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Avec les cheminots, contre la loi du profit

lundi 21 octobre 2019

Mercredi 16 octobre, un accident ferroviaire au passage à niveau de Saint-Pierre-sur-Vence dans les Ardennes a démontré la dangerosité de la politique d’économies de la SNCF. Le drame n’a été évité que grâce au sang-froid du conducteur du train, seul à bord. Le ras-le-bol s’est exprimé par le puissant débrayage national, ou « dépôt de sac » en jargon cheminot, en application du droit de retrait.

En quelques jours, des records de trains supprimés ont été battus, une majorité de contrôleurs et de conducteurs cessant le travail. Quoiqu’en dise la SNCF, la situation est loin d’être revenue à la normale, la colère n’est pas rentrée dans son lit. La fierté d’avoir tenu tête l’emporte, notamment d’avoir eu le culot de s’asseoir sur les procédures de préavis en vigueur dans les entreprises publiques, ces lois anti-grèves destinées à anesthésier la combativité. Une grande première à cette échelle nationale. À ceux qui pleurent sur le « service minimum » qui n’a pas été assuré ce week-end, les cheminots rétorquent que faute d’embauches et de moyens c’est tous les jours le minimum et qu’ils exigent un maximum pour eux-mêmes et les usagers !

Contre les « sauvages » qui nous gouvernent et nous exploitent

Ministres et patrons de la SNCF parlent de grève « surprise », comme si elle avait été organisée en secret pour couler les départs en vacances de la Toussaint, ou encore de grève « sauvage ». Mais les sauvages sont ceux, comme Guillaume Pepy et Édouard Philippe, qui promettent des poursuites judiciaires aux cheminots qui défendent leur peau et celle des usagers. Ce sont ces ministres qui organisent la pénurie budgétaire dans tous les services publics essentiels, qui coupent les financements des hôpitaux, envoient les flics contre les pompiers et démolissent les normes environnementales au profit d’empoisonneurs comme Lubrizol. Ils saturent les ondes de menaces contre les cheminots qui leur tiennent tête, mais n’ont pas un mot sur l’accident grave à l’origine du débrayage.

À la SNCF comme ailleurs, une politique de rentabilité criminelle

Les passages à niveau génèrent un accident tous les trois jours, 36 morts par an en moyenne. Il suffirait de quelques milliards d’euros pour remplacer en urgence les plus dangereux, mais le budget alloué pour l’instant se compte en dizaines de… millions.

À cette incurie de l’État s’ajoute la gestion capitaliste de la SNCF, dirigée vers le profit du groupe et de ses filiales déjà privées. En autorisant les TER à circuler avec un seul cheminot à bord, le conducteur, la SNCF sait qu’elle prend un risque. Un risque « calculé », comme disent les patrons, c’est-à-dire rentable. Depuis quelques mois, l’introduction dépôt par dépôt de cette conduite « à agent seul » a déclenché des grèves qui sont restées dispersées. La direction a ignoré ces avertissements.

À Saint-Pierre-sur-Vence mercredi dernier, le conducteur seul, blessé, a dû parcourir un kilomètre et demi à pied sur les voies pour empêcher une nouvelle collision. Les voyageurs sont restés sans aide et sans information pendant de longues minutes. La présence de contrôleurs aurait permis de gérer l’incident : leur tâche principale est d’accompagner les voyageurs, d’assurer la sécurité ferroviaire, pas de mettre des amendes – même si les directions les traquent pour le faire.

Coup de semonce contre les sales coups patronaux

Les cheminots dont la colère a explosé ont vraiment lieu d’être fiers d’avoir bousculé la direction de la SNCF ; fiers aussi d’avoir infligé un sérieux revers au gouvernement qui encourage les patrons à pousser toujours plus loin leurs attaques anti-ouvrières. Précisément dans un contexte où ensemble, patrons et gouvernement préparent leur réforme contre les retraites de tous les travailleurs, et pas seulement des régimes prétendus « spéciaux ».

La levée de boucliers cheminote en cours est un nouveau coup de semonce contre les sales coups patronaux et gouvernementaux, après la grève spectaculaire du 13 septembre à la RATP.

Mots-clés Entreprises , SNCF