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Bridgestone : le combat ne fait que commencer

lundi 30 novembre 2020

Cinq petites minutes… C’est le temps qu’a pris la direction de Bridgestone à la mi-novembre pour évacuer le « plan B » proposé par le gouvernement, la région Hauts-de-France et l’intersyndicale de l’usine, qui consistait à maintenir l’usine avec un peu plus de la moitié des emplois. Pourtant, Xavier Bertrand et le gouvernement étaient prêts, de nouveau, à sortir le chéquier pour arroser les actionnaires de nouvelles subventions publiques. Cette « solution », qui consistait à sacrifier la moitié des salariés pour sauver l’autre, n’a de toute façon pas recueilli l’assentiment des actionnaires qui, d’après des documents dévoilés dans la presse [1], ont calculé leur marge à l’euro près avec la fermeture définitive du site.

Le plan M comme mobilisation

La direction a fait ses choix et rien de bon n’en sortira pour les travailleurs. L’intersyndicale mise désormais sur des négociations concernant les modalités de départ pour obtenir des primes pour les travailleurs. Dans le même temps, un groupe de salariés s’est constitué en association, « Les affranchis de Bridgestone », et attaque l’entreprise en justice dans le but de retarder la fermeture de l’usine. Cela pourrait servir à contester les plans de la direction et surtout proposer une perspective aux salariés sans attendre les bras croisés que leur sort soit scellé par d’autres.

Quoi qu’il en soit, les moyens dont les travailleurs peuvent se saisir pour marquer des points sont multiples. Mais aucun d’eux ne sera suffisant sans qu’une mobilisation ne voie le jour. Les ouvriers de l’usine ont toutes les raisons de ne pas se laisser faire. En s’organisant et en se mobilisant, ils pourraient montrer leur force et contraindre la direction à revoir ses plans bien ficelés. L’idée qu’il faudrait un mouvement fait d’autant plus son chemin que les négociations « à froid » n’ont jusqu’à présent rien donné de bon.

Vers le début d’une contestation ouvrière ?

Les « Affranchis » ont organisé un premier rassemblement devant l’usine jeudi 19 novembre qui a regroupé plusieurs dizaines d’ouvriers. L’idée de ne pas rester cantonné à de simples négociations a dû séduire puisque l’intersyndicale a fini par prendre la balle au bond et a elle-même appelé à un rassemblement (la CGT appelant également à la grève) vendredi 27 novembre. Plusieurs centaines d’ouvriers, de l’usine et aussi d’ailleurs, s’y sont retrouvés de sept heures du matin jusqu’au début de l’après-midi. Autant d’occasions saisies à juste titre par de nombreux travailleurs pour se montrer et rendre visible leur combat. Autant d’occasions aussi pour tous ceux qui se reconnaissent dans les Bridgestone de se sentir des leurs. Car les principaux alliés des travailleurs et des travailleuses de l’usine sont ceux qui dans la région et ailleurs partagent les mêmes galères… et les mêmes combats.

Nous sommes tous des Bridgestone

Les travailleurs de Bridgestone ne sont pas seuls. Alors que, dans tout le pays, le patronat enchaîne les plans de licenciement ou les fermetures de site, beaucoup voient les Bridgestone comme un symbole national. Le gouvernement ne s’y est pas trompé. Macron, qui n’a de cesse de satisfaire les moindres désirs du grand patronat, a envoyé ses ministres au front pour donner l’impression d’agir et éviter qu’une véritable contestation ne se développe.

Une mobilisation dans l’usine aurait une portée bien au-delà du site lui-même, à l’échelle de la région et même de la France entière. C’est une force considérable dont les travailleurs peuvent se saisir. Que les travailleurs de Bridgestone deviennent le porte-étendard d’une contestation potentiellement nationale, voilà qui ferait autrement plus peur à la direction du groupe que les simples discussions autour d’une table.

27 novembre 2020 – Vladimir Akali

(Crédit dessin : Tommy dessine)


[1Voir Libération du 17 novembre 2020.

Mots-clés Bridgestone , Entreprises , Licenciements
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