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Les respirateurs PSA - Air Liquide : un scandale… à couper le souffle !

mercredi 29 avril 2020

On apprend que les respirateurs produits par Air Liquide, PSA, Valeo et Schneider Electric ne seront, pour la plupart, pas utilisables pour soigner les malades du Covid-19 !

À son discours du 31 mars à Angers, Emmanuel Macron avait tenu à « remercier les industriels ». L’agence Santé publique France allait bénéficier de quatre milliards d’euros pour acheter « médicaments, respirateurs et masques ». Selon le président, la « priorité aujourd’hui était de produire davantage en France et en Europe. […] Je veux que, d’ici la fin de l’année, nous ayons obtenu cette indépendance pleine et entière. »

Opération propagande

La communication battait son plein, télé, Medef donnaient de la voix : un consortium de « champions nationaux », avec Air Liquide, PSA, Schneider Electric ou Valeo, allait produire pas moins de 10 000 respirateurs « à prix coûtant » pour la santé publique, sous la direction d’un État « stratège » brandissant les vertus de la souveraineté nationale.

Le groupe PSA, alors soucieux de justifier la reprise de la production dans ses usines, avait donc dépêché quelques dizaines de salariés sur son site de Poissy, assis à de simples tables d’assemblage, pour fabriquer des pièces de respirateurs Osiris. Et des salariés du site de PSA Vélizy étaient dépêchés sur celui d’Air Liquide à Antony… Quelle prouesse industrielle ! Une deuxième équipe de fabrication de respirateurs, à laquelle le direction de PSA s’était engagée, n’a pas encore vu le jour : la production des pièces est déjà bien en retard, et elle galère à trouver des volontaires.

Mais à PSA Poissy, BFM et TF1 ou RTL ne suffisant plus, les chefs et les syndicats béni-oui-oui relayaient, par vidéo, la propagande de la direction, le maire de Poissy, Karl Olive, ami intime du président, poussant son « coup de gueule » le 20 avril à la radio contre la CGT, accusée de s’opposer à la fabrication des respirateurs. Celle-ci s’était pourtant toujours prononcée pour la fabrication de respirateurs utiles aux besoins sanitaires.

« À prix coûtant »… 30 millions d’euros quand même !

Le maire a raté une occasion de se taire : trois jours plus tard, une enquête de Radio France révélait que, sur les 10 000 respirateurs, seuls 1 500 seront utilisables contre le Covid-19. L’État voulait commander la moitié d’un modèle T60 (plus complexe) et l’autre moitié « d’un modèle plus basique, utilisé depuis 1998, qu’on appelle l’Osiris 3 », plus facile à assembler. Mais un partenaire comme PSA ne veut pas mettre ses capacités industrielles au service de la santé publique. Ce seront donc 8 500 Osiris et seulement 1 500 T60 qui seront produits d’ici à mai (un peu tard vue l’urgence), vendus à 3 000 euros pièce.

Or le fameux Osiris n’est utilisable que pour les transports ambulanciers les plus simples, pas pour une salle de réanimation. Une note du ministère de la Santé, diffusée aux hôpitaux le 3 avril, le reconnaissait : « Les Osiris, du moins dans un premier temps, serviront à autre chose qu’à soigner des patients Covid-19. » Un médecin réanimateur de l’hôpital Necker expliquait : « Ce n’est clairement pas, pour être pudique, un respirateur adapté à la prise en charge d’une détresse respiratoire aiguë compliquée. […] On a un peu l’impression qu’on a fait un effet d’annonce pour montrer qu’on était capable de produire 10 000 respirateurs. Mais, personnellement, je n’utiliserai pas un Osiris en réanimation. » Et un anesthésiste et réanimateur du CHU de Nantes, rajoutait : « Si vous vous en servez pour un syndrome respiratoire aigu, vous avez un risque de tuer le patient au bout de trois jours. »

Le gouvernement de mèche avec Air Liquide et PSA…

Alors, les chefs de la communication d’Air Liquide ont renvoyé la patate chaude au gouvernement : « Le choix final de l’Osiris a été fait sur recommandation des experts du ministère de la Santé et de la Société de réanimation de langue française. [SRLF] » Le directeur administratif de cette dernière a rétorqué que son association « n’a pas été sollicitée pour rendre un avis sur quel respirateur privilégier pour une production d’urgence ». Mais le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est dépêché de voler au secours d’Air Liquide et PSA. Il a twitté jeudi 23 : « L’heure est à la mobilisation de tous pour sauver des vies, alors que plus de 5 000 malades sont toujours en réanimation. Pas aux polémiques vaines et malvenues. Les 10 000 respirateurs commandés à Air Liquide sont utilisables. »

Utilisables pour quoi ? Le matin même, la directrice générale de l’offre de soins (DGOS), auditionnée par l’Assemblée nationale, avouait : « Il y a bien 1 500 respirateurs pour les patients atteints du Covid-19 et 8 500 d’un modèle plutôt destiné aux urgences et aux transports. » Quant au secrétaire général adjoint de la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR), il explique que le gouvernement aurait contacté la SFAR « mi-mars » pour lui demander de valider la commande : « Le ministère nous a dit “C’est ça ou rien !” » La SFAR a donc validé le projet « à la condition que les ventilateurs soient utilisés en dernier recours ».

Air Liquide, PSA, Valeo ou Schneider Electric, ont l’art de se faire de la pub avec la complicité du gouvernement, en empochant 30 millions pour une commande quasi inutile. De l’argent public qui aurait pu aller la fabrication de vrais respirateurs utiles aux hôpitaux.

Le 28 avril 2020

Léo Baserli

Mots-clés Covid-19 , Entreprises , PSA