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Etat d’urgence sanitaire

« Il faut sévir » ?... mais contre qui ?

dimanche 22 mars 2020

« Il faut sévir », « durcir le ton », annoncent en cœur Macron et ses ministres. 100 000 policiers mobilisés dans le pays pour verbaliser. À commencer en Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus pauvres. Haro sur les jeunes au bas des tours, fuyant leurs logements de cité surpeuplés. En un mot, gardes à vue au faciès ! Et discours moralisateurs au nom du civisme, à l’ensemble de la population. Mais les véritables inconscients, les premiers propagateurs de foyers de contamination, où sont-ils ?

À quand les maxi amendes et la mise en garde à vue des patrons d’Amazon ? Parmi bien d’autres. De tous ces dirigeants d’entreprises privées comme publiques qui confinent, c’est le cas de le dire, leurs salariés non pas à la maison, mais sur des lieux de travail insalubres, à des tâches non essentielles à la lutte contre la pandémie. Tout cela pour préserver la santé de leur machine à profits ?

« Restez chez vous … mais sortez pour aller travailler »

Ce qui fait tout de même plaisir, c’est que les salariés commencent à s’organiser pour imposer des droits de retrait voire des fermetures de sites. Et entre collègues, les échanges se multiplient sur les réseaux sociaux pour s’informer, s’organiser. Le patronat a sans doute beaucoup de souci à se faire, non seulement maintenant, mais quand, une fois la pandémie retombée (espérons !), les travailleurs passeront largement aux actes ! En tout cas, ça commence à paniquer en haut lieu. Ah, pourvu que « l’économie »… capitaliste s’en sorte bien, se disent-ils ! Et voilà Bruno Le Maire et Muriel Pénicaud qui volent au secours des patrons. La seconde ose même évoquer le « civisme » et le « devoir de solidarité »… pour continuer la production.

Peu leur importe que la plupart des entreprises concernées ne soient pas vitales dans la lutte contre la pandémie.

Leur union nationale derrière le Medef

Jeudi 19 mars, le gouvernement a annoncé vouloir rendre possible pour les patrons d’imposer l’utilisation d’une semaine de congés payés. Et les représentants du patronat discutent à haute voix de réduire à deux ou trois semaines les congés payés pour cette année. Par décret, le gouvernement va également élargir les dérogations aux 35 heures, pourtant déjà bien attaquées, pour les secteurs « particulièrement nécessaires ».

Mais qui décide quels sont les secteurs nécessaires ?

Et voilà, honte à eux, les dirigeants des confédérations syndicales, CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et CFTC, qui ont signé un communiqué commun avec le Medef, pour participer au grand mensonge de « l’union nationale ». Heureusement, bon nombre d’unions départementales et autres instances locales CGT, entre autres, ont déjà dénoncé cette indigne collaboration de classe. Honte aussi à tous les parlementaires qui, dans la plus parfaite unanimité, du RN au PCF en passant par la FI, ont accordé au gouvernement le pouvoir d’arroser largement le patronat, avec les deniers publics qu’il refuse aux hôpitaux, en votant à l’unanimité le volet financier des mesures d’urgence jeudi dernier.

Car sur les lieux de travail, la réalité est tout autre. L’injonction au « civisme » n’existe qu’en faveur des patrons. La plupart des cadres et ingénieurs sont en télétravail, tandis que les ouvriers et employés continuent de travailler à l’usine. Et quand, faute de pièces de rechange, les sites industriels ferment, qui va faire sanctionner l’incivilité crasse des PDG qui licencient les intérimaires, les contrats courts et les précaires ?

En tout cas, dans bien des entreprises, les salariés cherchent à organiser des droits de retrait, voire débrayent, en dépit des injonctions gouvernementales et patronales. Messieurs les capitalistes et vos porte-paroles au gouvernement, on vous salue bien ! Plus vous nous en faites baver, plus nous vous préparons des lendemains qui déchantent… au profit cette fois des exploités.

Mots-clés Covid-19 , Politique