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Contre le réchauffement climatique, un printemps social mondial ?

vendredi 29 mars 2019

Depuis des mois déjà, des dizaines de milliers de jeunes de toute la planète s’impliquent dans un mouvement inédit de grève scolaire tous les vendredis. En France, Paris avait connu une première grève lycéenne le 22 février. Sentant la mobilisation monter, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé des débats dans tous les lycées du pays le jour de la grève mondiale, vendredi 15 mars, entre 16 heures et 18 heures. Cette manœuvre grossière, et ratée, n’a pas empêché plus de 160 000 jeunes de faire grève et de manifester ce jour-là dans tout le pays. Au total, plus d’un million de personnes ont défilé dans 2 000 villes de plus d’une centaine de pays.

Qui se mobilise ?

Comme partout dans le monde, les manifestants français sont jeunes, le plus souvent lycéens, voire collégiens. Les étudiants ne leur ont pour l’instant que timidement emboîté le pas. Pour l’heure, la majorité des participants provient sans conteste de la petite bourgeoisie. Les lycées professionnels étaient ainsi peu touchés par la mobilisation. Cela ne signifie pas que les jeunes des classes populaires s’en moquent. Mais ceux qui y ont participé viennent plutôt de lycées généraux. Le « développement durable », mis à toutes les sauces dans les programmes scolaires, n’a d’autre objectif que fournir une sorte de nouveau catéchisme républicain, greenwashé. Pas de chance : la jeunesse l’a pris plus au sérieux que les hauts fonctionnaires de l’Éducation Nationale qui l’ont promu !

Faux amis

Les débats de Blanquer ayant fait pschitt, deux de ses collègues ont tenté la manœuvre inverse : faire des selfies avec les grévistes. Le soir même, les députés macronistes adoptaient un amendement autorisant les trusts de la chimie à produire des pesticides dangereux jusqu’en 2025. Mettre un orteil dans les manifs ne va pas faire oublier très longtemps que c’est des deux mains que le gouvernement s’en prend à la planète.

Le Forum de Davos l’a appris à ses dépens. Ses organisateurs pensaient faire un coup de com’ en invitant Greta Thunberg, la lycéenne suédoise à l’origine des grèves du vendredi et de l’appel au 15 mars. Elle a commencé par reprocher à son auditoire d’être venu en jet privé – elle-même avait fait 32 heures de train entre la Suède et la Suisse – avant de lui expliquer en quoi il était le principal responsable du réchauffement climatique !

Quelles perspectives ?

À l’heure où nous écrivons, il est impossible de savoir si le succès de la grève du 15 mars jette les bases d’un mouvement reconduit de vendredi en vendredi. Il faut l’espérer, donc le construire. Cela suppose que les lycéens s’organisent, notamment en tenant des assemblées où ils discuteraient leurs revendications, éliraient si besoin des délégués ou des porte-parole. Cela suppose aussi qu’ils se coordonnent à travers toute la France pour organiser les prochaines dates, qu’ils ne s’en remettent pas forcément aux ONG, telles Youth for climate ou 350.org, qui ont assuré le gros de la diffusion de l’appel de Greta Thunberg. Sous couvert de lutter contre la récupération politique, ces ONG tendent à circonscrire l’action à la seule question climatique, alors qu’on ne peut la résoudre qu’en la liant à la lutte contre les capitalistes et les États à leur service.

Cette conscience semble d’ailleurs en progrès, et pas seulement dans la jeunesse. Au lendemain de la grève scolaire, des centaines de milliers de personnes ont battu le pavé à la fois dans le cadre de l’acte 18 de la lutte des Gilets jaunes et pour le climat. Les cortèges se sont en effet le plus souvent mélangés et le slogan « Fin du monde, fin du mois, même combat » exprimait cette convergence assumée.

Le climat, c’est aussi l’affaire des travailleurs

Pour ne prendre que cet exemple, les constructeurs automobiles chiffrent à 15 000 les suppressions d’emploi en cas d’interdiction des moteurs diesel : le parfait exemple de chantage à l’emploi au nom duquel les capitalistes imposent de faire passer leurs profits avant les intérêts de toute l’humanité. Eh bien, il faut non seulement interdire ces licenciements, mais encore contraindre les grandes entreprises à embaucher pour mettre au point les alternatives aux modes de transport polluants que nous sommes contraints d’utiliser aujourd’hui.

Par leur nombre, par leur place centrale dans la production, par la pression qu’ils peuvent exercer sur le patronat et le gouvernement grâce à la grève, les salariés des grandes entreprises sont les mieux placés pour dénoncer les scandales écologiques de la production capitaliste et pour combattre l’exploitation des hommes et de la nature directement là où elle se joue.

16 mars 2019, Mathieu Parant

Mots-clés Écologie , Réchauffement climatique , Société
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