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Des nouvelles énergies pas si vertes

mardi 8 décembre 2020

Pour répondre à la crise climatique, la solution serait le développement des technologies vertes, en particulier la voiture électrique, ce véhicule « zéro-émission » qui concilie les intérêts des industriels et ceux de la préservation de l’environnement ? Pas si sûr… Le documentaire La face cachée des énergies vertes diffusé sur Arte en novembre a jeté un pavé dans la mare. À contre-courant du marketing des grandes enseignes d’automobiles, assistées des gouvernements, l’auteur du documentaire, Guillaume Pitron, veut dénoncer les technologies vertes comme un nouvel enfumage. L’enquête qu’il mène fait découvrir ce qui se cache derrière les véhicules du futur et les prétendues énergies propres.

On connaît depuis longtemps les méfaits des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz). Récemment encore, le GIEC, dans son rapport, mettait en garde contre leur utilisation. Cependant, d’autres sources d’énergies sont tout aussi dangereuses pour la planète, en elles-mêmes ou par les matériaux que nécessite leur exploitation : les métaux lourds, particulièrement pointés du doigt par le documentaire puisqu’ils sont un élément indispensable des batteries des voitures électriques à l’heure actuelle. L’extraction de ces métaux a un impact environnemental tout aussi important que celui des énergies fossiles, et le coût humain est tout aussi grand. Car la « face cachée » du capitalisme vert, ce sont aussi ces gueules noires des temps modernes ; ces ouvriers qui, au cœur de la Chine, travaillent toute la journée exposés à des substances toxiques comme l’acide fluorhydrique. Au Chili, les grandes carrières de cuivre à ciel ouvert contaminent les travailleurs et leurs familles, contraints de vivre à proximité de la mort et la maladie – le cancer du poumon notamment.

Le documentaire montre donc les ravages de l’industrie, qui n’est pas tant « verte », mais simplement capitaliste. Derrière les opérations de communication des entreprises comme Engie ou Renault, qui se présentent en protectrices de l’environnement, se cache une chaîne de production jalonnée par la pollution de l’air, le rejet de déchets toxiques, mais surtout l’exploitation la plus implacable, y compris celle qui met en danger la santé de populations entières. Alors non, rouler en électrique dans les métropoles occidentales ne changera pas grand-chose à cela… en tout cas dans les conditions actuelles de la production.

Mais le film devient tout de suite moins convaincant au moment où il commence à comparer la délocalisation de la pollution à une prétendue délocalisation de la production qui mettrait en danger les emplois français. En France, le secteur des panneaux solaires aurait ployé sous le poids de la concurrence étrangère, notamment du « dumping social » organisé par la Chine. La perspective serait-elle alors le protectionnisme ? Avec Arnaud Montebourg à l’appui, plus remonté que jamais, c’est bien ce que propose le documentaire. Seulement, même si la France produisait ses propres panneaux solaires, elle ne serait pas « autonome » d’un point de vue énergétique. Quand on parle d’énergie verte – le film le montre bien par ailleurs ! –, on parle de ressources contenues dans le sol de certaines régions… Et si la France comptait des terres rares, cela se saurait ! Oui, la chaîne de production est nécessairement mondialisée, la production d’énergie en particulier se fait à l’échelle mondiale… Et la pollution ne connaît pas de frontières. C’est d’ailleurs tout le problème du cas de la Norvège, largement discuté dans le documentaire : un pays qui favorise les voitures électriques et les pistes cyclables, mais qui en même temps fait partie des plus gros fournisseurs de pétrole au monde.

La solution ne se trouve alors ni dans la « relocalisation », ni dans un genre de décroissance qui renvoie chacun à sa responsabilité de consommateur, mais bien dans le fait de penser la production d’énergie pour les besoins humains et non pour le profit. Mais ça demande de retirer aux capitalistes les moyens de nuire : la propriété privée des grandes entreprises comme Engie. Qui pourrait s’en charger ? Sans doute cette classe ouvrière, qui continue de se développer dans le monde, y compris en Chine et au Chili justement, et qui pourrait bien revendiquer la direction de la société pour les intérêts de la grande majorité… Et de la planète !

Mona Netcha


La face cachée des énergies vertes, disponible sur le site d’Arte jusqu’au 22 janvier 2021

Mots-clés Automobile , Écologie , Société
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