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Uruguay : le nouveau président socialiste, Tabaré Vazquez, contre l’avortement et la contestation sociale

jeudi 10 mars 2005

La victoire de la gauche en Uruguay a eu lieu dans un contexte de crise économique entraînée par la crise financière qui, après l’Argentine, a ravagé l’Uruguay en 2001-2002 et englouti 80 % des réserves nationales. Longtemps baptisé la « Suisse de l’Amérique latine », ce pays compte aujourd’hui 15 % de chômeurs, mais 40 % dans les quartiers ouvriers. Les salaires ont chuté de 30 %.

Tabaré Vazquez, le nouveau président socialiste, se dit opposé à l’avortement « pour des raisons philosophiques, biologiques et humaines », et se définit lui-même, précise le journal argentin La Nación, comme un « homme politique responsable ». À la tête de la mairie de Montevideo depuis 1989, il a mené une politique d’aide aux plus démunis qui l’a rendu populaire. Mais au parlement, il a soutenu bien des réformes de la droite, notamment une révision du système des prestations sociales en 1994 (désavouée à une large majorité, plus de 60 %, par la population lors de référendums [1]), une ouverture de l’entreprise nationale Ancap (pétrole, ciment et alcools) à des capitaux privés en 2003.

Plus que son passé d’oppositionnel modéré, ce qui vaut à Vazquez les hommages des journaux les plus conservateurs, c’est son programme à venir. Au-delà des quelques mesures symboliques, le nouveau président a voulu rassurer les milieux d’affaire : « Notre devoir consiste à promouvoir le dialogue dans l’intérêt général », a-t-il déclaré, lançant le mot d’ordre de « changement responsable ». Le choix de son ministre de l’économie, un économiste libéral, paraît-il « respecté » dans le monde des affaires, est déjà tout un programme.

Vazquez s’est engagé au respect des « Lettres d’intention », engageant l’État à l’égard du FMI sur sa politique économique. Il a promis de ne pas remettre en question des fonds de pension privés (dont les excédents devraient financer le futur plan de construction de logements). Il a repoussé d’avance l’idée de hausse des salaires, alors que ceux-ci ont chuté de 30 % en deux ans. Quant aux privatisations auxquelles la population s’est opposée par voie référendaire (en 1992, 2003, 2004), il n’y est pas hostile, et préfère parler d’« associations » de capitaux privés aux entreprises publiques. En français, la gauche appelle cela « ouverture du capital ».

A.M.


[1Le référendum, souvent utilisé comme moyen de mobiliser par l’opposition de gauche, est inscrit dans la constitution en Uruguay : l’exécutif est obligé d’organiser un référendum lorsque des pétitions lui sont présentées, à condition qu’elles recueillent 25 % du corps électoral.

Mots-clés Monde , Uruguay