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Éditorial de l’Étincelle du 18 mai 2020

Si l’hôpital était une banque… il serait déjà sauvé !

lundi 18 mai 2020

« Des primes ? Nous, ce que nous voulons, ce sont de véritables augmentations de salaire, pour payer les loyers. Ce qu’il nous faut, c’est du fric, du pèze, du flouze, de l’oseille, et des embauches ! » Voilà ce que des salariées de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, à Paris, ont rétorqué vendredi dernier à Macron, lors de sa visite surprise.

Il en bafouillait, le président. Il était venu avec sa médaille de « l’engagement » bardée d’un « merci » et cette prime de 500 ou 1500 euros (donc même pas la même pour tout le monde), et attention, uniquement pour les soignants des départements « les plus touchés » par le Covid-19. Se payant toujours de mots, il comptait annoncer avec succès son « Ségur de la santé », en référence aux accords de Grenelle en mai 68… Rien que ça, en espérant ainsi s’acheter la paix sociale ! Plutôt raté. Face aux soignantes qui ne mâchaient pas leurs mots, il s’empêtrait dans ses phrases creuses habituelles, et ne pouvant en placer une, il a fini par bredouiller : « je dois filer » !

La vidéo de l’échange circule sur les réseaux sociaux [1].

« Nous aussi on doit filer, on a des patients à soigner ! »

C’est ce que lui ont rétorqué les infirmières qui l’interpellaient sur le manque de moyens de l’hôpital public. Car l’urgence continue. Tout le petit monde gouvernemental se félicite de la capacité du personnel hospitalier à trouver des solutions pour gérer la crise, la pénurie de masques, de sur-blouses, de médicaments, le manque de personnel, les nombreux décès. Alors en haut, on salue leur « adaptabilité » : bref, faire toujours mieux avec moins. C’est ce que le personnel hospitalier n’en peut plus d’entendre !

Des années qu’on leur tient ce discours, pour justifier les économies de moyens. Les soignants sont les mieux placés pour savoir qu’ils n’ont pas pu prendre en charge tous les patients comme ils l’auraient voulu, et qu’une deuxième vague s’annonce, liée à toutes les autres pathologies qui n’ont pu être soignées pendant que tous les efforts étaient consacrés à l’épidémie de Covid. Sans parler des milliers de décès en Ehpad.

Le discours selon lequel les hôpitaux ont « surmonté » l’épidémie de Covid ne fait donc qu’amplifier leur colère. Quant au énième refrain sur la possibilité de travailler plus pour gagner plus, et sur l’assouplissement des 35 heures entonné par Olivier Véran, le ministre de la Santé, il peut être légitimement vu comme une provocation, face à des soignants épuisés, qui demandent tout, sauf travailler plus !

La bonne énergie… de la mobilisation

Le gouvernement organise le déconfinement pour que les salariés retournent au travail… Mais c’est aussi la colère face à sa gestion de la crise qui se déconfine !

À la Pitié-Salpêtrière, Macron n’a pu se retenir de dire, face aux revendications exprimées d’entrée de jeu, qu’il n’avait « pas envie que la bonne énergie retombe et que le désespoir s’installe ». Mais qu’il en ait eu l’envie ou pas, dès le lundi 11 mai, des centaines de personnes se sont rassemblées devant cinq hôpitaux de Toulouse, pour réclamer des moyens pour l’hôpital public, des embauches, des augmentations de salaire. Dans la semaine, d’autres rassemblements devant des hôpitaux ont été organisés à Saint-Étienne, à Nantes, à Paris, devant l’hôpital Robert-Debré. Le mouvement démarré il y a un peu plus d’un an dans les hôpitaux publics se relance.

Les travailleurs des hôpitaux prévoient une journée nationale à la mi-juin. Une date qui doit marquer le début de notre mobilisation pour imposer notre « monde d’après » : imposer des embauches en fonction des besoins dans tous les secteurs, augmenter les salaires et donner la priorité à notre santé. Nos vies, pas leurs profits !

Rassemblement à l’hôpital Purpan à Toulouse le 11 mai 2020


[1On peut la voir ci-dessous (ou en cliquant ici) :

Voir aussi sur le site de BFMTV ou sur la page Youtube du Parisien d’autres extraits d’interpellations d’Emmanuel Macron par les hospitaliers de la Pitié-Salpétrière.

Mots-clés Covid-19 , Hôpital , Politique , Santé
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