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#JusticePourIkram 

Retour de la mobilisation contre les viols au Maroc

vendredi 19 juin 2020

Partout dans le monde, les violences sexuelles ont augmenté de façon considérable pendant le confinement. Celui-ci n’empêche pas la mobilisation, comme cela est le cas au Maroc.

Alors que le Maroc entame son troisième mois de confinement, une affaire de viol secoue l’opinion publique. Une petite fille de cinq ans, Ikram, originaire du village d’Imi Ougadir, a été violée le 26 mai dernier par un de ses voisins. L’homme a été écroué le 4 juin dans un premier temps, jusqu’à ce que le père, sous pression de la famille et de la tradition, retire la plainte. L’accusé a été par la suite libéré sous caution.

C’était sans compter avec la mobilisation d’une centaine d’habitants qui, bravant le confinement, ont manifesté leur colère devant le siège de la commune derrière le slogan « On veut la justice ». Une pétition en ligne a recueilli plus de 200 000 signatures. L’homme a été remis en prison le 10 juin.

Cette affaire fait écho à la détresse dont sont victimes les fillettes et les femmes pendant le confinement. En France, la ligne d’écoute dédiée aux victimes de violences conjugales, le 3919, a reçu 10 000 appels au mois d’avril, soit le double du chiffre du mois d’avril 2019, tandis que le nombre de SMS envoyés au numéro d’alerte (le 144) a triplé. Des chiffres qui correspondent aux signalements et qui sont donc très probablement en-deçà de la réalité. Dans des pays où les dispositifs de recensement et de prise en charge sont extrêmement faibles, comme le Maroc, la situation est d’autant plus catastrophique.

Des racines profondes

Le pays n’en est pas à sa première mobilisation autour des violences et du harcèlement sexuel. Un des cas les plus célèbres reste celui d’Amina Filali, une jeune fille de seize ans qui s’était suicidée en 2012 après avoir été obligée de se marier à son violeur. Grâce à la mobilisation, l’article 475 du code pénal, qui permet aux violeurs d’échapper à la prison en épousant leur victime, a été abrogé.

En 2018, une loi contre les violences faites aux femmes est entrée en vigueur, prévoyant des mesures allant jusqu’à des peines de prison contre le harcèlement sexuel et le mariage forcé. Ce tournant législatif faisait lui aussi suite à une effroyable histoire : en 2018 Khadija, jeune fille de dix-sept ans, a été séquestrée pendant deux mois, torturée et violée à maintes reprises par des jeunes de son village. Si les avancées législatives symboliques promettent une protection plus grande des femmes, celles-ci n’ont été obtenues qu’à l’issue de protestations. Ce qui prouve que l’amélioration de la condition des femmes dans le monde ne se fera pas à travers le simple vote de textes de loi, mais par la mobilisation et l’organisation dans la rue.

Myriam Rana

(Article paru dans l’Anticapitaliste no 527, Crédit photo : Forum Ifous)

Mots-clés Droits des femmes , Maroc , Monde
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