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OPA Suez-Veolia : un air de Dallas… dont les salariés ne sont pas de simples figurants !

mercredi 16 septembre 2020

La presse, surtout celle des affaires, fait grand bruit autour de l’OPA (offre publique d’achat) de Veolia sur Suez. Évidemment, deux géants français aussi juteux en termes de rentabilité, qui risquent de fusionner, il y a de quoi discuter, tant du côté des actionnaires que du côté des travailleurs.

Le 30 août, Veolia a annoncé son intention d’acheter les 30 % de parts de Suez qu’Engie souhaite vendre. Mais le prix proposé n’a pas plu aux patrons d’Engie, entreprise dont l’État est actionnaire à hauteur de 23,5 %.

Depuis, les directeurs et présidents-directeurs des deux groupes se répandent dans la presse, parlant de stratégie et de vision industrielles, tandis que Jean Castex et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire interviennent comme « arbitres », pour juger ce qui fait « sens », sachant que l’État n’est pas vraiment désintéressé dans cette affaire.

Et ils ne sont pas les seuls à blablater sur le sujet… C’est que les fusions-acquisitions autour de ces deux-là ont déjà impliqué tant d’acteurs, tant d’administrateurs, qui ont leurs « petites parts » et de gros intérêts surtout !

Que d’eau sous les ponts, déjà !

Engie s’est séparé de Suez en 2015, gardant seulement l’activité énergie, c’est-à-dire une partie que possédaient Suez et Gaz de France, dont l’État a toujours été principal propriétaire. Cette manœuvre a laissé Suez Environnement devenir Suez tout court, ayant pour activité principale la gestion privée de services publics de l’eau (anciennement Lyonnaise des eaux) et des déchets.

Ce sont ces marchés juteux que lorgne Veolia, qui est le concurrent principal de Suez au niveau mondial sur ces activités.

Les salariés ont rapidement appris la nouvelle et la direction a eu vite fait de souffler le chaud et le froid, rassurant les inquiets et inquiétant ceux qui ne l’étaient pas encore… dans le but de souder tout le monde derrière elle. « Le groupe est solide », « nous avons confiance en notre stratégie », « nos valeurs ne sont pas les mêmes », c’est la prose que ces champions de l’intox servent aux usagers, aux élus et aux salariés à longueur de temps, pour vendre des prestations et gagner des contrats.

Le directeur, Bertrand Camus, s’est épanché lors d’une longue interview… au Figaro. Dans le même temps, les syndicats sont sortis du bois pour appeler à une grève de deux heures… soutenue par la direction, pour dire non au rachat, le mardi 8 septembre. Beaucoup de salariés n’ont pas compris cette alliance qui semblait contre-nature, mais qui avait pour but de présenter Suez comme la plus à même de défendre les salariés, face à l’offensive de Veolia.

Il est vrai que les détails livrés sur l’absorption de Suez inspirent l’inquiétude : des « synergies », comprendre mutualisations et fermetures de services ; la revente de la branche eau à un fonds de pension, imposé par les lois de la concurrence qui interdisent une trop grande concentration.

Ces perspectives n’augurent rien de bon, les fonds de pension étant connus pour supprimer des emplois dans des entreprises en difficulté et liquider les actifs restant à meilleur prix.

Non aux menaces sur l’emploi

Les travailleurs ont bien raison de descendre dans la rue crier NON à la casse des emplois et prévenir qu’ils ne se laisseront pas faire. S’il y a eu des réels succès de mobilisations, l’ambiance dans certains rassemblements qui ont eu lieu le mardi 8 septembre de 9 à 11 heures (!), était un peu à l’observation entre ceux qui claironnaient leur attachement, pour ne pas dire leur amour à Suez [1], et ceux qui se demandaient ce qu’ils faisaient, rassemblés devant les bâtiments administratifs de l’entreprise, en compagnie des directeurs qui d’habitude détruisent les emplois et dégradent les conditions de travail.

Que les actionnaires de ces multinationales profitent grassement de biens aussi vitaux que l’eau, de services aussi utiles que la collecte et le traitement des déchets, est déjà révoltant ! Que l’État les abreuve de crédits d’impôt, leur permette de profiter du chômage partiel alors qu’ils n’ont rien perdu, c’est aussi inacceptable pour les salariés qui voient les bénéfices engrangés tous les ans. Et les dividendes restent massivement versés aux actionnaires pendant que les salaires stagnent…

Alors quelles attitudes auront les syndicats, lors des annonces d’un plan B, ou de la confirmation de l’achat par Veolia ou le fonds de pension Meridiam ? L’entreprise paiera-t-elle les salariés lors de la prochaine grève ? Sans rire, les agents se posent aujourd’hui la question de savoir s’ils ne sont pas pris pour les dindons d’une farce qui sent la poubelle ou les égouts. Quant aux salariés qui jouent la provoc en semblant contents du rachat, peut-être seront-ils demain les premiers à motiver leurs collègues pour se battre contre les mutualisations de services.

La seule solution serait de peser, avec les salariés du groupe « concurrent » Veolia, et de dire ensemble ce qu’on pense de ces sombres magouilles. Déclarer publiquement, donc aux collectivités locales et aux mairies qui sont dépositaires de ces services, que leur qualité et leur prix seraient bien meilleurs pour les usagers s’ils ne les laissaient pas en pâture aux vautours tels que Suez ou Veolia. Pour discuter et populariser cela, pas de meilleur endroit que la rue, ce 17 septembre, pour retrouver nos « camarades concurrents », qu’on connaît bien depuis le dernier mouvement contre la réforme des retraites !

Marie Mado


[1Voir la campagne #AlwaysSuez dans la droite lignée du #JaimeMaBoite, farces de la communication d’entreprise.

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