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SNCF

Face à une direction revancharde et pressée, les cheminots n’ont pas dit leur dernier mot

mardi 9 octobre 2018

Durant la manifestation du 1er mai à Rennes, Yannick, cheminot en grève, a signalé à la régulation ferroviaire la présence d’un policier sur les voies. Procédure salutaire pour la sécurité du flic en question… Mais qui vaut à Yannick d’être menacé de radiation !

Les conseils de discipline concernent au moins une quarantaine de grévistes soigneusement échantillonnés par région et par syndicat. Les prétextes sont loufoques mais, à toutes et tous, la direction reproche d’abord d’avoir fait grève, toujours contrariée que neuf cheminots sur dix aient suivi le mouvement, à un moment ou à un autre entre mars et juin !

Car si le « pacte ferroviaire » a pu être voté à l’Assemblée, offrant un arsenal légal aux patrons du secteur pour attaquer les conditions de travail des cheminots, le passage aux travaux pratiques reste délicat : le vaste chantier de restructurations service par service et de démolition des usages locaux continue, et rencontre de la résistance à chaque étape. À cet égard, le bilan social de l’année 2017 qui vient d’être publié est éloquent : plus de 2 000 départs prématurés de la SNCF, en plus des suppressions de postes prévues, dont 763 démissions et 660 licenciements. Sans parler des 54 cheminots qui se sont suicidés, selon un décompte du syndicat Sud-Rail.

La direction et le gouvernement se sont donné un calendrier assez serré pour une nouvelle vague de contre-réformes engagées sur le terrain bien avant la mise en œuvre du « pacte ferroviaire ». D’où une agressivité et une hargne patronales redoublées face à des cheminots qui ne sortent pas démoralisés du bras de fer du printemps. Interrogé sur le plan de fermeture des guichets, Guillaume Pepy, président de la SNCF, assène : « Je crois que tout le monde a un téléphone en France, vous avez un vendeur au téléphone au 3635. Et si vous n’avez pas de billet électronique, il y a un truc qui s’appelle La Poste, qui existe depuis 200 ans. »

250 postes sont menacés dans les services commerciaux de la région Paris Rive-gauche, ce qui entraînerait la disparition de toutes les boutiques SNCF de la zone, mais aussi de la quasi-totalité des guichets grandes lignes de la gare d’Austerlitz. 400 postes seraient supprimés sur la région Paris-Sud-Est, avec la fermeture d’un atelier TGV – alors que le trafic augmente ! – tandis que des plans de fermeture et de suppressions de postes sont annoncés dans d’autres gares parisiennes. Quant aux contrôleurs, dont la présence dans les trains est avant tout essentielle pour la sécurité, la sûreté et le service, ils seraient peu à peu remplacés par des contrôles à quai assurés par des agents assermentés sur le tard, voire par des jeunes intérimaires à peine formés et jetés en pâture à des usagers pressés.

La SNCF a engagé un véritable plan « social » : licenciements, cellules de reclassement, « cost-killers »… public ou privé, c’est décidément le même combat ! Mais les intimidations et les provocations de la direction traduisent aussi sa crainte de réactions des cheminots qui ne sont pas sortis défaits des grèves du printemps.

29 septembre 2018

Correspondants


Ils nous pompent l’air

Une nouvelle tâche est imposée aux conducteurs de Paris Austerlitz : le remplissage des réservoirs à gasoil de l’autorail. Nos fiches de poste sont pourtant très claires : cela ne fait pas partie de notre métier. Nous refusons cette tâche supplémentaire et faisons respecter ce règlement contre l’avis de notre hiérarchie, et les sanctions tombent.

On sait comment raisonne la direction. Elle est pressée de nous faire accepter des reculs, petits ou grands, pour faire pression dans le cadre de l’ouverture à la concurrence et de la future convention collective ferroviaire.

Patrons automatiques

Depuis quelques semaines, la direction communique largement sur le déploiement de trains dits « autonomes ». Le message, destiné aux agents de conduite, est clair : vous n’êtes pas indispensables, il serait temps de baisser la tête. En réalité, leur projet n’est pas de supprimer les conducteurs mais de dégrader leur métier et leurs compétences pour pouvoir les exploiter plus.

Dès maintenant, ceux qui ne sont pas nécessaires à la production, ce sont ceux qui nous dirigent. S’il est temps de penser à se moderniser, ce n’est pas aux trains sans conducteur qu’il faut penser, mais au travail sans patron.

(Extraits de bulletins NPA-Étincelle SNCF de septembre 2018)

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