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Belgique : les préretraites sur la sellette... pour commencer

vendredi 13 janvier 2006

Comme nous le relations dans le dernier numéro de Convergences Révolutionnaires (novembre-décembre 2005), le gouvernement belge voulait imposer, entre autres mesures, un recul de l’âge « des fins de carrière » dans un plan baptisé « Pacte entre les générations ».

Ce plan a suscité un mécontentement certain parmi les travailleurs, mais aussi celui d’un certain nombre de délégations syndicales de base. Les dirigeants syndicaux se sont donc sentis obligés d’appeler à des actions. La seule FGTB (socialiste) appela à la grève le 7 octobre, mais une grève générale et une manifestation centrale étaient organisées en « front commun » par la FGTB et la CSC (chrétienne) le 28 octobre. Cette journée fut un succès. Mais, bien évidemment, ce n’est pas une manifestation, aussi réussie soit-elle, qui allait faire reculer le gouvernement.

Devant le refus de celui-ci de modifier son pacte sur le fond, les syndicats maintinrent un ton combatif. La FGTB écrivait ainsi : « le Pacte des générations va bientôt être coulé en loi mais la bataille n’est pas pour autant finie. FGTB, CSC et CGSLB [libéraux] ont convenu d’un plan d’action pour modifier fondamentalement un certain nombre de points qui ne passent pas. Gouvernement et patronat n’ont pas fini de nous entendre ».

Mais, en guise de plan, nous avons eu droit à une série de mouvements éparpillés... dont pas un n’aurait pu déboucher sur une grève ou une manifestation nationale ! Quant au calendrier ! Une semaine les actions devaient être régionales, ensuite par secteurs.... jamais au niveau fédéral ! Contre le gouvernement, pourtant à l’origine de ce « pacte entre les générations », la seule action prévue était... un entretien avec le ministère de l’Emploi.

Les tactiques d’émiettement des actions, bien connues en France, ne le sont pas donc moins en Belgique, où de plus les syndicats sont liés directement et officiellement aux partis des différents gouvernements régionaux et fédéral.

Ces actions syndicales décentralisées, de la grève à la distribution de tracts, ont été diversement suivies. Elles n’ont pas changé, elles non plus, la politique du gouvernement (mais qui peut s’en étonner ?) qui vient de faire adopter son pacte par le Parlement.

Les prépensions en question...

Différentes dispositions de ce pacte vont donc entrer en vigueur dès le début de l’année 2006.

Ainsi, en cas de restructuration d’une entreprise, le travailleur qui souhaiterait partir en prépension (préretraite en Belgique), possible suivant les cas à 50, 52 ou 56 ans, devra d’abord participer, six mois durant, à des formations ou de « l’outplacement » (cellule de reconversion) et accepter « tout emploi convenable ». S’il est réembauché, il gardera son indemnité de prépension comme prime à la réinsertion. Le reste du plan s’appliquera progressivement dans les années qui viennent mais avec le même objectif : retarder le départ en préretraite.

La prépension ne sera donc plus automatique. Un travailleur peut se voir offrir un nouvel emploi qu’il sera plus ou moins obligé d’accepter. Comme l’explique le journal Le Soir : « En 2006, on recyclera les quinquas ». C’est un recul par rapport au système mis en place il y a quelques années par le gouvernement et le patronat ; système dont l’objectif était de mieux faire passer la pilule des restructurations et des licenciements collectifs, mais qui convenait généralement aux travailleurs, trop contents d’avoir du temps pour souffler après des décennies de travail.

... mais pas la retraite des chefs syndicalistes

S’il devient plus dur de partir en prépension, cela n’empêche pas le secrétaire général de la CSC de partir le 1er janvier en pension. Il part cependant en regrettant le bon vieux temps : « En 1996, nous avons fait la réforme des pensions. Il n’y a pas eu une heure de grève. Ne pouvait-on pas faire la même chose pour les prépensions ? On aurait dû. Mais l’heure n’est plus au dialogue social. Chacun veut tirer la couverture à soi. », a-t-il déclaré dans une interview au journal La Libre Belgique. Et il ajoute que la faute en revient aussi bien aux syndicats qu’au patronat.

Mais, en Belgique, il n’est pas rare que des dirigeants syndicaux passent du syndicat à des fonctions politiques soit au PS soit au CDH (Centre des démocrates humanistes) ou encore au MR (Mouvement réformateur) La retraite du secrétaire général de la CSC n’en sera donc pas une : il vient d’être nommé administrateur d’une société ; il va être candidat aux prochaines élections communales en octobre 2006 sur la liste CDH et envisage un poste de bourgmestre (maire) !

Et maintenant les salaires ?

Après les prépensions, d’autres attaques contre les travailleurs se profilent à l’horizon, en particulier sur les salaires. Ainsi, depuis novembre, différents rapports officiels expliquent que l’augmentation des salaires serait trop importante par rapport à d’autres pays comme la France ou les Pays Bas. Derrière les mises en garde contre ce « dérapage salarial », le but du gouvernement et du patronat est de remettre en cause une certaine indexation des salaires par rapport à l’inflation, indexation qui existe encore en Belgique.

Attaque aussi contre les fonctionnaires, puisque un dirigeant de la FEB (fédération patronale) vient de faire une déclaration fracassante où il explique qu’il y en aurait 30 000 de trop.

Pourtant, tout va bien pour les entreprises belges qui ont eu un beau cadeau de Noël du gouvernement : en 2006, elles verront diminuer l’impôt sur leurs bénéfices.

De nouveaux combats vont devoir être menés par les travailleurs dans les prochains mois. Les leaders syndicaux seront peut-être capables d’avoir un discours radical, de crier haut et fort. Mais pour organiser le mouvement d’ensemble nécessaire pour faire reculer patronat et gouvernement, il serait bien illusoire de compter sur leurs services.

Le 4 janvier 2006

Paul GALLER

Mots-clés Belgique , Monde
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