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Chômage record en Ardennes, mais flics contre ceux qui luttent pour leur emploi !

lundi 13 novembre 2006

Vendredi 10 novembre, les CRS ont chargé le défilé des ouvriers de Thomé-Génot à Nouzonville dans les Ardennes. La veille, la police, harnachée de masques à gaz, boucliers, matraques et flash-balls, avait envahi l’usine pour déloger manu militari les ouvriers de cet équipementier automobile qui occupaient leur lieu de travail. Plus de 300 CRS pour une petite usine de 300 ouvriers, dont quelques dizaines étaient présents cette nuit-là !

Depuis la mise en liquidation judiciaire, le 24 octobre, de Thomé-Génot, sous-traitant des gros équipementiers que sont Valeo et Visteon, les 320 salariés se sont mobilisés pour arracher au moins une indemnité de départ de 30 000 euros. Après que l’ancien patron ait déposé le bilan, et soit parti les poches pleines, l’entreprise avait été rachetée en 2004 par un repreneur qui promettait de développer l’usine : le fonds d’investissement américain Catalina. Depuis, celui-ci a au contraire pillé les caisses et offert des pourcentages mirifiques aux « sociétés mères » et des salaires mirobolants à des membres de la direction (jusqu’à 800 000 € par an). Malgré les avertissements de certains syndicalistes, le tribunal de commerce et les pouvoirs publics français ont choisi longtemps de fermer les yeux, avant d’en arriver à la liquidation judiciaire dont les salariés et non les prédateurs sont les victimes. Et ce sont les salariés licenciés qui essuient aujourd’hui les charges de CRS et sont traités comme des voyous.

Mais les voyous sont non seulement ces fonds d’investissements qui tournent à plein régime, entre autres par le rachat de PME en faillite (rien que les rachats de ce type ont rapporté sur 15 ans 440 milliards de dollars), mais aussi les grands groupes industriels, à commencer par les équipementiers Valéo et Visteon, et leurs donneurs d’ordre, notamment Renault et Peugeot-Citroën. Grands groupes qui poursuivent, eux aussi, leur politique de licenciements : Peugeot-Citroën a annoncé en octobre 10 000 suppressions d’emplois et commencé aussitôt par le renvoi de 300 intérimaires de son usine d’Aulnay.

Les ouvriers de Thomé-Génot, matraqués par la police, ne demandent pourtant qu’une indemnité dérisoire. 30 000 € chacun, soit à peine deux ans de salaire à 1250 € par mois. Ce que leur devraient les patrons de Catalina et l’Etat qui a laissé faire, c’est l’assurance de leur salaire jusqu’à la retraite, c’est-à-dire au moins dix fois plus pour un travailleur de 45 ans qui a peu de chances de retrouver un emploi.

Et qui va croire au soi-disant « Contrat de transition professionnelle » (CTP) promis par le gouvernement, un dispositif « expérimental » qui propose un an de formation rémunéré à 80 % du salaire ? Qui peut croire que, dans une région sinistrée depuis 30 ans par les licenciements et fermetures d’entreprises, ils vont retrouver du travail après cette année de formation et salaire au rabais ? Rien que dans le département des Ardennes, depuis la rentrée, les suppressions d’emplois pleuvent : en plus de Visteon, Delphi réduit ses effectifs de 170 postes et menace de fermer, Glaverbel ferme et jette à la rue 122 salariés. Ces entreprises sont des équipementiers sous-traitants de grands groupes automobiles, quant ils n’en sont pas filiales, comme Delphi pour General Motors ou Faurecia pour PSA (qui vient d’annoncer 150 suppressions d’emplois dans le Doubs, 230 dans le Pas de Calais).

Les grands groupes, fortement bénéficiaires, après avoir externalisé des secteurs entiers de leur activité, dictent à leurs sous-traitants ou filiales des conditions toujours revues à la baisse. Ceux-ci, au nom de prétendues difficultés financières qui font la fortune des grands groupes, s’empressent de les répercuter sur le dos des salariés. Et les plans de licenciements des uns s’ajoutent à ceux des autres. Les menaces sur l’emploi dans une entreprise aussi florissante qu’Airbus-EADS en sont encore une révoltante illustration.

Preuve que nous sommes tous concernés par la lutte des ouvriers de Thomé-Génot.