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Renégociation des 35 heures à Disney (Marne-la-Vallée) : Picsou nous vole du temps, du salaire et des emplois

mercredi 28 juin 2006

En octobre 2005, la direction de Disney a annoncé aux syndicats qu’elle entendait obtenir leur accord pour renégocier l’accord 35 heures signé en 1999. Raison du désenchantement du « royaume enchanté » : les subventions par l’État au titre de l’accord s’arrêtaient en 2006.

D’emblée, la direction a annoncé vouloir supprimer les RTT des cadres (environ 13 jours) et porter le maximum quotidien à 12 heures au lieu de 10 pour plus de 3 000 salariés. La direction affirmait ne vouloir faire travailler à ce maximum « que » trois jours de suite... pour ne pas nuire à notre santé !

Mais, fin novembre, Disney rajoutait la suppression d’une prime de 100 € et annonçait qu’il n’y aurait pas d’augmentation générale des salaires. Dans le même temps, les profits s’envolaient et directeurs, hauts cadres et actionnaires s’octroyaient augmentations et distributions de bénéfices. La réaction des syndicats a été nulle : pas un mot sur la prime par exemple. La réaction est venue d’un secteur de la Maintenance où des salariés ont fait circuler une pétition contre cette suppression, signée par 500 travailleurs du secteur et qui a finalement été reprise et diffusée par les syndicats et signée dans les parcs par plus de 3 000 travailleurs.

Entre temps, la Maintenance avait organisé plusieurs rassemblements et, finalement, tous les syndicats ont organisé le 29 décembre un débrayage qui ajoutait au maintien de la prime le refus d’un accroissement de la flexibilité. Malgré le succès de ce premier mouvement les syndicats n’y ont donné aucune suite. La direction n’a donc pas cédé sur la prime. Et, en mars, la CGT elle-même signait l’accord annuel sur les salaires pour une augmentation générale de 15 € ! D’où les premiers commentaires désapprobateurs des salariés.

En parallèle, la négociation sur les 35 heures continuait. Cette fois, le front syndical anti-flexibilité a commencé à se fissurer, la CFDT annonçant qu’elle voulait étudier le projet patronal secteur par secteur soi-disant pour examiner dans chaque cas sa nécessité. Puis, s’impatientant, la direction affirmait que si les syndicats signaient avant la Pentecôte, la journée serait fériée. De son côté la CGT, elle aussi, a commencé à bouger, annonçant que le seul point de blocage était celui des heures supplémentaires : payées au-delà de 35 heures ?

Une direction contrariée par le mouvement anti-CPE

Le mouvement sur le CPE est venu là-dessus et la direction de Disney, qui envisageait un grand nombre de contrats CPE sur les parcs (un volant d’embauches précaires est pour Disney précieux vu que le nombre moyen de visiteurs par jour passe de 30 000 à 100 000 lors des vacances), s’est vu retirer cette possibilité. Elle a d’autant plus tenu à son accord flexibilité qui permettrait de réduire quand même le nombre de CDD et d’intérimaires.

D’où une pression accrue sur les syndicats. Et finalement, le SIP (ex CSL), la CGC et la CGT ont signé l’accord : huit jours de RTT sont enlevés aux cadres ; dans plus d’une vingtaine de secteurs le maximum horaire est porté à 12 heures par jour (deux jours consécutifs au plus) ; le travail six jours consécutifs est autorisé ; des horaires variant entre 4 et 10 heures par jour tout au long d’une même semaine le sont également ; la plage d’arrivée ou de départ peut être décalée de une à trois heures au jour le jour.

Les prétextes pour signer sont l’appel au volontariat (mais on sait ce que cela veut dire sous les pressions des chefs !), la tolérance de cinq minutes (au lieu de zéro minute !) sur les heures de badgeage et un planning fixé sur deux semaines (et non plus sur trois). La CGT justifie sa position en affirmant que cela favoriserait les bas salaires. Les heures supplémentaires payées seraient une manière d’augmenter la paie ! Mais, au sein du syndicat, cela ne passe pas comme une lettre à la poste : présenter les arguments patronaux comme une victoire syndicale, il faut quand même le faire !

En lui permettant de disposer d’un personnel encore plus flexible, cet accord va d’abord permettre à Disney de résilier des contrats d’intérim et de ne pas embaucher de nouveaux CDD, et c’est un peu fort qu’un syndicat comme la CGT s’associe à une telle opération.

22 juin 2006

Laurent MAXENCE

Mots-clés Entreprises , Eurodisney
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