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Même des chefs de service commencent à s’y mettre ! Une nouvelle étape dans la mobilisation ?

mardi 29 octobre 2019

Après sept mois de mobilisation du personnel des urgences, un certain nombre de médecins hospitaliers (à commencer par des chefs de service, mais également des praticiens hospitaliers, des chefs de clinique sans oublier des internes et des externes au bas de la hiérarchie médicale…) ont fini par rejoindre la contestation. Ils ont constitué un « Collectif inter-hôpitaux » aux côtés du Collectif inter-urgences. S’en est suivi, le 2 octobre, une lettre ouverte à Macron demandant « un plan d’urgence pour sauver l’hôpital public ». Cette pétition a regroupé d’emblée quelque 4 000 signatures, dont diverses associations d’usagers et 108 personnalités, une initiative relayée par les médias. Ce Collectif inter-hôpitaux à l’initiative des médecins mais regroupant également des paramédicaux, organisait une première assemblée générale le 10 octobre, à la faculté de médecine de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, avec la participation du Collectif inter-urgences. Réunissant plus de 400 personnes dont de nombreux médecins, l’assemblée a été un petit succès. Les organisateurs n’avaient réservé qu’une salle de 160 places et ont dû en ouvrir deux autres…

Au vu des participants (dont pas mal de chefs de service, toujours prolixes), on aurait pu imaginer une discussion verrouillée et convenue, mais des voix différentes, de paramédicaux mais aussi de médecins, ont réussi à se faire entendre. Une motion a été adoptée revendiquant des moyens financiers à hauteur des besoins identifiés par les services, l’augmentation immédiate des salaires de 300 euros pour l’ensemble du personnel hospitalier (une intervenante ayant rappelé, entre autres, le salaire d’une assistante sociale, de 1 400 euros !) et la réouverture de lits dans les hôpitaux.

Les prémisses d’une deuxième vague ?

Plus de 260 services d’urgence sont toujours en grève. L’audace et l’insolence des grévistes est souvent prégnante. Vendredi dernier, à la suite des différentes grèves dans les services d’urgence toulousains, il n’y avait qu’un seul service pour accueillir le Samu. À Beaumont-sur-Oise, les urgences se sont mises en grève aux côtés d’autres services comme les soins de suite et de réadaptation (SSR), l’unité de soins de longue durée (USLD), l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) la maison d’accueil spécialisée (MAS) pour ne citer que les plus importants. À Saint-Denis, un collectif s’est monté et réunit toutes les semaines des salariés non syndiqués, syndiqués et des médecins. Outre les urgences et le service mobile d’urgence et de réanimation (Smur), des services de la maternité se déclarent en grève le 15 octobre : « La couche est pleine !  »

À Paris toutefois, où le mouvement des urgences a démarré au printemps dernier, la mobilisation semblait stagner dans les hôpitaux de l’AP-HP (80 000 salariés). Malgré les multiples appels du Collectif inter-urgences (CIU) à étendre les grèves au-delà des services d’urgence, les militants, la plupart « assignés », peinent à organiser des assemblées générales groupant des salariés de différents services. Du coup, la jonction avec le Collectif inter-hôpitaux ayant regroupé en assemblée le plus de monde depuis le début de la mobilisation, permet de fixer de nouvelles échéances. Il en est ressorti un calendrier de mobilisations difficilement négocié mais appelant à trois mobilisations de rue dans le mois : le 15 octobre dernier, où les hospitaliers se sont mélangés à des milliers de pompiers dans une chaude ambiance ; le 29 octobre et le 14 novembre. Dans ce contexte, toutes les opportunités sont bonnes à prendre pour rendre visible et élargir les luttes des hospitaliers. L’appui désormais explicite de médecins peut, sans doute, permettre de rassembler plus de monde dans la rue.

Un plan d’urgence pour le personnel ?

Un des points faisant le plus discuter durant l’AG du 10 octobre était l’arrêt ou la rétention par les médecins du codage T2A (tarification à l’activité) qui mettrait un vrai bordel administratif et toucherait financièrement l’hôpital. À Robert Debré (AP-HP), les médecins ont arrêté la T2A depuis trois semaines et la pratique pourrait faire tache d’huile. Des médecins des hôpitaux de Bichat et Beaujon commencent notamment à s’y mettre. Les paramédicaux présents le 10 octobre en voulaient plus : « il faudrait qu’ils arrêtent les consultations non urgentes !  » entendait-on depuis le fond de salle. Et à la Pitié-Salpêtrière, où dix services viennent d’arrêter le codage, ça commence à discuter du report des consultations non urgentes. L’arrivée de grands pontes, chefs de service et cadres, peut possiblement à ce stade constituer un appui. Notre tâche est d’organiser et structurer la mobilisation à partir de la base ce qui se révèlera essentiel dans le cadre d’un développement de la mobilisation notamment pour organiser les soignants indépendamment des chefs de pôle.

Un vrai débat se pose déjà : la question du salaire (la revendication de 300 euros pour tous) qui ne doit surtout pas passer au second plan. C’est pourtant un risque majeur si la mobilisation tourne autour des préoccupations de chefs de service relatives à l’organisation de l’hôpital. Et les embauches ! Des moyens à hauteur des besoins ! À qui est-ce de le dire ? Qui doit chiffrer ? Qui doit contrôler l’usage des fonds ? Des moyens pour de jolis services de pointe servant les égos des pontes ? Nous, nous voulons des collègues ! Bref, des opportunités et une mobilisation des salariés de l’hôpital à étendre et à organiser.

17 octobre 2019, Correspondantes

Mots-clés Entreprises , Hôpital
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