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Tunisie : la mobilisation contre le projet de loi de protection des forces armées fait reculer le gouvernement... Un exemple à suivre ici !

lundi 23 novembre 2020

La loi « pour la répression des atteintes contre les forces armées » proposée début octobre devant le parlement a fait naître une vive indignation en Tunisie, notamment parmi la jeunesse. Ce texte de loi est tout entier basé sur le présupposé que la stabilité de la société tout entière reposerait sur celle de ses forces armées. Dans les faits, il pose les jalons d’un droit absolu aux appareils sécuritaire et militaire, appareils qui n’ont jamais été réformés après la fin de la dictature. Le texte est d’ailleurs ancien et a du mal à passer.

Une première version proposée par les syndicats des forces de l’ordre en 2013 avait déjà été retirée, puis une autre version avait été proposée en 2015 après l’attaque terroriste du musée du Bardo à Tunis [1]. Vivement critiquée, elle avait été mise de côté pendant cinq ans. Cette loi a un goût de « vengeance » contre la révolution de 2011. Elle menace, entre autres, le droit à manifester, la liberté d’expression. Elle prévoit en outre de lourdes sanctions pour toute divulgation de « secrets liés à la sûreté nationale ». Photographier ou filmer une « opération sécuritaire » serait alors passible de deux ans de prison, 3 mois à 3 ans de prison pour quiconque s’attaquerait à « la dignité » et à « l’honneur » de la police, etc.

Ce n’est pas simplement le souvenir de la torture, du racket et de la violence policière de la dictature, mais aussi, encore et toujours, les abus quotidiens et les violences policières coûtant partout des vies (comme celle d’Omar Laabidi à seulement 19 ans [2]) qui ont provoqué la colère. C’est notamment derrière le slogan Hasebhom, « demandez-leur des comptes », et le collectif du même nom que se sont rassemblés les manifestants.

Le lundi 5 octobre, la loi était en phase d’examen en plénière à l’Assemblée des représentants du Peuple (ARP). Le 12 octobre, le gouvernement a retiré le projet de loi pour permettre « davantage de concertations »…

Dans une période où les mouvements contre les violences policières peuvent être explosifs et vecteurs de grande tension politique, le gouvernement semble avoir été rapidement effrayé par les protestations et sit-in devant l’Assemblée. En Tunisie, comme partout, la gestion de la crise par le gouvernement est catastrophique – manque de moyens, manque de personnel soignant, hausse du chômage, précarité en augmentation. En attendant que, là-dessus aussi, les Tunisiens fassent reculer le gouvernement, cela ne peut qu’encourager ceux qui, ici, entendent protester contre la loi jumelle du projet tunisien, la loi « sécurité globale » que Darmanin et l’exécutif veulent imposer en France.

Nora Debs


[2Omar Laabidi, jeune supporter de foot du Club africain, est mort en mars 2018, poussé à se jeter à l’eau par les policiers qui le coursaient, alors qu’il ne savait pas nager et l’avait crié aux policiers qui ne l’ont pas secouru, bien au contraire.

Mots-clés Monde , Police , Tunisie
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