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Algérie, la colère sociale

lundi 4 mars 2019

Malgré les centaines de milliers de manifestants depuis deux semaines dans toute l’Algérie, contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat à la présidence de l’Algérie, celle-ci a été maintenue. Les porte-paroles du président algérien (lui-même n’étant plus en état de parler) ont annoncé qu’il promettait de ne pas terminer son mandat et d’organiser prochainement une nouvelle présidentielle où il ne se présenterait pas.

Ce « élisez-moi, je vous promets que vous n’en n’aurez plus pour très longtemps », n’est qu’une piètre reculade face à l’ampleur des manifestations en Algérie, à Paris ou Marseille aussi. Pas de quoi éteindre la colère. Dès dimanche soir, des manifestants étaient à nouveau dans les rues d’Alger. Car derrière le « non au cinquième mandat » c’est bien plus qu’une contestation politique du régime qui s’exprime : c’est une profonde colère sociale.

Ce dérisoire recul de Bouteflika et son clan ne s’adresse qu’à leur monde : celui des concurrents pour le pouvoir, celui de ceux qui rêvent de lui succéder : généraux de l’armée, l’ossature du pouvoir en Algérie, ou représentants directs de cette poignée de grands patrons algériens richissimes qui ont bâti leurs fortunes à l’ombre de l’Etat. Un monde qui est périodiquement secoué par les révélations sur sa corruption : suite interminable de scandales et règlements de comptes entre cliques politiques et affairistes.

Le chantage à l’ordre

Face à la contestation populaire, le régime ne cesse de brandir, comme argument ultime, la nécessité de l’ordre que maintiendrait l’armée, sans lequel le pays pourrait sombrer à nouveau dans le chaos des années 1990. Ces dix années de guerre entre l’armée et les groupes islamistes qui avaient suivi la révolte sociale d’octobre 1988 et contribué à l’étouffer - au prix de 150 000 morts. Même le secrétaire général de la confédération syndicale officielle, l’UGTA, y est allé de cette menace, contre les manifestants : « Vous voulez revenir aux jours de sang et de larmes, et des maisons incendiées ? ».

Quant à Emmanuel Macron, il s’est fait discret, évitant le moindre soutien aux manifestants et souhaitant uniquement que le pouvoir fort existant en Algérie contre les travailleurs et les jeunes se survive, derrière Bouteflika ou un autre de son acabit. Car pour Macron, le retour à l’ordre – même sous forme de dictature – est la condition de la préservation de bien des intérêts d’investisseurs français dans le pays.

La guerre contre les pauvres

L’explosion sociale d’octobre 1988, qui avait ébranlé le régime, était la conséquence directe des politiques d’austérité imposée à l’Algérie non seulement par sa couche de dirigeants arrivistes mais aussi et surtout par les plans de restructuration économique imposés par le FMI (Fonds Monétaire International), au nom des intérêts des grandes puissances et de leurs banques, pour faire payer au peuple algérien les intérêts de la dette de leur Etat. Après quelques années où le cours élevé du prix du pétrole sur le marché mondial a permis au régime de Bouteflika de desserrer un peu l’étau, on revient au serrage de ceinture.

L’effondrement du cours de pétrole, fruit des concurrences d’intérêts entre grands trust mondiaux, provoque à nouveau une crise dont la population pauvre est victime, par le chômage, surtout des jeunes (28 % de chômeurs parmi les travailleurs de moins de 25 ans) et par l’inflation qui a rogné tous les salaires.

L’espoir vient des jeunes

La colère sociale en Algérie est loin de se limiter au seul problème électoral, ou au dégoût que suscite la candidature d’un homme dont tout le monde sait qu’il n’est plus en état de gouverner. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

La jeunesse algérienne est en première ligne de la révolte sociale. Un espoir et un encouragement pour tous les travailleurs et les jeunes qui dans le monde, du Venezuela à la France des Gilets jaunes, n’en peuvent plus de la misère et de l’arbitraire.

Mots-clés Algérie , Monde