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Une rentrée en fanfare ?

mardi 17 septembre 2019

Les deux semaines de bras de fer autour du bac au début de l’été ont indéniablement fragilisé le confiant Blanquer, jusque-là chouchou du gouvernement. C’est donc avec prudence que le ministre aborde cette rentrée.

Une fois n’est pas coutume, il commence par annoncer une augmentation des enseignants. Ce sera 300 euros brut. Par mois ? Non, par an ! Soit à peine 20 euros net sur la fiche de paye. « Ça ruisselle ! » ont pu ironiser des profs blagueurs. Ce n’est du reste pas vraiment une annonce. L’augmentation avait été décidée sous Hollande et, sitôt élu, Macron l’avait reportée. Au final, si Blanquer voulait mettre les profs dans sa poche, c’est raté. Nombre d’entre eux voient surtout dans cette annonce une manœuvre pour creuser le fossé avec les autres salariés : « Pfff… tout le monde va s’imaginer qu’on vient de toucher 300 euros par mois. Je vais encore devoir passer le repas du dimanche à expliquer l’enfumage du ministre », faisaient ainsi remarquer bien des collègues.

Blanquer a beau soigner sa communication pour jouer l’apaisement, sa politique agressive reste la même et donne des raisons aux enseignants de se mobiliser. Si dans de nombreux lycées des efforts ont été faits pour éviter des emplois du temps pleins de trous – c’est presque à croire que les chefs ont reçu des consignes en ce sens –, la réforme du lycée et la loi « pour l’école de confiance », qui entrent en vigueur avec cette rentrée, provoquent déjà quelques réactions.

Le 29 août, 300 personnes se sont réunies devant le rectorat de l’académie de Créteil pour exiger le réemploi de 600 professeurs contractuels, ce qui est un petit succès étant donné que c’était encore les congés.

Au lycée de l’image et du son d’Angoulême comme au lycée Malherbe de Caen, une majorité de professeurs ont refusé d’être professeur principal dès la pré-rentrée du 30 août pour protester contre la réforme du lycée.

Au lycée Jean-Jacques Rousseau de Montmorency, la désorganisation due à la réforme a entraîné l’ensemble des professeurs à se mettre en grève, et les familles à les soutenir.

Des grèves éclatent ici et là pour protester contre les classes surchargées, en collège comme en lycée. La situation n’est pas plus tranquille dans les écoles primaires. Dans les Yvelines, au moins 4 écoles primaires ont été le théâtre de mobilisations des enseignants et des familles dès le premier jour de la rentrée. Ils s’opposent aux fermetures de classes, qui ont pour conséquence l’augmentation des effectifs dans les autres, dégradant les conditions d’enseignement.

Blanquer peut bluffer en prétendant que c’est « l’une des meilleures rentrées » qu’il ait connues, car pour le moment la colère n’est pas générale. Et il est vrai que chaque rentrée connaît son cortège de mobilisations. Mais cette année, celles-ci peuvent déboucher sur un mouvement de plus grande envergure, parce que le plus dur des réformes de l’Éducation est encore à venir, que l’attaque sur les retraites risque de jeter une bonne quantité d’huile sur le feu, et que les liens précieux tissés l’an dernier dans les coordinations et collectifs sont déjà réactivés.

5 septembre 2019, Marc Rosenthal

Mots-clés Enseignement , Politique