cortèges de jeunesse s’organisaient pour les manifestations de l’après-midi au côté des profs du primaire et secondaire. Et si c’était parti pour durer et s’étendre en débouchant sur un affrontement avec le pouvoir ?

Camille Sotil

(Article paru dans l’Anticapitaliste n°523)

Mots-clés Politique
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